" Et nous c'est ainsi que nous vivrons " de Douglas Kennedy 11/20
2045, depuis quelques années les Etats-Unis ont vécu une seconde guerre de sécession ; désormais le pays est coupé en deux. D'un côté la Confédération unie, pays théocratique regroupant les républicains ou les conservateurs actuels, s'établissant principalement au centre de l'ancien pays ; de l'autre la République unie, établie elle sur les côtes Est et Ouest, est une démocratie dirigée par une sommité des nouvelles technologies, où les libertés sexuelles, religieuses et culturelles sont privilégiées, par contre, la surveillance générale est une règle absolue, Parmi ces habitants, une femme : Samantha Stengel travaille pour la sécurité de son pays, un jour, son chef lui révèle un secret : elle a une demi-sœur nommée Caitlin. Comme elle, elle est espionne, mais de l'autre côté de la frontière pour l'inquiétante et funeste théocratie.
Pour la première fois, Douglas Kennedy touche au roman dystopique. Si on sait dessiller ses yeux, il est clair qu'actuellement nous vivons une guerre culturelle entre deux Amériques, deux visions du monde, deux sensibilités aux antipodes. Entre les partisans de Biden et ceux de Tramp, il y a plus de différences que de similitudes, d'où l'idée de pousser le bouchon plus loin et de jouer la carte de la fracture effective. En bon anticipateur, l'auteur nous dresse un tableau glaçant où en démocratie, l'état n'ignore plus rien de ses sujets, même leur vie privée ; et où en théocratie, l'on envoie les blasphémateurs au bucher et où l'avortement et l'adultère sont interdits et donc sévèrement punis. Actuellement, ce discours existe déjà dans le discours des fondamentalistes républicains. Au travers des lignes de ce roman, Douglas Kennedy tire la sonnette d'alarme et nous livre toute son angoisse devant cette société si divisée.
Certes, avec une belle aisance et une redoutable efficacité l'auteur pose le problème par le truchement de ses protagonistes, néanmoins, l'histoire vire vite au classique roman d'espionnage, certes, avec des moyens ultra-modernes, mais c'est tout. Une fois, les bases du roman posées j'aurais aimé aller plus loin dans la prospective entre les deux pays ennemis. Peut-être suis-je trop exigeant. En effet, à par le twist de la dernière partie auquel je m'attendais un peu, je reste sur ma faim en lissant le mot fin.
En vérité, le sujet de la division des Etats-Unis ne sert que de décor pour l'intrigue. Je ressens véritablement un manque criant de substances futurologiques. Que l'imagination fertile de Douglas Kennedy aille plus loin, mais non, on en reste cruellement là. Grand dommage !
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