En 1938, dans la basse vallée du Mississipi, un couple adultère part à l'aventure avec pour seul bien leur amour exclusif. Ce sont deux êtres purs qui désirent ardemment s'affranchir des valeurs bourgeoises et de tout mercantilisme. Tout indique que cette fuite en avant va mal finir, mais l'intention est légitime et respectable. A cette histoire, vient s'intercaler le récit de deux bagnards réquisitionnés, pendant la crue du Mississipi de 1927, afin de venir en aide aux sinistrés.
Le titre est tiré d'un psaume qui remémore la captivité des Juifs à Babylone. Dans le roman, le thème de la captivité et de la négation de toute liberté est sensée, sous la plume du grand maître nobélisé, être factuelle, volontaire et métaphorique. Que ceux qui auront eu le courage d'aller au bout s'en face leur propre idée. La mienne tient en peu de mots : tout ça pour ça ! On m'annonce, en quatrième de couverture, un roman où la souffrance atteint une acmé rare, une intensité inégalée dans l'oeuvre de Faulkner, et je tombe sur un texte interminable, empêtrer dans un style d'une lourdeur abyssale, semblant patauger dans une glaise froide et paralysante. Car comment avoir un début d'empathie pour une douleur, soit-disant extrême, quand elle est diluée dans un éboulis de mots, de phrases et d'une ponctuation distribuée au petit bonheur la chance ? De surcroît, les deux narrations distinctes ont si peu de rapports entre elles, que malgré leur entortillement on a l'impression de lire deux romans différents.
Et que ça pisse ou déblatère du texte, encore et toujours ! Pourquoi faire simple et court quand on peut faire compliqué ? Juste un extrait qui résume parfaitement mon propos : C'est alors qu'il entendit un bruit. Il ne pouvait l'identifier parce que c'était la première fois qu'il l'entendait et de toute façon il n'aurait jamais pu s'attendre à l'entendre de nouveau, car il n'est pas donné à tout le monde d'entendre un bruit pareil et il n'est donné à personne de l'entendre plus d'une fois dans sa vie. Et maintenant il n'avait pas peur non plus parce qu'il n'en avait pas le loisir, car bien que devant lui la visibilité, si claire fût-elle, ne s'étendit pas très loin, à peine pourtant eut-il entendu le bruit qu’il vit aussi quelque chose qu'il n'avait jamais encore vu. Un exemple est souvent plus parlant qu'un long discours !
Il parait qu'un roman de Faulkner se mérite, qu'il requiert une grande intelligence de la part du lecteur. Je ne pensais pas être si indigent côté neurones ! Pourtant, Zone de Matthias Enard, auteur réputé hermétique, m'a laissé le souvenir d'une belle mécanique littéraire bien huilée !
Malgré tout, avec un élagage drastique, avec un réglage idoine de la ponctuation et une recherche d'épure, l'auteur aurait pu atteindre une histoire efficace et diablement plus prenante. Seulement voilà, on veut faire son petit malin, épater la galerie, faire de l’esbroufe pour laisser une trace dans l'histoire du monde des lettres ; résultat : 350 pages d'une bouillie littéraire !
Néanmoins, je dois être dans l'erreur et totalement me fourvoyer, car sinon, comment les jurés du Nobel de littérature auraient-ils pu choisir un tel écrivain pour décerner leur prix de 1949 ? Pauvre de moi, que je suis bête !!!
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