Depuis quatre mois, de bien mystérieux cercles bleus, tracés à la craie sur les trottoirs de Paris, laissent dans l'expectative tous les parisiens. D’autant qu'une inscription, tout aussi intrigante, vient s’inscrire autour de ces cercles : " Victor, mauvais sort, que fais-tu dehors ? ". Au centre de ces cercles, comme prisonniers, des objets perdus ou abandonnés : trombone, bougie, patte de pigeon, vieux peigne, paquet de cigarette, etc.
Le phénomène fait les beaux jours des journalistes et de quelques psychiatres qui théorisent : un maniaque ? un joueur ? Le commissaire Adamsberg, lui, s'inquiète de cette manifestation visuelle, ces cercles et leur contenu hétéroclite lui font craindre le pire, comme si ces inoffensifs ronds annonçaient une tragédie sordide.
Avec l'aide de deux nouvelles connaissances, Charles Reyer, un aveugle dans la trentaine, autant cynique que beau, et Mathilde Forestier, une scientifique spécialiste des poissons, qui, quand elle n'est pas en mission au fond des océans, passe son temps à étudier le comportement des gens dans la rue ou au bistrot.
Pour prendre du plaisir à lire ce polar, il faut accepter de perdre ses repères classiques, car tout paraît décalé : les protagonistes, les dialogues, l'intrigue et le dénouement. En premier lieu : Le commissaire Adamsberg, un homme nonchalant, flâneur et flegmatique, semblant être constamment en vol libre, ne croyant qu'à ses sacro-saintes intuitions pour orienter sa réflexion, contrairement à son subalterne, l'inspecteur Adrien Danglart, un homme de logique qui construit un raisonnement le plus rationnel possible. Tous les personnages auront droit à un traitement de la sorte, frisant souvent l'invraisemblable et l'excentrique.
Les dialogues, souvent baroques, loin d’éclaircir quelconque mystère, remettront du brouillard sur des ténèbres. L'intrigue, à l'image du reste, se révèle farfelue pour ne pas dire incohérente. Le dénouement final, des plus extravagant, laisse un goût d'inachevé, voire de burlesque. De plus, l'inscription autour des cercles ne sera jamais expliquée, on est peut-être pas là pour ça ? Allez savoir avec Fred Vargas, l'inventeur du genre littéraire appelé " Rompol " !
Cependant, les personnages, si loufoques soient-ils, se font attachants, leur charme finit par agir et l’empathie avec. De même, l'histoire, pour insolite qu'elle soit, possède une élégance surannée, le tout baignant dans une ambiance déphasée, oscillant entre liberté et poésie. Lire L'homme aux cercles bleus, c'est faire une expérience singulière, pleine de parfums burlesques et vaporeux, et pourquoi pas... capiteux ?
A noter que ce roman est le premier dans lequel apparaît le personnage du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg. Homme faisant peu de cas de la procédure classique, qui, à l'aune de sa créatrice rend un nouveau souffle au polar, en le décalant pour renouveler le genre, ou tout simplement pour l'appréhender... autrement !
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