" La patience du diable " de Maxime Chattam 17/20
Rythme et cruauté en diable !
Deux adolescents mitraillent à tour de bras les passagers d'un TGV ; un go-fast arrêté par la gendarmerie ne transporte pas une drogue quelconque mais des peaux humaines ; des personnes sont découvertes littéralement mortes de terreur. Tout ceci en quelques jours, et encore plus les jours suivants : le diable semble mener le bal des pires horreurs !
Ludivine Vancker, lieutenant de gendarmerie à la section de recherche de Paris, mène l'enquête avec une énergie de tous les diables, même pas peur... quoique !?!
C'est avec un plaisir, un rien sadique, que l'on retrouve celle qui fut l'enquêtrice en chef de La conjuration primitive, l'opus précédent : Ludivine Vancker. Une fonceuse qui s'affiche tel un rempart face aux déclinaisons de plus en plus corsées des forces du mal. Ce même MAL qui obsède Maxime Chattam depuis longtemps, depuis toujours. Dans chacun de ses opus il essaye de nous démontrer que la bête est partout, tapie dans les recoins les plus sombres de nous-mêmes, prête à surgir quand les circonstances l'exigent. L'auteur sait en parler, livre après livre, il l'analyse continuellement, portant à bout de bras des réflexions non dénuées d'intérêt, il veut nous mettre en garde d'un monde à bout de souffle qui craque de toutes ses coutures. L'actualité ne peut que lui donner raison : chaque jour la violence grève notre quotidien, chaque jour l'impensable se produit, chaque jour l'échelle de l'effroyable gravit un cran. Le MAL est partout, asticoté, tourmenté par nos frustrations, par nos désenchantements perpétuels. Ainsi le passage à l'acte devient libérateur, aussi abominable qu'il soit. Voilà ce qui fait le pain quotidien de Maxime Chattam, transcrire la somme de toutes nos peurs et des siennes, son oeuvre est là pour l'attester, peut-être s'en amuse-t-il comme un beau diable.
Cœur sensible s'abstenir, ici, les remugles des cadavres nourrissent les pages, les récoltes de sang se font par seaux entiers, les exhalaisons vous prennent à la gorge, les tortures sont plus sordides les unes que les autres, l'altruisme est un sentiment d'autrefois, le blanc du monde a cédé sa place au gris-foncé ou au noir le plus ténébreux, le moindre espoir est écrasé comme un mégot de cigarette, ici le diable est le roi des rois.
La plume de l'auteur est à l'image du récit : vive et surprenante, loin de tirer le diable part la queue !
A mon humble avis, le fond l'emporte sur la forme. Sous l'ombrage d'enquêtes sordides, les plus glauques possibles, l'auteur décrypte notre société avec ses dérives, ses travers, pour nous renvoyer non seulement une photographie effrayante de notre monde, mais surtout ALARMANTE !
Vous qui allez vous risquez dans la lecture de La patience du diable, un thriller qui tient ses promesses, vous feriez mieux de fuir, pauvre fou, le diable est déjà à vos trousses !
Du suspens anxiogène, des rebondissements sanglants, des crimes dégueulasses, une intrigue au scalpel : le diable en rit encore !