19 août 2016


" Les putes voilées n'iront pas au Paradis ! "  de Chahdortt Djavann  18/20


Ce roman est un choc, un brûlot incandescent, un bâton d'explosif, qui interpelle fortement, parce qu'il s'inspire d'une réalité effroyable et pourtant si peu éventée. 

Désormais, après cette lecture vous y penserez chaque fois que l'actualité évoquera ce pays moyen-oriental qu'est l'Iran, pays de souffrance pour la femme, cachée sous un tchador, à l’instar de tant d'autres pays musulmans. 

Chahdortt Djavann, d'origine iranienne, nous passionne avec le destin en parallèle de deux fillettes aux physiques parfaits et aux visages d'anges (une malédiction en Iran), séparées à l'âge de douze ans. L'ensemble est coupé par les témoignages glauques et obscènes venus d'outre-tombe de prostituées assassinées, pendues, lapidées, bref victimes de la permissivité d'un Etat abject, mais cherchant juste un moyen de subsistance, dans un pays où la valeur de la femme est la moitié de celle de l'homme.

Ces femmes authentiques nous bouleversent profondément par leur vérité noire, par la justesse de leurs propos, et par l'injustice qu'elles supportent, à jamais gravée dans nos mémoires volages de lecteurs.

Chahdortt Djavann a l'art de dessiller nos regards vis à vis de la condition de la femme iranienne en général et principalement celles qui pratiquent le plus vieux métier du monde. Tous ces malheurs ont débuté en Iran depuis le départ du Shah et l'arrivée de l'ayatollah Romeny en 1979. Avec une verve parfois crue, mais toujours fulgurante, elle soulève le voile de ce qui doit rester caché, non-dit. La folie islamiste prend un sens contradictoire avec d'un côté la haine viscérale de la chair, du corps des femmes, et du plaisir, avec les mises à mort que cela engendre, et de l'autre côté, l'obsession des hommes, mollah compris, et leur permissivité quasi sans limite ! 

En Iran, la femme doit se contenter de son mari, alors que lui peut posséder quatre femmes, plus des femmes momentanément sous contrat, dites de substitution ou considéré comme mariage de plaisir, sans compter les visites chez les prostituées qui elles, au vue de la loi islamique, sont vouées aux plus infâmes traitements : acide, fouet, lynchage... la mort ne peut être alors qu'une délivrance pour celles qui n'ont pas eu la chance de naître homme.

Officiellement en Iran la prostitution est un crime, cependant les hommes qui les traitent pire que des chiennes sont tout à fait dans leur droit aux yeux de la loi ; et s'ils en assassinent une, ils sont considérés, toujours aux yeux de cette même loi inique, comme de bons musulmans !

Chahdortt Djavann éprouve une haine farouche à l'égard de son pays natal, perclus de corruption, livré aux mains de radicalistes religieux, dont les contradictions sont abyssales, rejetant toutes leurs fautes sur le dos des femmes, soumises et corvéables à merci, et qui n'ont qu'un seul droit : celui de mourir, et encore... en silence !

Ce voyage au pays des 1001 nuits des mollahs proxénètes n'est autre qu'un cri légitime et dénonciateur, hurlé à la face d'une humanité qui porte si mal son nom car sourde et aveugle !

A la lecture de ce récit écrit avec les tripes, on ne peut s'empêcher de penser, une fois de plus, à la responsabilité des religions, de toutes les religions qui tout au long de l'histoire de l'humanité ont semé haine et massacre, et tout cela au nom d'un Dieu, forcément hypothétique, qui se garde bien de bouger le moindre petit doigt !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire