" La symphonie du hasard " en trois tomes de Douglas Kennedy 16/20
Pendant les sixties et les seventies, la famille Burns est tout sauf banale. Chaque membre s'emploie à rendre toute discussion conflictuelle. Pourtant, même dans les désaccords les plus optus, les liens qui les unissent se distandent sans jamais se romprent.
Bref présentation : en premier lieu le père, un homme au caractère exécrable, porté sur l'alcool, et qui rêve de s'installer au Chili où il dirige une mine ; puis la mère, une femme autoritaire et intrusive, dont le plus grand souhait est de retourner vivre à New-York ; suivent les enfants avec l'aîné Peter, un jeune homme secret qui prend un malin plaisir à s'opposer systématiquement à son père ; ensuite son frère Adam, grand sportif responsable d'un grave accident de la route, il décide de suivre son père au Chili ; enfin la narratrice, Alice, la seule fille de la famille, est sur le point de rentrer en fac.
Sous nos yeux, Douglas Kenndy agite ce cocktail survitaminé sur fond de guerre du Vietnam, de coup d'état au Chili et de guerre civile en Irlande. Ainsi la petite et la grande histoire s'entremêle pour aboutir à une fresque sociétale et familiale, où, naturellement les mensonges, les trahisons et les coupabilités les plus diverses nourriront la plume de l'auteur.
L'effet miroir est vertigineux, comment ne pas s'y reconnaître, plus ou moins, dans les choix de vies que chacun est amené à faire... ou pas. Quand, poussée par l'idéalisme de la jeunesse, notre volonté de liberté, et donc de contestation, se heurte aux forces du racisme, du sexisme, de l'homophobie et de la corruption. Comment réussir à exister dans un monde qui ne partage pas ses propres valeurs ?
A la façon d'André Gide dans Les nourritures terrestres, ce roman fleuve aurait pu s'intituler : Famille je vous hais, mais l'auteur élargit cet horizon pour déborder sur l'écho d'un monde, dont les ondes entre en résonnance avec les protagonsites.
Avec ses variations incessantes, la vie est une symphonie du hasard, où la seule chose qui soit sûr, est notre absence de certitudes. Alice en est une preuve vivante, elle se heurte et rebondit, telle une boule de billard, entre les aspérités d'une société en quête d'un absolu chimérique et illusoire.
Même si certaines parties traînent un chouilla en longueur, même si la réussite professionnel, souvent momentanée, de chaque membre de la famille relève d'un manque de crédibilité, je dois dire que l'on se laisse embarquer sur ce navire familial qui prend l'eau de toute part. Douglas Kenndy maîtrise l'art du récit, il sait nous séduire, nous faire réfléchir, et c'est bien là l'essentiel.
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