" La vengeance du pardon " de Eric-Emmanuel Schmitt 18/20
Quel titre étrange ! On est en plein oxymore. Il n'est pas facile à comprendre immédiatement. Il révèle un malaise, une inquiétude sournoise, une singulière angoisse. Il y a de l'intranquillité derrière ces mots. Il y a des maux derrière ces mots. Dès lors, par indisposition, il y a nécessité à aller y jeter un œil, puis les deux, puis de dévorer ce livre car il contient une force intrinsèque irrésistible, indomptable. De puissantes émotions sont au rendez-vous ; de celles qui laissent des traces, et pour longtemps.
Ce recueil, de quatre nouvelles bouleversantes, tournent autour de la notion de pardon, cet acte généreux qui vient du cœur pour aller droit au cœur. Le pardon d'Eric Emmanuel est inouï, il bouscule les barrières de la raison pour tout dévaster, tout transcender. Ce pardon tutoie de tels sommets, qu'il devient adorablement dangereux pour les esprits alambiqués et prétentieux, il brûle par la simplicité de son amour toute personne outrecuidante. Par ricochet, ce pardon suscite beaucoup de questions, au point de ne surtout pas laisser tranquille tout lecteur et lectrice prêts à explorer la palette des émotions humaines.
Par souci de ne rien divulgâcher, vous ne connaîtrez pas sous mes lignes le sujet des nouvelles, sachez juste que chacune renvoie à des sujets d'actualité plus où moins lointains, mais toujours tragiques, néanmoins, dans le bon sens du terme, s'il peut y en avoir un.
Même si la lecture est facile, la plume est appliquée, une application où se camoufle adroitement un faux simplisme. Le texte progresse tel un fleuve tranquille alors que le fond révèle une tempête d'une rare violence. Ce paradoxe donne peut-être encore plus d'intensité au roman, qui n'est pas à un oxymore ou à une opposition de plus.
Bien loin d'être une lecture sage, ces nouvelles sont là pour remuer nos consciences de parvenus, parvenus à quoi au juste ?
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