11 mai 2019

" Summer "   de Monica Sabolo   12/20

      Journée radieuse sur les rives du Lac Léman. Lors d'un pique-nique entre jeunes, Summer Wassner, une belle blonde de 19 ans, se volatilise. Elle était pourtant là, courant dans les fougères sur ses longues jambes nues, puis, le temps de regarder ailleurs, elle s'est évaporée. Disparue tout à la fois parmi le vent, la chaleur, les herbes, les arbres... ou l'eau sombre du lac !
      Vingt-cinq ans après, son frère cadet, Benjamin, est toujours perturbé et submergé par des vagues de souvenirs qui inlassablement remontent à la surface et viennent s'échouer dans sa mémoire. Luttant contre la dépression, connaîtra-t-il un jour le fin mot de l'histoire ?

      Summer, à l'instar de l'auteure, est une fille de l'eau, une addict de l'immersion dans l'eau douce, baignoire, piscine ou lac, peu importe. Cette manie liquide traduit-elle un malaise ? Cette eau est-elle un baume salvateur pour laver des blessures secrètes ? Sa disparation près du lac est-il en relation avec ses tourments, son mal-être.

      Une série de flash-back révèle des tensions, des disputes dans la famille pourtant aisée, où tout devrait n'être qu'harmonie et douceur de vivre ; sous le vernis du passé apparaît une noirceur à la fois toxique et complexe.

      Derrière ce drame sans cadavre, se niche la force destructrice des secrets de famille, ces choses que l'on met sous le tapis pour, soi-disant, éviter de meurtrir des personnes proches. Cependant, ces mystères, à force d'être tus, creusent des ornières, qui, avec le temps, s’agrandissent et finissent souvent en abîme, créant en définitive plus de mal que de bien. Accepter de faire mal sur l'instant, plutôt que de risquer un séisme général. Par son récit minutieux et ciselé, Monica Sabolo excelle dans la mise en place d'une angoisse sous-jacente qui enfle telle une tumeur grâce à une plume jonglant entre onirisme fantastique et traumatisme organique.

      Néanmoins, la multiplication de flash-back, la lenteur apathique de l'évolution de la trame, le puits sans fond des arcanes psychologiques, les incessantes arabesques circonvolutionnaires de la langue, m'ont épuisée, lassé, puis franchement agacé ! 

      L'intention était louable, la réalisation plus discutable et plus perfectible. Sans vouloir pour autant ne garder que l'essentiel, une bonne dose d'élagage me semble nécessaire. Par le désir de vouloir faire tout ressentir aux lecteurs toutes les nuances et les moindres ambiguïtés, Monica Sabolo finit par plomber une histoire qui ne le méritait vraiment pas. Dommage.



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