" Les dames de Rome " Tome 2 du cycle " La reine oubliée " de Françoise Chandernagor 15/20
La dernière descendante vivante des Ptolémée, Séléné, est confiée à Octavie, la sœur du vainqueur de la bataille d'Actium, Octave. Celui-là même qui a contraint Cléopâtre et Marc Antoine au suicide. Séléné va vivre toute son adolescence dans la maison d'Octavie, au Palatin, entourée d'une étonnante bande d'enfants que la "première dame" de Rome élève avec intelligence et tendresse. Pendant ce temps, Octave César, qui se fait depuis peu nommer Auguste, continue d'imposer au monde méditerranéen sa puissance. Il contraint les uns au suicide, les autres à la soumission. Tout en jugulant les complots, vrais ou fictifs, il fait et défait les mariages de son clan. Tous ne sont que des pièces d'échecs dans les mains d'un homme autoritaire, pour ne pas dire despotique. Peu à peu, Séléné, qui ne rêve que de vengeance, s'imprègne de la culture romaine, la culture de celui qui a décimer ses parents, ses frères et demi-frères.
Avec une érudition digne d'une historienne de grand talent, Françoise Chandernagor poursuit l'évocation du destin incroyable de la fille de Cléopâtre. A force de documentation et d'archives, l'auteure parvient à reconstituer parfaitement la vie à Rome en ces années précédents la soi-disant naissance de Jésus. Elle réussit à combler les béances cédées par l'Histoire, avec une belle maestria, en tricotant entre les certitudes historiques des mailles de liaison très inspirées.
Dans ce tome, on a quitter la grande Histoire avec le fracas de ses batailles et de ses géants foudroyés pour se pencher sur les intrigues d'alcôves et sur des hommes moins glorieux qui s'écharpent pour une place dans l'ombre d'Octave. Cependant, l'ombre des géants, ceux qui ont fait l'histoire de Rome, laisse peu de place à la petite Séléné pour exister. Son existence peu même parfois passer pour incongrue tant les forces en présences sont écrasantes. Telle une souris toute menue qui zigzague entre les lourdes pattes d'un éléphant en pleine course. De ce fait, je me demande si sa présence n'est pas un prétexte pour réviser une partie de l'antiquité ? Néanmoins, le suspens est là, car elle est maintenant la seule rescapée des Ptolémée, ces mêmes Ptolémée dont la dynastie s'étale sur près de 300 ans. Aura-t-elle une descendance ? Réponse dans le tome 3.
A noter qu'il y a un tel foisonnement de personnages, qu'un bel arbre généalogique n'aurait pas été de trop. En effet, quand un mariage se voit annulé, chacun des époux se remarie aussi vite, redonnant bien souvent une nouvelle floppée d'enfants. Plus d'une fois je me suis perdu dans ce labyrinthe familial XXL, guettant une branche du gigantesque arbre pour tenter de m'y raccrocher. D'ailleurs même l'auteure en fait la remarque page 63 : On s'y perd, hein ? On s'embrouille ? Pas étonnant ! C'était une famille recomposée. Et nombreuse, très nombreuse, par dessus le marché !
A partir d'une érudition irréprochable, Françoise Chandernagor parvient, par la puissance de l'évocation, à faire scintiller la splendeur d'une civilisation, tout en nous faisant trembler par sa férocité. Une expérience fort étonnante et hautement enrichissante.
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