Selon l'antique tradition juive des Lamed-waf, qui d'après certains talmudistes remonterait au temps du prophète Isaïe, selon elle donc, le monde reposerait sur 36 justes, les Lamed-waf. S'il venait à en manquer un, l'humanité agoniserait, étouffée par trop de malheurs. Les Lamed-waf sont là pour catalyser toute la douleur du monde, afin que la vie des hommes puissent perdurer en allégeant leur afflictions cumulées.
Ernie Lévy est le dernier maillon d'une lignée de Justes prenant sa naissance au XIIème siècle et s'achevant dans l'horreur d'un camp d'extermination.
Ah, que je suis gêné, que je suis peiné ! Ce roman fait partie de ceux que j'aurais aimé admirer passionnément sans retenue, seulement le constat est sans appel : je me suis ennuyé ! Oh bien sûr, certaines pages sont épouvantablement sublimes, notamment celles du professeur Krémer, sacrifiant toute une vie de travail pour prendre la défense d'enfants juifs ; ou celles pleines d'abnégation et de courage où Ernie se dévoue pendant l'holocauste pour soutenir le moral d'enfants que la mort attend, jusqu'au coeur des chambres à gaz.
Cependant, au regard de la trame narrative, tous les éléments étaient là pour en faire un grand livre. Il l'est certainement pour certains, mais je n'ai hélas, qu'à de rares moments, senti le vent de l'Histoire se confondre avec un embrasement littéraire. Trop de scènes traînent en longueurs exaspérantes, elles manquent cruellement de fièvre, se prélassant parfois dans une douce apathie ! Peut-être la manière de raconter, peut-être les angles choisis, peut-être la prégnance d'une passivité patente, peut-être ai-je trop recherché une compréhension rationnelle dans un récit qui relève plus du conte, loin d'une belle et tragique épopée.
De surcroît, pourquoi tous les juifs du roman sont-ils exemplaires ? En effet, ils ne sont que sagesse et piété, fréquentant quotidiennement les synagogues d'Allemagne et de Pologne dans une foi aveugle. Leur soumission à la loi talmudique ou celle du pays où ils vivent est entière, jamais de doute, aucune remise en question de leur identité ni de leur croyance. Les épreuves qu'ils auront à traverser au fil des siècles : errances, persécutions, pogroms et holocauste, c'est Dieu qui les a voulu ! Sûrement pour être responsables de la mort du Christ ! Bah voyons ! Il est vrai qu'autant de docilité, de servilité et d'assujettissement, facilitant d'autant le travail d'extermination des nazis, m'ont quelque peu agacé. Il est pour moi terrible de le dire, mais des moutons amenés à l'abattoir sont moins soumis qu'eux. Heureusement, l'Histoire juive a eu ses exceptions avec la résistance du ghetto de Varsovie et la révolte du camp de Sobibor.
Naturellement, la lointaine fin du livre (plus de 400 pages) est ce qu'il y a de plus émouvant, certes, le dévouement d'Ernie n'aura sauvé personne, mais nombreux, grâce à son merveilleux et ultime sacrifice, quitteront ce monde en croyant accéder à une vie infailliblement meilleure. Le courageux Ernie Lévy démontrera ainsi son appartenance au club fermé des Lamed-waf par sa vocation au martyr. Néanmoins, ce sacrifice ne vient-il pas, en tant qu'héritier d'une race maudite, de toute une famille qui l'a élevé dans une éducation religieuse, aussi stricte et honnête que sincère et vertueuse ? De la émerge logiquement une prédisposition à jouer un rôle exceptionnel face l'idéologie nazie. Ainsi, seul ce conditionnement forcené lui aura permis de faire de sa vie une offrande. Et aucun Dieu n'y est pour quoi que ce soit. Seul l'homme, par sa folie religieuse ou idéologique bâtit lui-même ses apocalyptiques excès, et le désastreux résultat peut se lire au travers des siècles, comme une ligne de sang continue, hier, aujourd'hui, comme malheureusement... demain. Pas besoin d'un Dieu hypothétique pour cela. L'Homme se suffit à lui-même. Je ne sais si cette perspective trottait dans la tête de l'auteur, toutefois, à la lecture de ce roman, cette piste apparaît de plus en plus comme une évidence.
Le dernier des justes, par l'intermédiaire d'une lignée de justes, se lit comme une réflexion sur la mystérieuse aventure de la race juive, toujours traquée et persécutée au travers des époques. De beaux passages excusent quelque peu des longueurs et des répétitions qui alourdissent un propos qui n'en avait pas besoin. Avec cette poignée de critiques et à la vue de toutes celles dithyrambiques que j'ai lu, serais-je le premier des injustes ?
Ernie Lévy est le dernier maillon d'une lignée de Justes prenant sa naissance au XIIème siècle et s'achevant dans l'horreur d'un camp d'extermination.
Ah, que je suis gêné, que je suis peiné ! Ce roman fait partie de ceux que j'aurais aimé admirer passionnément sans retenue, seulement le constat est sans appel : je me suis ennuyé ! Oh bien sûr, certaines pages sont épouvantablement sublimes, notamment celles du professeur Krémer, sacrifiant toute une vie de travail pour prendre la défense d'enfants juifs ; ou celles pleines d'abnégation et de courage où Ernie se dévoue pendant l'holocauste pour soutenir le moral d'enfants que la mort attend, jusqu'au coeur des chambres à gaz.
Cependant, au regard de la trame narrative, tous les éléments étaient là pour en faire un grand livre. Il l'est certainement pour certains, mais je n'ai hélas, qu'à de rares moments, senti le vent de l'Histoire se confondre avec un embrasement littéraire. Trop de scènes traînent en longueurs exaspérantes, elles manquent cruellement de fièvre, se prélassant parfois dans une douce apathie ! Peut-être la manière de raconter, peut-être les angles choisis, peut-être la prégnance d'une passivité patente, peut-être ai-je trop recherché une compréhension rationnelle dans un récit qui relève plus du conte, loin d'une belle et tragique épopée.
De surcroît, pourquoi tous les juifs du roman sont-ils exemplaires ? En effet, ils ne sont que sagesse et piété, fréquentant quotidiennement les synagogues d'Allemagne et de Pologne dans une foi aveugle. Leur soumission à la loi talmudique ou celle du pays où ils vivent est entière, jamais de doute, aucune remise en question de leur identité ni de leur croyance. Les épreuves qu'ils auront à traverser au fil des siècles : errances, persécutions, pogroms et holocauste, c'est Dieu qui les a voulu ! Sûrement pour être responsables de la mort du Christ ! Bah voyons ! Il est vrai qu'autant de docilité, de servilité et d'assujettissement, facilitant d'autant le travail d'extermination des nazis, m'ont quelque peu agacé. Il est pour moi terrible de le dire, mais des moutons amenés à l'abattoir sont moins soumis qu'eux. Heureusement, l'Histoire juive a eu ses exceptions avec la résistance du ghetto de Varsovie et la révolte du camp de Sobibor.
Naturellement, la lointaine fin du livre (plus de 400 pages) est ce qu'il y a de plus émouvant, certes, le dévouement d'Ernie n'aura sauvé personne, mais nombreux, grâce à son merveilleux et ultime sacrifice, quitteront ce monde en croyant accéder à une vie infailliblement meilleure. Le courageux Ernie Lévy démontrera ainsi son appartenance au club fermé des Lamed-waf par sa vocation au martyr. Néanmoins, ce sacrifice ne vient-il pas, en tant qu'héritier d'une race maudite, de toute une famille qui l'a élevé dans une éducation religieuse, aussi stricte et honnête que sincère et vertueuse ? De la émerge logiquement une prédisposition à jouer un rôle exceptionnel face l'idéologie nazie. Ainsi, seul ce conditionnement forcené lui aura permis de faire de sa vie une offrande. Et aucun Dieu n'y est pour quoi que ce soit. Seul l'homme, par sa folie religieuse ou idéologique bâtit lui-même ses apocalyptiques excès, et le désastreux résultat peut se lire au travers des siècles, comme une ligne de sang continue, hier, aujourd'hui, comme malheureusement... demain. Pas besoin d'un Dieu hypothétique pour cela. L'Homme se suffit à lui-même. Je ne sais si cette perspective trottait dans la tête de l'auteur, toutefois, à la lecture de ce roman, cette piste apparaît de plus en plus comme une évidence.
Le dernier des justes, par l'intermédiaire d'une lignée de justes, se lit comme une réflexion sur la mystérieuse aventure de la race juive, toujours traquée et persécutée au travers des époques. De beaux passages excusent quelque peu des longueurs et des répétitions qui alourdissent un propos qui n'en avait pas besoin. Avec cette poignée de critiques et à la vue de toutes celles dithyrambiques que j'ai lu, serais-je le premier des injustes ?
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