2 févr. 2015




" Demain j'arrête ! " de Gilles Legardinier 11/20




Julie, jeune femme excentrique et célibataire de 28 ans, apprend qu'un nouveau voisin vient d'emménager dans son immeuble. Trop curieuse, elle ne peut s'empêcher de s'y intéresser, d'autant qu'il porte un nom improbable : " M. Patatras ! ". Quand enfin, après maintes turpitudes, elle le voit en vrai, c'est le déclic : ce sera l'homme de sa vie !

Le point fort du roman, c'est sans conteste son extravagance, son côté déjanté et farfelu, qui baigne tout le livre d'une aura burlesque. D'où deux scènes particulièrement cocasses et réussies, qui font sourire par leur outrance : celle où Julie, victime de son irrépressible curiosité, se coince la main dans la fine ouverture de la boîte aux lettres de son nouveau voisin, juste au moment où celui-ci arrive. Puis celle de leur premier repas en tête à tête, gâché d'abord par une explosion, puis, par une énorme fuite d'eau digne du déluge. Chapeau M. Legardinier. Mais...

Mais je suis un vieil ours mal léché !

Précisons tout de suite les choses, je peux aisément comprendre que l'on se laisse séduire par la légèreté, la bouffée d'oxygène, et les bons sentiments que génère cette lecture. En effet pour se changer les idées, rien de mieux qu'une grosse louche de bonne humeur communicative. Pas de problème. Mais moi, fieffé animal de lecture, indécrottable rustre du mot, et invétéré de la phrase littéraire, j'ai malheureusement un besoin viscéral de plus. Ah, je ne veux surtout pas faire le méchant cynique, d'autant que l'auteur m'a l'air d'un type extrêmement sympathique, accessible, généreux. Il n'y qu'à lire les remerciements en fin de roman, pour comprendre toute l'humanité de Gilles Legardinier, qui vous ferait implicitement monter les larmes aux yeux. Non, pas question de lynchage ici. 

Néanmoins, ce qu'il m'a manqué, c'est une crédibilité du récit ; voir une boulangère jouer le rôle d'une riche héritière russe ; amplifier les mystères de la vie de son voisin, page après page, pour finir en eau de boudin ; attendre plus de 400 pages pour entrevoir un premier baiser ! J'ai eu parfois l'impression de lire une histoire à l'eau de rose, nuancée par une intrigue anorexique.

Ah, si vous voulez savoir ce qui se passe dans la tête d'une jeune femme, très déçue par son dernier compagnon, se questionnant face à son avenir professionnel, et étant prête à tout pour capturer l'homme qui lui parait être l’hidalgo parfait, ce roman est pour vous !

Par contre je nuancerais mon propos sur le questionnement professionnel de Julie, à savoir : Suis-je heureuse dans mon boulot d'employée de banque ? Suis-je à l'aise avec le baratinage que nous scandons à nos clients pour placer nos produits financiers ? Puis sa décision de changer de métier pour devenir vendeuse en boulangerie-pâtisserie m'interpelle. En effet, elle soulève le problème que se posent beaucoup de personnes, à savoir : Faut-il garder un métier pas trop mal rémunéré, mais où l'on ne s'épanouit guère ? Où est-on prêt à bosser dans un domaine peu lucratif, mais qui autorise un épanouissement personnel ?

Bref, un livre qui divertit : oui. Un roman de plage : oui. Insolite et loufoque : oui. A lire avec insouciance et frivolité : oui. Et tant pis pour tous ces pisse-froid comme moi, qui ne veulent que des livres de fond faisant avancer les idées, les idéaux et les idéalismes ! 


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