" La cuisinière d'Himmler " de Franz-Olivier Giesbert 13/20
Du haut de ses 104 ans, Rose est un personnage truculent. A l'hiver de sa vie, et désireuse de faire partager celle-ci, tant ces tribulations furent carnavalesques, elle décide de l'écrire sans tabou.
Rose est née en 1907 en Turquie, elle subira de plein fouet le génocide arménien. Puis fuyant d'horribles protagonistes, elle s'arrêtera à Marseille où, d'autres misères l'attendront. Enfin, recueillie et adoptée par une famille campagnarde en Provence, elle apprendra le bonheur et la cuisine. Malheureusement le destin ne la laissera pas longtemps en paix, car ses bienfaiteurs décédant brutalement, elle sera confiée à d'épouvantables cousins. Cependant elle s'enfuira avec l'amour de sa vie à Paris, ouvrir un restaurant. Puis elle souffrira de l'horreur du nazisme, avant de connaître celui du maoïsme.
De toutes ces ignobles péripéties, elle gardera comme une douleur au fond d'elle, le désir incoercible de vengeance. Qu'elle mettra en oeuvre avec délectation, afin d'apaiser ses blessures profondes, comme une catharsis.
L'ensemble forme une épopée drolatique d'une femme qui aime la vie et qui ne doute de rien, allant jusqu'à bout de sa logique passionnée et scandaleuse.
Franz-Olivier Giesbert se saisit du créneau de la dérision, pour faire traverser à Rose toutes les abjections de cet affreux XXème siècle. C'est d'ailleurs l'originalité du roman, qui n'est pas sans faire songer à celui de Jonas Karlsson " Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire", dont les similitudes entre l'invraisemblance des situations, l'âge des protagonistes (centenaires tous les deux) et les personnalités rencontrées (Staline, Mao, Hitler, Himmler, que des gens sympathiques !) les rapprochent plus que ne les divisent.
Cependant, ce roman picaresque aurait gagné à être plus développé, plus abouti, en effet, les situations se succèdent trop vite, sans approfondissement, comme-ci le lecteur ne devait surtout pas s'ennuyer ou réfléchir, à l'instar de Rose qui agit plus par pulsion qu'après introspection.
Indéniablement, la force de ce livre, c'est ce personnage féminin inflexible, animé d'une féroce rage de vivre, allant jusqu'à assouvir tous ses désirs les plus immoraux : qu'ils soient sexuels ou assassins !
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