13 juil. 2014




" L'île des oubliés " de Victoria Hislop 12,5/20


Alexis, une jeune anglaise diplômée d'archéologie, se retrouve au carrefour de sa vie, elle doit faire un choix, autant professionnel que privé. La nécessité d'une pause s'immisce en elle. Avant d'aller plus loin, un salutaire retour sur ses origines maternelles s'imposent. Mais devant le silence têtu de sa mère, elle s'envole un été avec son compagnon pour Plaka, un village sur la côte nord de la Crète, où sa mère a vécu jusqu'à ses 18 ans. Mais pourquoi ne veut-elle rien raconter de son passé ?  Et pourquoi a-t-elle fuie jusqu'en Angleterre ?

Derrière ces interrogations se cache un bouleversant secret de famille, où il est question d'une colonie de lépreux, vivant recluse sur la petite île de Spinalonga.

D'emblée, on peut penser à un énième roman de plage, qui nous fera passer un bon moment mais rien de plus, et on n'aura pas tout à fait tort, mais ici, il y a quelque chose qui fait la différence, d'où mon intérêt pour ce livre : c'est l'existence d'une petite île crétoise où étaient relégués les lépreux jusqu'à 1957, afin d'éviter toute contamination. De tout temps, la lèpre a suscitée beaucoup d’effroi à l'origine d'un ostracisme systématique, explicable par la difformité des corps et des visages, pour les cas les plus atteints. Et même si  cette maladie était peu contagieuse, dès le premier signe avant-coureur, soit l’apparition  de plaques colorées et insensibles sur la peau, le lépreux a toujours été considéré comme un rebut de la société, et de ce fait mis à l'écart.

Petit à petit, grâce à une ancienne amie de sa mère, Alexis va découvrir que son arrière grand-mère, une maîtresse d'école adulée par ses élèves, victime de la lèpre a fini ses jours sur cette fameuse île tant décriée. On s’apercevra avec stupéfaction, que malgré les drames de la maladie et le choc abyssal de se savoir définitivement séparé du reste de sa famille, une vraie vie s'était organisée sur l’îlot qui compta plus de 200 personnes. En effet, des maisons et logements individuels furent construits, des artisans ouvrirent des commerces, une vie communautaire pris forme, une autorité fut élue, des gens s'aimèrent, eurent des enfants, bref on était loin d'un miasmatique mouroir. D'ailleurs pour s'en rendre compte, des visites touristiques y sont actuellement organisées, mais rassurons-nous ce site ferma en 1957, car grâce à la science qui vainquit cette funeste maladie. 

Les croyances de contagion étaient telles, que même les allemands lors de la dernière mondiale, bien qu'ayant investis toute la Crète, n'ont jamais mis un pied sur l'île de Spinalonga.

L'auteure jongle donc avec l'Histoire et ses personnages autour de ce bout de terre, mais les ficelles, les rebondissements sont parfois un peu gros pour me séduire totalement ; en effet, un personnage qui s'avère arriviste, ambitieux et autoritaire, ne s'amende jamais. De même pour celui qui est générosité, naïveté et simplicité, il demeurera ainsi tout au long des 520 pages. Soit en simplifiant, il y a les bons et les méchants, je doute fortement que la vie soit si lisible. J'aurais aimé de l'audace, de la transgression, de l'insolence, du dynamitage des conventions, quoi !?!

Même si je puis comprendre l'envie jouissive de se laisser embarquer sous ces paysages écrasés de soleil, vers ce peuple miné par ses traditions, où les sentiments amoureux seront mis à rudes épreuves, écartelés entre les mâchoires de la maladie et les élans de la passion, parfois si peu contrôlable. Oui, je comprendrais que ce livre peut résonner comme un hymne à la vie, quoi de plus beau après tout ?

Néanmoins, cette façon si peu orthodoxe de se débarrasser de personnages devenus vieux en une ligne, cela me stupéfie, n'auraient-t-ils pas mérités une fin plus noble, plus développée, plus aboutie ?

En vérité, l'historicité de ce roman le sauve d'un anonymat qui lui aurait vite, passé l'été, tendu les bras !



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