17 juil. 2014



Promesse de l'aube.



Bénissons la providentielle nuit,
Où un 17 juillet Anaïs naquit.

Des grands tableaux de notre vie,
Elle est notre féminine embellie.

D'emblée, ses yeux fuligineux et rebelles,
Préviennent de l'humeur de la belle.

Assez vite elle se positionne, se revendique, se proclame,
Comme une insoumise, une insatisfaite ; une vraie dame.

Ses fins et longs doigts, dignes d'appartenir au domaine du piano,
Demeurent dans l'attente d'une musicale révélation fortissimo.

D'ores et déjà, ton enfance te fuit, te snobe,
Laissant deviner à l'horizon ton futur job.

L'hémophile temps, la proclame déjà mature,
Qu'elle vole au gré du vent sans appogiature.

De virulentes colères et de doux câlins créés son personnage,
Dessinant déjà un contenu, une silhouette, un message.

Grande prêtresse de la procrastination,
Elle poursuit cette voie royale avec obstination.

Son auguste et puissante voix, de mezzo-soprano-colorature,
Enchante nos mélancoliques soirées d'une vaste aura d’amour.

Parfois timorée, enthousiaste ou péremptoire,
Elle creuse son sillon, espérant une petite gloire.

Les décrets de ses volontés n'ont d'éliminatoires,
Que la vanité et l'orgueil aux refrains si dérisoires.

Que notre bachelière sache construire avec réflexion son temple,
Résonnant aux oreilles de ses parents comme un exemple.

Qu'elle irradie à l'égard de l'autre, la mansuétude,
Faisant la fierté de ses aïeux, hélas en "décrépitude". 

Que tes 18 ans cristallisent tes innombrables envies,
Dans une topologie idoine offrant mille vies.

Au doux seuil d'un âge plus que non négligeable,
Nous t'offrons moult possibilités envisageables.

L'alphabet de tes exigences,
Augure d'audacieuses performances.

Sois-nous en mieux,
Saches que tu le peux.

Que tu deviennes déesse ou simple humain,
L'essentiel est d'être " Quelqu'un de bien ".




13 juil. 2014




" L'île des oubliés " de Victoria Hislop 12,5/20


Alexis, une jeune anglaise diplômée d'archéologie, se retrouve au carrefour de sa vie, elle doit faire un choix, autant professionnel que privé. La nécessité d'une pause s'immisce en elle. Avant d'aller plus loin, un salutaire retour sur ses origines maternelles s'imposent. Mais devant le silence têtu de sa mère, elle s'envole un été avec son compagnon pour Plaka, un village sur la côte nord de la Crète, où sa mère a vécu jusqu'à ses 18 ans. Mais pourquoi ne veut-elle rien raconter de son passé ?  Et pourquoi a-t-elle fuie jusqu'en Angleterre ?

Derrière ces interrogations se cache un bouleversant secret de famille, où il est question d'une colonie de lépreux, vivant recluse sur la petite île de Spinalonga.

D'emblée, on peut penser à un énième roman de plage, qui nous fera passer un bon moment mais rien de plus, et on n'aura pas tout à fait tort, mais ici, il y a quelque chose qui fait la différence, d'où mon intérêt pour ce livre : c'est l'existence d'une petite île crétoise où étaient relégués les lépreux jusqu'à 1957, afin d'éviter toute contamination. De tout temps, la lèpre a suscitée beaucoup d’effroi à l'origine d'un ostracisme systématique, explicable par la difformité des corps et des visages, pour les cas les plus atteints. Et même si  cette maladie était peu contagieuse, dès le premier signe avant-coureur, soit l’apparition  de plaques colorées et insensibles sur la peau, le lépreux a toujours été considéré comme un rebut de la société, et de ce fait mis à l'écart.

Petit à petit, grâce à une ancienne amie de sa mère, Alexis va découvrir que son arrière grand-mère, une maîtresse d'école adulée par ses élèves, victime de la lèpre a fini ses jours sur cette fameuse île tant décriée. On s’apercevra avec stupéfaction, que malgré les drames de la maladie et le choc abyssal de se savoir définitivement séparé du reste de sa famille, une vraie vie s'était organisée sur l’îlot qui compta plus de 200 personnes. En effet, des maisons et logements individuels furent construits, des artisans ouvrirent des commerces, une vie communautaire pris forme, une autorité fut élue, des gens s'aimèrent, eurent des enfants, bref on était loin d'un miasmatique mouroir. D'ailleurs pour s'en rendre compte, des visites touristiques y sont actuellement organisées, mais rassurons-nous ce site ferma en 1957, car grâce à la science qui vainquit cette funeste maladie. 

Les croyances de contagion étaient telles, que même les allemands lors de la dernière mondiale, bien qu'ayant investis toute la Crète, n'ont jamais mis un pied sur l'île de Spinalonga.

L'auteure jongle donc avec l'Histoire et ses personnages autour de ce bout de terre, mais les ficelles, les rebondissements sont parfois un peu gros pour me séduire totalement ; en effet, un personnage qui s'avère arriviste, ambitieux et autoritaire, ne s'amende jamais. De même pour celui qui est générosité, naïveté et simplicité, il demeurera ainsi tout au long des 520 pages. Soit en simplifiant, il y a les bons et les méchants, je doute fortement que la vie soit si lisible. J'aurais aimé de l'audace, de la transgression, de l'insolence, du dynamitage des conventions, quoi !?!

Même si je puis comprendre l'envie jouissive de se laisser embarquer sous ces paysages écrasés de soleil, vers ce peuple miné par ses traditions, où les sentiments amoureux seront mis à rudes épreuves, écartelés entre les mâchoires de la maladie et les élans de la passion, parfois si peu contrôlable. Oui, je comprendrais que ce livre peut résonner comme un hymne à la vie, quoi de plus beau après tout ?

Néanmoins, cette façon si peu orthodoxe de se débarrasser de personnages devenus vieux en une ligne, cela me stupéfie, n'auraient-t-ils pas mérités une fin plus noble, plus développée, plus aboutie ?

En vérité, l'historicité de ce roman le sauve d'un anonymat qui lui aurait vite, passé l'été, tendu les bras !



3 juil. 2014



" Cent ans de solitude " de Gabriel Garcia Marquez  16/20


Roman d'une vie, roman d'un pays, roman universel, symbolisant le sempiternel refrain de l'humanité qui se renouvelle génération par génération, sans apprendre de ses erreurs.

Belle et vaste ambition d'un écrivain, démiurge d'un monde dont il connait tous les tenants et les aboutissants, ce roman propose dans une maîtrise absolue de l'écriture, tout un tohu-bohu génésiaque : la naissance d'une communauté, son établissement sur la " terre promise ", un début de vie paisible et de prospérité, puis des guerres intestines inévitables, et enfin l’apocalypse dans un déluge final. L'ensemble sur un cycle de cent ans, comme le titre l'indique, résumant la condition humaine.

Métaphore cynique de toute civilisation qui après avoir atteint son point d’acmé, finie inévitablement par décliner avant de disparaître. "Macondo", la ville créée, c'est le mythe de l'Amérique latine qui globalement connaît le même destin, les mêmes conflits, les mêmes problèmes sociaux, que la Colombie, pays de naissance de Gabriel Garcia Marquez.

Au commencement de l'épopée est fondé " Macondo ", née des hasards de la vie de la famille Buendia, qui en quête de sérénité, traverse la jungle afin de s'établir près d'une rivière qui sera leur jardin d'éden. Augmentée par l'arrivée d'autres personnes en recherche d'ailleurs, la population prospère dans l'innocence et la simplicité jusqu'à atteindre un "âge d'or", puis, comme par une loi inéluctable de nos sociétés fébriles et indociles, une première guerre civile sème le trouble, période de calme, puis une multinationale de production de bananes apporte un développement économique fulgurant, mais suite à de nombreux mouvements sociaux (s'achevant par un massacre), et à une raréfaction de la matière première, l'entreprise stoppe définitivement sa production, fatalement une décadence et crise s'ensuivent, sur lesquelles un déluge infernal vient solder les comptes.  

L'ensemble baigne dans une atmosphère de chaleur moite et de pluies diluviennes, qui, ajoutées à l'ennui naissant de l'usure du temps, font pressentir un futur délitement de Macondo. Les passions personnelles, les traditionnelles rivalités entre les factions politiques, tout court vers la catastrophe, vers la tragédie.

Ce roman s'affirme comme un étrange et baroque mélange de paradis et d'enfer, auquel une dose homéopathique de merveilleux,  délivre ce climat de conte surréaliste, allégeant plaisamment cette ambitieuse lecture, d'ailleurs l'auteur lui-même qualifiait son oeuvre de : " Réalisme magique ".

Gabriel Garcia Marquez dénonce le développement de la culture bananière par une multinationale capitaliste (pléonasme), qui fallacieusement, enrichit le pays, apportant une richesse inespérée mais très factice, puisqu'en réalité il ne s'agit que la mise à sac des riches de la région. Dès que l'expansion économique est terminée, on renvoie à sa léthargie un peuple déboussolé, habitué à un confort de vie désormais caduque, il est dès lors condamné à vivre dans la nostalgie de sa prospérité passée, déstabilisant ainsi le pouvoir en place, car il naît vite de cette situation désespoir et violence. Description exacte des faits vécus par l'auteur dans son village d'origine.

Bizarrerie du roman ; il n'est nul part question de date précise ou évasive du déroulement de l'histoire. Le lecteur s'évertuera à rechercher au détour d'une phrase la moindre indication de date, peine perdue, les années défilent au rythme immuable des saisons, des naissances et des décès, mais c'est tout. Pareil pour les chapitres qui ne sont jamais numérotés. Cette volonté d'intemporaliser son sujet, dénote de la part de l'auteur, une fois de plus, le besoin intrinsèque d'identifier et de généraliser son histoire à celle de l'humanité, que partout, invariablement l'histoire se répète . Comme un rappel lancinant de cette phrase de Karl Marx : " Celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à la revivre ".

Autre point important, les descendants d'une même famille portent quasi tous le même nom !      Non !       Si si, pas facile d'y voir clair et de s'y retrouver dans cet imbroglio de noms, surtout quand on sait que cinq générations se succèdent, et que certaines personnes vivent plus de 150 ans, moi-même je me suis emmêlé royalement les pinceaux plus d'une fois, j'aurais dû noter précisément chaque nom ou faire carrément un arbre généalogique des familles !

L'auteur signe ici une oeuvre incontournable à la valeur de mythe universel. Sorti en 1967 "Cent ans de solitude" ainsi que l'ensemble de ses écrits lui permettront d'obtenir 15 ans plus tard ; le Nobel de littérature.

Gabriel Garcia Marquez, d'origine colombienne vient de décéder récemment, mais son oeuvre littéraire vivra éternellement, comme une description minutieuse et intransigeante de nos sociétés.