26 août 2016




" Invisible sous la lumière "  de Carrie Snyder  12/20

Dans une maison de retraite, vit Aganetha Smart, une centenaire de 104 ans. Elle fut une athlète de très haut niveau dans sa jeunesse, allant jusqu'à remporter le 800 mètres aux J.O. d'Amsterdam en 1928. Aujourd'hui oubliée et solitaire, elle reçoit la visite improbable d'un duo d'inconnus qui souhaite réaliser un documentaire sur sa carrière sportive, mais, n'y aurait-il pas un autre motif ?

Lors de l'entretien, la centenaire navigue entre passé et présent, revivant ses souvenirs les plus marquants : sa vie rurale à la ferme entre ses parents et ses nombreux frères et soeurs, la période impitoyable de la guerre 1914/1918, les maintes maladies qui frappent sa famille, mais essentiellement, la naissance d'une passion qui l'aidera à affronter les affres de la vie : la course à pied. Ce sport lui apportera l'amitié, l'amour et la gloire, mais surtout la maturité qui l’aidera à s'affranchir des entraves de son époque.

La trame du roman est construite avec d'incessants retours dans le passé, jonglant rapidement entre le présent et la jeunesse d'Aganetha. J'avoue avoir perdu plusieurs fois mes repères devant ce fastidieux voyage temporel, d'autant que la période actuelle paraît bien fade devant les situations dramatiques et riches en émotion du passé. Et puis, que de personnages ! Au point qu'un index en fin de livre n'aurait pas été de trop !

Carrie Snyder, avec un talent certain nous entraîne en petite foulée sur le chemin défriché par Aganetha Smart, une femme volontaire et indépendante, qui devra affronter le puritanisme rigoureux de ce début de XXème siècle. Elle luttera d'abord pour les notions de féminisme dans le sport, puis d'émancipation de la femme, de leur réputation absurde à préserver, de leur égalité recherchée, de leur volonté d'oublier le mariage et de pouvoir avorter sans honte ! 

La relation d'amitié qu'Aganetha noue avec une autre championne du 800, nommée Glad, est magnifique. On ressent fortement les liens qui les lie, surtout lors des courses, du respect qu'elles se donnent, même si fatalement l'une de deux sera battue. Par la suite aussi, avec l'arrivée de l'amour, et la naissance d'une pointe de jalousie, mais nullement de haine, et puis l'héroïne du roman est si intelligente qu'elle sait où elle va, même si la route est difficile, elle ne fait aucun compromis, et l'amitié en sort gagnante.

Le roman s'affiche avec une belle photo en noir et blanc, d'une athlète de l'époque en position de départ, c'est d'ailleurs ce qui m'a incité à m'en saisir, malheureusement, dans le texte, les parties relatant les moments purement sportif ne sont pas légions, à peine 10 % du livre, or il nous est vendu pour cela ! Tromperie ?

Néanmoins, il n'est pas inutile d'apprendre que le 800 mètres féminin disparaît totalement de la compétition des J.O. après 1928, soi-disant parce que les sportives étaient trop fatiguées à l'arrivée, pour ne réapparaître que 32 ans plus tard, en 1960 à Rome ! Entre 1928 et 1960, elles n'avaient que le 100 mètres et le 200 mètres pour se distinguer ! Et ne parlons pas du 5 000, du 10 000, ou encore plus fou, du marathon, qui n'apparu pour la gente féminine qu'en 1984 ! A savoir aussi qu'en marche, le 50 000 mètres féminin n'existe toujours pas !

Un constat s'impose, je me suis fais abuser sinon arnaquer ! Et je n'apprécie pas cela ! En effet je croyais naïvement lire la biographie romancée d'une athlète canadienne ayant brillée en 1928. Hélas, tout n'était qu'invention ! Sorti de l'imagination de Carrie Snyder, s'inspirant fortement des écrits relatifs à l'ambiance de l'époque. Mais franchement, comment ne pas se faire berner en lisant la quatrième de couverture, qui ouvertement, nous fait prendre nos vessies pour des lanternes ? La maison d'édition n'aurait-elle pas induit volontairement le lectorat en erreur, de peur de voir fuir un public potentiellement intéressé ?

Bref, " Invisible sous la lumière " raconte la vie d'une championne sportive, devenue centenaire, sous la forme d'un puzzle, intéressante pour le fond, mais difficile à suivre dans la forme !


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