Nous voici en l'an de grâce 1743.
Soit en plein coeur du siècle des lumières.
Période où la société pétillait d'idées novatrices afin de faire progresser les connaissances face au mur de la superstition, de l'intolérance et des abus de l'église et de l'état.
Mais rassurez-vous, mon propos sera plus rationnel, quoique !
Attachons-nous aux pas d'un célèbre suisse francophone qui ne manque pas de cordes à son arc, puisqu'il est écrivain, philosophe et musicien.
Je ne vous ferais pas languir plus longtemps : il s'agit de jean-Jacques Rousseau.
En septembre de cette année-là, il débarque dans la plaine du Pô, en pleine Vénétie.
Âgé de 31 ans, il entre pour la première fois de sa vie à Venise, la sérénissime.
Envoyé en poste dans cette resplendissante cité par l'état français afin de servir de secrétaire à l'ambassadeur de France, un certain M. de Montaigu......tiens tiens, un vendéen peut-être !
Bref, Rousseau passa donc ses journées à chiffrer et à déchiffrer des dépêches, pendant les onze mois que dura son séjour.
Mais le soir, après son absorbant travail de décodage, il avait tout le loisir de déambuler plaisamment dans cette Venise élégante et raffinée, tant célébrée par toute l'Europe.
Observant avec enthousiasme l'architecture de la ville, ses légendaires canaux, ses grandes maisons bourgeoises surplombant la lagune, sa célébrissime place Saint-Marc, et son illustre palais des Doges.
A lui les longues ballades crépusculaires, spartiatement installé au fond d'une gondole étroite, le regard capté par les reflets moirés des eaux vénitiennes et l’oreille bercée par le doux chant d'une barcarolle murmuré par l'auguste gondolier.
Un soir, son oreille de mélomane fut attirée par une douce mélodie,
guidant la frêle embarcation vers cette enivrante source sonore, il descendit sur le quai, puis curieux, il entra dans une grande construction appelée : " L'Ospedale della Pietà " (L'hospice de la piété).
Cette vénérable institution fondée en 1346 recueillait des jeunes filles abandonnées par leur famille pour de multiples raisons, elles recevaient une éducation religieuse, mais également musicale.
Chaque dimanche et jour de fêtes, dans les chapelles de ces hospices, des concerts de musique vocale et instrumentale étaient donnés par les jeunes filles de l’institution.
Elles se tenaient dans une galerie supérieure sombre, et surtout tout est là : elles demeuraient cachées de la vue du public d'auditeurs par une grille en fer forgé austère.
On pouvait donc les entendre tout à loisir......... mais point les voir !
Ces jeunes filles pratiquaient également, à différent niveau, le violon, le violoncelle, le clavecin et l'orgue ; un vrai petit orchestre !
Parmi les nombreux compositeurs qui créaient ces partitions pour elles, il faut noter l'illustre nom de Vivaldi, le prêtre roux, qui non seulement les aidait, mais aussi de temps en temps, jouait le chef d'orchestre de ces ensembles féminins.
Mais revenons à notre Rousseau qui fréquenta assidûment cette institution, charmé par ces chants célestes qui lui donnait parfois l'impression de tutoyer Dieu.
Jamais de sa vie, au grand jamais, il n'avait ressenti un tel bonheur à ouïr ces voix suaves et éthérées émanant de ces grâces.
Et, logiquement un jour, un ineffable sentiments de désolation s'empara de lui. En effet pestant contre ces maudites grilles, qui l'empêchaient d'apercevoir le visage merveilleux de ces anges, il voulut braver l'interdiction !
Il formula une demande auprès d'un des administrateurs de la maison, celle-ci fut positivement acceptée.
Le grand jour de la confrontation eut donc lieu rapidement.
Rousseau piaffait d'impatience depuis le matin, quand le soir venu, après une ultime écoute enchanteresse, l’administrateur l’entraîna dans la salle de répétition.
Puis, il laissa entrer une par une les chanteuses, Rousseau fut alors confronté à la surprise de sa vie !
Le responsable fit les présentations :
" Voici Sophie "..................elle était horrible !
" Voici Cattana "................elle était borgne !
" Voici Angelina "..............elle était chauve !
" Voici Bettina ".................la petite vérole l'avait défigurée !
Presque aucunes d'entre elles n'étaient épargnées par quelque notable défaut.
Rousseau en était totalement abasourdi et dépité !
Durant le dîner qui suivit, il se lança dans quelques pitreries, ce qui détendit l'atmosphère, égayant ainsi les jeunes filles.
L'ambiance fut au final chaleureuse, et la soirée distrayante.
De retour dans sa gondole, Rousseau était pensif : Décidément, la laideur n'exclut pas l'intelligence et la grâce, et je leur en trouvais beaucoup. Car l'on ne chante pas ainsi sans âme, et la leur est si belle !
Sa façon de les voir changea tellement, que c'est presque en amoureux qu'il retourna souvent entendre ces pauvres filles,
giflées si injustement par la vie !!!
Je ne vous ferais pas languir plus longtemps : il s'agit de jean-Jacques Rousseau.
En septembre de cette année-là, il débarque dans la plaine du Pô, en pleine Vénétie.
Âgé de 31 ans, il entre pour la première fois de sa vie à Venise, la sérénissime.
Envoyé en poste dans cette resplendissante cité par l'état français afin de servir de secrétaire à l'ambassadeur de France, un certain M. de Montaigu......tiens tiens, un vendéen peut-être !
Bref, Rousseau passa donc ses journées à chiffrer et à déchiffrer des dépêches, pendant les onze mois que dura son séjour.
Mais le soir, après son absorbant travail de décodage, il avait tout le loisir de déambuler plaisamment dans cette Venise élégante et raffinée, tant célébrée par toute l'Europe.
Observant avec enthousiasme l'architecture de la ville, ses légendaires canaux, ses grandes maisons bourgeoises surplombant la lagune, sa célébrissime place Saint-Marc, et son illustre palais des Doges.
A lui les longues ballades crépusculaires, spartiatement installé au fond d'une gondole étroite, le regard capté par les reflets moirés des eaux vénitiennes et l’oreille bercée par le doux chant d'une barcarolle murmuré par l'auguste gondolier.
Un soir, son oreille de mélomane fut attirée par une douce mélodie,
guidant la frêle embarcation vers cette enivrante source sonore, il descendit sur le quai, puis curieux, il entra dans une grande construction appelée : " L'Ospedale della Pietà " (L'hospice de la piété).
Cette vénérable institution fondée en 1346 recueillait des jeunes filles abandonnées par leur famille pour de multiples raisons, elles recevaient une éducation religieuse, mais également musicale.
Chaque dimanche et jour de fêtes, dans les chapelles de ces hospices, des concerts de musique vocale et instrumentale étaient donnés par les jeunes filles de l’institution.
Elles se tenaient dans une galerie supérieure sombre, et surtout tout est là : elles demeuraient cachées de la vue du public d'auditeurs par une grille en fer forgé austère.
On pouvait donc les entendre tout à loisir......... mais point les voir !
Ces jeunes filles pratiquaient également, à différent niveau, le violon, le violoncelle, le clavecin et l'orgue ; un vrai petit orchestre !
Parmi les nombreux compositeurs qui créaient ces partitions pour elles, il faut noter l'illustre nom de Vivaldi, le prêtre roux, qui non seulement les aidait, mais aussi de temps en temps, jouait le chef d'orchestre de ces ensembles féminins.
Mais revenons à notre Rousseau qui fréquenta assidûment cette institution, charmé par ces chants célestes qui lui donnait parfois l'impression de tutoyer Dieu.
Jamais de sa vie, au grand jamais, il n'avait ressenti un tel bonheur à ouïr ces voix suaves et éthérées émanant de ces grâces.
Et, logiquement un jour, un ineffable sentiments de désolation s'empara de lui. En effet pestant contre ces maudites grilles, qui l'empêchaient d'apercevoir le visage merveilleux de ces anges, il voulut braver l'interdiction !
Il formula une demande auprès d'un des administrateurs de la maison, celle-ci fut positivement acceptée.
Le grand jour de la confrontation eut donc lieu rapidement.
Rousseau piaffait d'impatience depuis le matin, quand le soir venu, après une ultime écoute enchanteresse, l’administrateur l’entraîna dans la salle de répétition.
Puis, il laissa entrer une par une les chanteuses, Rousseau fut alors confronté à la surprise de sa vie !
Le responsable fit les présentations :
" Voici Sophie "..................elle était horrible !
" Voici Cattana "................elle était borgne !
" Voici Angelina "..............elle était chauve !
" Voici Bettina ".................la petite vérole l'avait défigurée !
Presque aucunes d'entre elles n'étaient épargnées par quelque notable défaut.
Rousseau en était totalement abasourdi et dépité !
Durant le dîner qui suivit, il se lança dans quelques pitreries, ce qui détendit l'atmosphère, égayant ainsi les jeunes filles.
L'ambiance fut au final chaleureuse, et la soirée distrayante.
De retour dans sa gondole, Rousseau était pensif : Décidément, la laideur n'exclut pas l'intelligence et la grâce, et je leur en trouvais beaucoup. Car l'on ne chante pas ainsi sans âme, et la leur est si belle !
Sa façon de les voir changea tellement, que c'est presque en amoureux qu'il retourna souvent entendre ces pauvres filles,
giflées si injustement par la vie !!!
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