5 janv. 2015

" Dans le jardin de l'ogre " De Slimani Leïla 14/20


Adèle, femme de 35 ans, journaliste, marié à un médecin, aurait tout pour être heureuse : un fils, un mari aimant... tout. Pourtant, c'est une femme terriblement insatisfaite. Telle une certaine Madame Bovary ! Ses soucis viennent de son propre corps qui lui revendique une indépendance liberticide. Impuissante devant cette force destructrice, elle n'aura jamais la volonté d'y opposer une résistance ferme. Inévitablement cette sexualité compulsive va la mettre en danger, puis la broyer, et inéluctablement la perdre.

Un temps elle tentera de se maintenir à la surface grâce à son fils, mais son désir transgressif pour d'autres corps ne cessera de l'aspirer vers les abîmes de la perdition. Dés lors, ce parcours s'identifiera à une descente aux enfers.

Car ces innombrables infidélités finiront par être découvert par son mari, qui, anéanti dans un premier temps par cette révélation, mettra tout en oeuvre pour secourir son épouse, en l’éloignant de la ville et de ces tentations et ainsi tenter de la sortir de cette vive névrose dépressionnaire. D'ailleurs, ne souhaitait-t-elle pas finalement être démasquée ?

Cette pathologie de la nymphomanie, gicle sous les yeux du lecteur comme une pulsion immodérée, mais là où un écrivain aurait pu en profiter pour faire glisser son récit dans une narration provocatrice et vulgaire, voire pornographique, Slimani Leïla louvoie et cible le ressenti de cette souffrance. En évitant également tout un discours moralisateur, elle élève le débat, en parlant ouvertement de ce dérèglement de nos pulsions.

Néanmoins, je ne peux que m'étonner du sujet de ce premier roman quelque peu osé ! Que nous réservera-t-elle pour le second ! Certes l'effet de curiosité fonctionne à fond, d'autant que cette jeune écrivaine, avec son jolie minois, attire inexorablement le regard.

Mais je m'écarte ici de considérations littéraires, d'autant que sa plume est alerte, soignée, ciselée et directe. Un plaisir de lecture.

Cependant, à parcourir ces courts chapitres, j'ai comme l'impression que le roman comportait au départ beaucoup plus de pages, et que, dans un souci de concision, l'auteur ou l'éditeur l'on édulcoré pour n'en garder que la substantifique moelle. 

Gonfler le passé des personnages principaux, notamment sur l'apparition et la gestion de la maladie d'Adèle avant l’apparition de son mari, aurait me semble-t-il apporté un bonus au récit, englobant et dilatant ainsi un sujet aussi fort que scabreux. Dommage.

Mais pas de doute, elle aura marquée à sa façon bien personnelle et un chouilla dérangeante la rentrée littéraire. Beaucoup de lecteurs attendront, à n'en pas douter avec une impatience certaine, la parution de son second roman.


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