" La chute des géants " et
" L'hiver du monde " de Ken Follett 16/20.
1 ère partie : A la veille de la guerre de 14-18, les grandes puissances vivent leurs derniers moments d’insouciance.
Bientôt une violence inédite va déferler sur ce monde imbu de lui-même.
De l'Europe aux Etats-Unis, du fond des mines du pays de Galles aux antichambres du pouvoir soviétique, en passant par les tranchées de la Somme, cinq familles vont se croiser, s'unir puis se déchirer.
2 ème partie : 1933, Hitler s'apprête à prendre le pouvoir.
L’Allemagne entame les heures les plus sombres de son histoire et va entraîner le monde entier dans la barbarie et la destruction.
Des salons du Yacht-Club de Buffalo à Pearl Harbor bombardé, des sentiers des Pyrénées espagnoles à Londres sous les bombes, de Moscou en pleine évacuation à Berlin en ruines, nous retrouvons les cinq familles
ainsi que leurs descendances, dans cette tragédie humaine.
Entre épopée historique, lutte des classes, romans d'espionnage, intrigues amoureuses et thriller politique, ce roman en impose par son souffle.
Beaucoup de lecteurs rejetteront stupidement ce livre en prétextant les nombres affolant de pages : plus de 2000, présenté en deux tomes, ou devrais-je dire 2 tonnes ?
Honnêtement, quand l'histoire vous tient, peu importe le nombre de pages, l'essentiel n'est pas là, il est dans la fluidité, dans la puissance de ce récit sans superfluité.
En effet, il serait ici difficile de dire qu'il y a 100 ou 200 pages de trop, alors que dans tant d'autres...
Pour écrire ce projet quelque peu ambitieux, Ken Follett, créé autour de ses personnages principaux, une toile d'araignée, dans le but essentiel de les positionner sur le chemin pertinent de l'Histoire en marche, d'où parfois quelques raccourcis peu crédibles, mais on comprend leurs nécessités, utiles pour harmoniser le tout.
Chacun de ces hommes et femmes devront choisir leur propre route, au risque de se fourvoyer aux yeux de ceux qu'ils aiment.
Toutes les convictions, tous les sentiments, tous les doutes et les certitudes de l'âme humaine, éclateront au fil des pages.
Malgré leur intarissable appétit de vivre, personne n'en sortira indemne, le destin prenant un malin plaisir à broyer leur existence.
Comme une partiale machine de guerre, exterminateur de toute humanité, mais inventée par elle !
Quantité de sujets sont abordés, du vote des femmes dans l’Angleterre de 14-18, à la création de la SDN par le magnanime président américain Woodrow Wilson, des raisons profondes de la révolte allemande de l'entre deux guerres, à la montée de la guerre froide entre l'Est et l'Ouest, etc . . .
Grand roman historique et bourrées d'informations qui éclairent cette période charnière puisqu'elle modifiera totalement la lisibilité de la géo-politique du monde, extrapolant les conflits futurs, donc actuels !
Parmi les pépites informatives, j'en retiendrais trois :
Le budget de l’Angleterre d'avant la première guerre mondiale, comprenant l'armée, la justice et les prisons, l'éducation, les pensions, les colonies, etc, s'élevait à 500 000 livres sterling par jour tout compris !
Au demeurant une belle somme bien rondelette couvrant juste 24 heures de fonctionnement.
En août 1916, soit deux ans après le début de la guerre, l'Angleterre dépensait toujours par jour, la somme astronomique de 5 000 000 livres, soit 10 fois plus !
Naturellement l'économie anglaise exsangue depuis longtemps devait emprunter la totalité de la somme essentiellement à l'Amérique.
Soit en deux ans de guerre 4 000 000 000 de livres !
Toujours courant juin 1916, voyant sur le terrain le conflit s'enliser, le président américain Woodrow Wilson lança l'initiative des pour-parler de paix entre les différents gouvernements en guerre.
(Rappelons qu'à l'époque les Etats-Unis n'était pas encore en guerre.)
Ces négociations se sont révélées dramatiquement stériles, pour d'uniques et d'absurdes raisons pécuniaires.
En effet, gardons l'exemple de l'Angleterre, son endettement était tel, qu'en cas de défaite face à l'Allemagne, jamais sa dette n'aurait pu être remboursée, causant ainsi la ruine de ses principaux créanciers !
Par contre, en cas de victoire, les vainqueurs obligeraient les Allemands à payer de lourdes " réparations ".
C'est exactement ce qui s'est passé, les allemands durent rembourser des sommes colossales, créant une crise profonde dans l'Allemagne de l'après-guerre, qui servit de terreau pour le futur conflit mondial, qui juste 21 ans plus tard, replongera le monde dans le feu et le sang.
Je pourrais ainsi extrapoler beaucoup plus loin, jusqu’au conflit israélien-palestinien, mais là n'est point mon propos.............quoique !
Ensuite, l'arrivée au pouvoir de Hitler.
Depuis toujours, j'entends cette phrase dramatiquement effroyable: "C'est légalement qu'Hitler a accédé au pouvoir !"
Mais quand je me penche sur ce qui s'est réellement déroulé, je ne peux m'empêcher de me sentir manipulé, trompé. Jugez-en :
C'est dans un climat de tension extrême que les élections législatives de 1933 eurent lieu, puisque le Reichstag venait d'être incendié le 27 février, et Hindenburg, le président allemand, s'était vu débordé par les exigences d'Hitler : interdire les journaux d'opposition, jeté en prison les députés communistes (suite à l'incendie du Reichstag qui leur fut imputé), avoir sa propre police politique, multiplier les manœuvres d'intimidation massives face aux partis démocratiques.
Certes les résultats de ces élections législatives du dimanche 5 mars 1933, sont remportés par le parti nazi, soit le NSDAP, mais il n'est pas majoritaire puisqu'il n'obtient que 43,9%, loin des 51% qu'il eut fallu pour avoir la majorité absolue.
Le SPD (Parti social démocrate) fit 18,3%, le KPD (Parti communiste) 12,3%, Le Zentrum (Parti catholique) 11,2%, et le DNVP (Parti national) 8%.
Dans les jours qui suivirent, les parlementaires se réunirent non pas au Reichstag (incendié), mais à l'opéra Kroll.
L'ordre du jour devait être la loi sur les pleins pouvoirs, qui permettrait au gouvernement de Hitler d'adopter des mesures législatives sans avoir à les faire approuver par le Reichstag.
Cette loi votée, ferait d'Hitler un dictateur, la répression, l'intimidation, la violence, la torture et le meurtre qui s'étaient imposés en Allemagne depuis plusieurs semaines, prendraient un caractère définitif.
Pour que la loi sur les pleins pouvoirs soit adoptée, il fallait que les deux tiers des députés soient présents, soit 432 députés sur 647, et que les deux tiers de ce quorum l'approuvent.
Les nazis disposaient de 288 sièges, et les nationaux-allemands (leur plus proche allié), de 52 sièges, ce qui donne 340, il leur en manquait donc près de 100 !
Logiquement cette loi ne pouvait pas être adopté, mais c'est justement ici que l'on sort du cadre de la légalité, pour se rapprocher du coup d'état politique !
Sachant qu'en Italie, les catholiques ont conclu une alliance avec Mussolini, soit un concordat censé préserver les droits de l'Eglise, qu'allait faire le Zentrum en Allemagne ?
Et sachant que Göring (le plus proche collaborateur d'Hitler) venait de décrété que les députés communistes emprisonnés (Suite entre autre à l'incendie du Reichstag), et donc absents ne sont plus considérés comme membres du Reichstag, ceci dois-je le rappeler, dans l'illégalité totale.
Finalement, après avoir garanti aux catholiques que l'église catholique resterait indépendante de l'état, et que les établissements catholiques pourront poursuivre leur activité librement, et qu'il ne ferait l'objet d'aucune discrimination dans la fonction publique, le Zentrum a joint ses voix aux nazis.
Toutes les hautes certitudes des députés démocrates, se liquéfièrent et se métamorphosèrent en horreur : plus rien ne pouvait arrêter les nazis, le ver était dans le fruit.
Donc, en excluant les députés communistes, puis grâce aux catholiques, et à de sombres manœuvres de chantages, de menaces, et grâce aux libertés prises avec la loi, bafouant toute légalité, le nazisme obtint les pleins pouvoirs, rien ne pouvait plus stopper ce fléau nazi, qui vite déferlerait sur toute l'Allemagne, puis sur l'Europe et le monde entier.........causant 60 000 000 de morts !
Donc affirmer que c'est le peuple allemand, qui par son vote les a porté au pouvoir, serait faire abstraction de tout un jeu de très forte pression qui ont eu lieu partout et à tout niveau, y compris dans l'enceinte de l'assemblé des députés, puisque des SA, la matraque à la main, cernaient le quorum pendant tous les débats, intimidant les plus couards.
L'attitude inqualifiable des partis catholiques allemand et italien, à des lieues de tous préceptes chrétiens, pose de gros problèmes de conscience à tout catholique.
Et l'absence de prise de position claire de la Papauté, nous inondant de son silence assourdissant, avoue bien des choses !
Que le manque de courage des dirigeants de pays démocratiques face aux forces du mal, soient véritablement responsables, je le conçois.
Mais faire croire qu'une majorité d'allemands en cette année 1938 soit légitimement et sans aucune pression : antisémite, raciste et xénophobe, n'est qu'une ineptie, que je dénonce ici !
Troisième et dernière pépite :
Le 29 août 1949, au Kazakhstan, l'URSS fit exploser sa première bombe atomique, rééquilibrant les forces entre l'Est et l'Ouest.
Mais tout porte à croire que c'est grâce à l'espionnage que les russes réussirent cet exploit, car leur programme scientifique en vue de la fabrication d'une bombe atomique, en était à un état très basique.
D'où la condamnation à mort sur la chaise électrique, des époux Rosenberg, couple sensé être responsable des fuites qui permirent le rééquilibrage des forces mondiales.
On peut même supposer que dans une certaine mesure, c'est volontairement qu'ils se sont sacrifiés afin d'empêcher les Etats-Unis de devenir les seuls maîtres du monde, position hégémonique donc délicate où tout abus devient possible voire inévitable.
Volontairement je stoppe ici mes réflexions, sous peine d'en faire un roman, à votre plus grand désespoir !
Mais si vous êtes curieux de cette période charnière de l'histoire du monde, je vous invite à lire ces 2000 passionnantes pages !
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