17 août 2014


 " Le legs d'Adam " d'Astrid Rosenfield 14/20.


Il s'appelait Adam, elle Anna, mais leur promesse d'une vie d'amour, fut rendue caduque par l'intransigeance d'un nabot hystérique, autrichien et moustachu.

Berlin 2004, au moment même où sa vie personnelle le plonge dans un grand désarroi, le jeune Edward Cohen, propriétaire d'une boutique branchée, tombe sur un cahier laissé par son grand-oncle Adam. 

Ce dernier a 18 ans en 1938, et lorsque sa famille s'apprête à quitter l'Allemagne pour se réfugier en Angleterre, il rencontre Anna, une jeune fille juive, qui incarne tout son idéal. Mais, bousculée par les méandres de cette époque trouble, Anna disparaît brutalement ! 

Adam n'hésite pas une seconde, il part à sa recherche en Pologne. Son éducation devant beaucoup à l'excentrique Edda Klingmann, sa grand-mère qui lui a enseigné qu'il ne faut jamais avoir peur de rien, fait de lui un rêveur, un romantique, qui, tel le chevalier Don Quichotte, soit, uniquement armé de son courage, s'engage dans une aventure des plus hasardeuses. Il devra changer d'identité, devenir rosiériste pour un dignitaire SS, puis entrer dans le ghetto de Varsovie pour sauver la vie de sa dulcinée (retour à l'oeuvre de Miguel de Cervantès). 

Plus de 60 ans plus tard, Edward découvre non seulement le récit de cet intriguant aïeul à qui une ressemblance physique très forte le lie, mais aussi la force inouïe du passé.

Astrid Rosenfield possède un indéniable sens du récit et trouve un judicieux équilibre entre légèreté de l'esprit et tragédie humaine. Elle nous livre une narration d'abord amusante et cocasse, pour ensuite nous immerger dans une époque asphyxiante, mais sans pathos excessif.

Beau personnage idéaliste ; Adam est un gentleman, un acharné de l'ultime preuve d'amour, qui ne négocie pas, qui se donne tout entier pour sauver celle qu'il est sûr d'aimer, sans être pour autant certain que la réciproque soit vraie.

Par contre, je ressens une grande frustration du peu de présence du personnage d'Anna, celle qui instille toute l'histoire n'y apparaît quasi pas, ou alors de façon subliminale, sanctionnée par la rigueur d'écriture de l'auteure. Quel dommage !

Volontairement, ce roman nous pose des questions de tout temps : 
Par amour, jusqu'où est-on prêt à aller ? Jusqu'à son propre sacrifice ? En effet quoi de plus beau, de plus noble, d'offrir sa vie à l'être aimé !
Une rencontre, cadeau du hasard, peut-elle changer ou bouleverser le cours d'une existence ?
Comment des hommes ont-ils pu, s'abstenant de toute humanité, commettre des actes si innommables sur d'autres hommes ?
Commence-t-on à écrire parce qu'il y a quelqu'un à qui l'on veut tout raconter ?

Entre malaise contemporain et parcours d'un jeune juif évoluant dans l'ère nazie, ce roman sous une apparence légère, esquisse puis griffe deux itinéraires aussi émouvants que déchirants.

Astrid Rosenfield compose une fiction solide, où chaque sacrifice sera salvateur ; offrande synonyme d'espoir, comme un message universel.


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