" Emprise " de Marc Dugain 15/20
L'auteur nous propose dans ce roman (brûlot) glaçant, une plongée dans le monde politique actuel, au travers d'un prétendant à l'élection présidentielle avide d'un pouvoir qu'il ne veut laisser à personne, d'un président de groupe industriel, indéboulonnable de son poste grâce à son réseau et à ses dossiers, d'un syndicaliste accusé d'un double meurtre sur sa femme et son fils, d'une membre des services secrets obnubilé par son fils autiste, d'une photographe chinoise voguant allègrement d'un lit à l'autre au gré de ses intérêts personnelles et financiers, etc...
Ce roman oscillant entre politique et thriller : c'est le bal de la fourberie, du cynisme débridé, où l'intérêt personnel passe naturellement en priorité et où l'immoralité se voit élever en valeur suprême. Tous les instincts les plus infâmes prennent cyniquement une place de choix. Comme une sorte d'anti-monde des bisounours !
Si vous vous faisiez encore des idées sur nos grands dirigeants, après cette lecture, vos espérances, votre mansuétude vont exploser en plein vol, plombant votre moral pour un bon moment.
Car la force intrinsèque de ce roman ; c'est de s'inspirer de faits d'actualité et de personnages publiques réels, pour rendre justement extrêmement crédibles, les situations narrés.
La manipulation, cette pieuvre invisible qui régit la pyramide, agit à tous les niveaux. Soyons-en conscients : toute progression dans ces milieux ne se paye qu'en renvoie d’ascenseur, c'est la seule condition pour avoir une chance de rester à la table de ces hauts dirigeants. Honte de notre système démocratique.
Puisque, même s'il ne s'agit que d'un roman, ce regard froid que porte Marc Dugain, nous amène obligatoirement à poser cette grille de lecture sur nos élites actuelles. Et là, en lisant entre les lignes, cela devient implacable de réalisme ! Tant les véritables intentions transpirent de vérité.
L'écriture est limpide et efficace, tranchante. Les dialogues percutant et ciselés. Rien à redire. Par contre, l'intrigue emberlificotée à souhait, risque de finir par perdre de temps en temps l'attention de son lectorat. Voulu ou pas, en tout cas, il y a peu de chance pour qu'un lecteur avisé puisse deviner le rebondissement final.
Bref, un livre écrit au vitriol, au premier degré, qui gifle nos dirigeants, et qui restera à mes yeux, comme une pierre bien encombrante dans le jardin de notre pauvre démocratie.
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