" L'arbre-monde " de Richard Powers 10/20
Une botaniste visionnaire, un photographe/peintre obstiné, un avocat en propriété intellectuelle, une sténographe ayant en horreur la possession, une ingénieure influencée par le bouddhisme, un handicapé développeur de jeu vidéo et une étudiante ressuscitée d'une hydrocution vont tous voir leur vie bouleversée par l'intérêt qu'ils portent aux arbres.
Richard Power nous offre une belle et intelligente réflexion sur les préjudices que fait l'homme à la nature, et en particuliers aux arbres. Avec une manière exagérément romancée, il y déploie des idées éthiques sur l'environnement, sans jamais oublier que nous en faisons tous partie. Ainsi, par souci de respect pour le végétal qui nous entoure il développe l'idée novatrice de créer enfin Les droits de la nature, en parallèle des Droits de l'Homme. En effet, comment espérer perdurer sur cette terre quand tout ce qui en fait son habitabilité est systématiquement et impunément détruit. A l'image de notre monde qui croît de façon exponentielle dans un monde bien évidemment fini. A un moment le déséquilibre est tel que la vie humaine n'est tout simplement plus une possibilité à long terme, mais un suicide sciemment consenti.
Ainsi, le message de l'auteur ne souffre d'aucune contestation, il est juste et noble, par contre la forme, elle, a de quoi en désarçonner plus d'un. Moi le premier ! J'ai eu beau tenir les rênes pendant les 500 premières pages, c'est vous dire ma capacité d'adaptation, j'ai dû capituler sur les 200 dernières tant les circonvolutions narratives prennent d'interminables chemins, même pas forestiers, pour faire jouer de concert tous ces protagonistes dans un récit symphonique hautement cacophonique. En effet, même si de magnifiques passages littéraires nous soulèvent jusqu'au sommet des arbres, même si on adhère de tout cœur à la philosophie de l'auteur, souvent je me suis égratigné dans les broussailles d'un texte plein de ronces et d'orties, où la moindre relecture n'avait l'once d'une boussole. Que me suis-je laissé attirer si loin dans cette forêt de mots inextricables ? Me faut-il donc mettre le feu à cette ténébreuse frondaison labyrinthique pour espérer revoir la lumière du soleil ? Certes, j'y consens, mais avec une culpabilité sans nom, d'abord écologiquement parlant, puis surtout à cause de l'encensement médiatique dont ce livre bénéficie depuis sa sortie. Incompréhension !
Ce chant d'amour à la nature, cette ode aux arbres, cet intelligent et passionnant raisonnement sur l'avenir de l'homme est gâché par la volonté de Richard Power de bâtir une cathédrale végétale littéraire. Malheureusement, trop de blablas inutiles finissent par plomber une oeuvre qui ne le méritait pas. Dommage !