" Le déluge " de Stephen Markley 19/20
Indéniablement, voici le livre bible que j'attendais, naviguant autour de nos consciences face au réchauffement climatique. Certes, beaucoup d'écrits concernent ce sujet d'actualité brûlante, mais jamais avec autant de pertinence et de réalisme. Stephen Marckley est un écrivain prophète. Dans cette incroyable fresque, tout y est plausible : les catastrophes comme les réactions humaines. J'ai franchement eu l'impression de lire notre futur immédiat jusqu'à l'année 2040. Pour écrire ces plus de mille pages, très documentées, Stephen Markley a mis plusieurs année, et cela se ressent, tant la précision chirurgicale, le talent narratif et l'intelligence scientifique du récit ne peuvent s'épanouir que dans le temps long. Le résultat est époustouflant.
Et que dire de l'analyse extra-fine du comportement humain, de ses errances, de ses engagements, de ses contradictions, de ses renoncements et de ses sacrifices ? Nous sommes décortiqués sur l'autel du profit et de nos égoïsmes. Peu aurons le courage d'aller au bout de leurs idées, peu seront prêts à risquer leur peau pour que le monde ait une possibilité d'avenir, sérieusement détériorée, certes, mais un lendemain peut encore exister.
L'histoire débute en 2013 en Californie, quand un scientique écrit un livre sur le dérèglement climatique et qu'il reçoit des menaces de mort. De surcroît, il se heurte à un puissant déni des politiques, de ses congénères et du monde entier. Néanmoins, des supers ouragans et des méga-feux lui donneront vite raison, mais rien ne bougera politiquement pour autant.
Ce roman fleuve brasse le destin de pléthore de personnages, notamment Kate, une militante écologiste, intrépide et charismatique, qui, à force de défie l'échiquier politique devient, au gré de ses actions pacifiques, l'icône d'une génération ; Ashir, un génie de l'analyse prédictive ; Shane, elle aussi une militante écologiste qui n'hésite pas à s'attaquer aux infrastructures gazières et pétrolières, face à un pouvoir qui ne veut rien céder ; Keeper, un junkie capable du pire comme du meilleur ; ou encore le Pasteur, un ancien acteur hollywoodien recyclé en leader politique de la l'extrême droite. Tous seront amenés à faire des choix devant l'effrondement d'un monde révolu.
Seul petit bémol, le foisonnement des protagonistes qui complique la lecture, cependant, dans le dessein de multiplier les points de vue pour accéder à toutes les sensibilités de la citoyenneté américaine, il faut brasser large, quitte à écrire un roman à la fois choral et monde.
Ce roman est un verre d'eau glacée en pleine gueule. Il nous attrape par le colback et met de mots et des maux effroyables sur ce processus de destruction irréversible uniquement dû à l'Homme. Que tout ceux qui explosent leur bilan carbone, se penchent sur ces pages hyperréalistes. L'apocalyspe est à nos portes, l'humanité entière est concernée, que chacun agisse en sa conscience en remettant en question son individualisme et ses mesquins profits. Qui est prêt à condamner tous nos enfants à mourir en suffocant ? Qui est prêt à payer les conséquences d'une guerre civile ? Qui peut accepter de se prendre le mur de la réalité climatique en pleine face sans bouger le petit doigt ? Qui ? On ne pourra pas dire que l'on ne savait pas.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire