" La vénus de Botticelli Creek " de Keith McCafferty 15/20
Une Vénus de Botticelli, au cœur des Rocheuses dans le Montana, cela a de quoi séduire. De plus, cette beauté aux cheveux d'or, vient de disparaître au milieu de la forêt, là où vivent une meute de loups : glaçant et fichtrement attirant à la fois. De surcroît, cette déesse possède une sœur, plus âgée, mais tout aussi ravissante que la disparue, et qui met tout en branle pour parvenir à retrouver sa sœur cadette. Voilà le début d'une enquête qui à tout pour nous tenir en haleine, d'autant que dans le même secteur un homme est retrouvé embroché sur l'andouiller d'un cerf mort. Accident, meurtre ? Décidément, que se passe-t-il dans les forêts enneigées et paisibles de la vallée de Madison ?
Paradoxalement, ce qui séduit avant toute chose, ce n'est pas l'intrigue, qui déroule son fil tel le cours d'une rivière de montagne prenant son temps pour serpenter autour du fort dénivelé du relief, non, ce qui provoque l'adhésion ce sont les portraits des nombreux protagonistes. En effet, Keith McCafferty prend beaucoup de pages pour leur donner une vraie existence, avec beaucoup de dialogues à l'appui. Que ce soient les enquêteurs (hommes et femmes), les guides touristiques (femmes et hommes) qui sont aussi pêcheurs à la ligne, mais aussi fabricants de mouches, les écologistes (favorables à la réintroduction des loups), le gourou d'une secte animaliste ou d'autres personnages secondaires, chacun et chacune à son moment d'existence propre. Ainsi, tous ont des problèmes avec leurs relations affectives : on se tourne autour, on hésite, on réfléchit trop, puis on ne réfléchit plus. Tout cela mène à une danse lancinante, incessante mais jamais indécente... quoique ! On en finit peu à peu par oublier l'intrigue principale pour vivre autre chose : de grands moments de relations humaines, et ce n'est pas plus mal, car on peut aisément deviner certaines révélations finales.
Ainsi, paisiblement, on se laisse bercer par le chant lointain des loups, par les noms poétiques des variétés de mouches ainsi que celles des truites et par les paysages du Montana où au milieu coule... on sait quoi depuis un certain film.
Bref, ce roman s'identifie à un polar pépère, qui prend le temps d'avoir le temps. Un singulier moment suspendu en plein cœur de Mère nature. Sauvage et vivifiant.