Yoa et Georges sont un vieux couple de nonagénaire irrévocablement sur le déclin. Yoa est originaire d'une tribu indienne d'Alaska, les Tlingits, et souffre de la maladie de Charcot ; ses jours sont comptés. Georges est un ancien professeur universitaire de linguistique, très amoureux de sa femme, et qui souhaiterait lui faire un cadeau inestimable pour son départ. D'où leur recherche d'un jeune couple, qu'ils pensent avoir déniché, afin de leur faire une proposition aussi alléchante... qu'improbable : concrétiser leurs rêves. Seulement, pour se faire, les deux jeunes en question - Soline, une violoncelliste de grand talent, et Illian, un spécialiste des plantes vertes, du moins de leur utilisation à des fins pour le moins sécuritaire - devront accepter un deal si atypique, qu'ils ne pourront faire l'économie d'une vraie réflexion sur leurs valeurs intrinsèques, la force de leur engagement en tant que couple et leur vue sur l'avenir.
Difficile d'en dire plus sans dévoiler ce qui fait tout le sel de ce roman.
Partant de cet original et improbable spitch, Didier Van Cauwelaert va faire bouillir son imagination - qu'il a très fertile - dans son chaudron, son dessein : nous servir une soupe littéraire digne d'un grand cuisinier des mots. Seulement, à vouloir trop bien faire en y mettant un excès de tout, ce mets en devient trop roboratif tant les péripéties foisonnent. Les certitudes des protagonistes varient souvent et les changements d'humeur jouent les girouettes en pleine tempête ; plus une somme de rebondissements, de coups de théâtre qui jouent les kangourous hystériques ; sans parler d'un homme de 92 ans qui nage le dos crawlé comme personne et qui au volant fonce à 170 Km/h. STOP ! On se calme, on respire, et on prend du recul.
Il est dommageable qu'une plutôt bonne idée de départ se mue en course furieuse. D'autant que toute la partie historique sur le passé de la tribu Tlingits : sa façon de vivre, ses traditions et ses terres annexées, petit à petit, sous les coups fourbes de la politique américaine, tout ceci méritait un généreux développement qui aurait certes plombé le rythme fou du roman, mais qui l'aurait fait entrer dans une autre dimension en ouvrant le champ des possibles, des digressions et autres considérations adventices. Du reste Didier Van Cauwelaert en est parfaitement capable, d'autant qu'il possède une écriture belle et agréable, il a juste cédé à la facilité, on lui pardonne.
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