27 juil. 2019

Styliser un lagon en pièce montée !
Impossible !   Bah... non !
















A très vite !

Visions fugitives du jardin estival
Partie 3




Premier tournesol de l'été !




Toutes premières tomates de juillet.




Explosion florale
chez notre amie la Lavatère !




Les châtaignes de l'automne
débutent une belle croissance.




A l'écoute du vent d'ouest, d'est et de sud,
les platycodons !




Belles promesses pour septembre !




Ponctuant le vert du jardin
d'une touche rouge sang
Madame la rose !




Dressée tels des suricates,
la Gueule de loup,
ou la Linaire commune




Interlude vintage !



Zinnias à la recherche...
du temps perdu !



Première cucurbitacée !



Terre, ici les Cosmos !



Veillant sur le potager,
deux maïs géants,
et leurs épis !




Trop peu connue,
la fleur de la Guimauve !



D'échevelés pois de senteur !



Toute la folie stylistique,
de la fleur du chèvre-feuille !



Bouquet final de fleurs de tournesol,
on dit qu'elles ne sont pas toutes contentes !


Merci de votre visite, à bientôt.


22 juil. 2019


" Le poète " de Michaël Connelly   17/20

      Durant l'hiver 1996, Jack McEvoy, chroniqueur judiciaire d'un journal de Denver : le Rocky, apprend avec stupeur le suicide de son frère jumeau Sean. Celui-ci était inspecteur de police, il enquêtait sur le crime particulièrement odieux d'une étudiante de l'université de Denver, Teresa Lofton, retrouvée coupée en deux dans un parc de la ville.
      Durant les heures et les jours qui suivent, Jack McEvoy est en pleine réflexion : Pourquoi son frère se serait-il tiré une balle dans la bouche dans son véhicule de fonction ? D'autant qu'il n'a laissé aucune lettre, à part une vague phrase incompréhensible écrite dans la buée du pare-brise << Hors de l'espace et hors du temps >>. Mettant en doute la version officielle, Jack va mener sa propre investigation, une enquête qui le guidera sur les traces d'un serial-killer et qui bousculera l'arrogant FBI.

      Je n'ose en dire plus, moins vous en saurez dans les premières pages, plus votre plaisir croîtra, enfin, si on peut parler de plaisir devant le glauque et le sordide de l'histoire. Cependant, dès l'incipit : La mort c'est mon truc, c'est grâce à elle que je gagne ma vie votre curiosité est excitée et vous pousse à aller voir plus loin ce qui se passe, trop tard, vous êtes foutu !

      Bien que ce roman policier comporte plus de 750 pages, il est inconcevable d'en achever sa lecture sur le long terme tant celle-ci est rendue addictive par une tension parfaitement calculée qui grimpe en flèche au fil des chapitres. Quelques jours doivent suffire pour en venir à bout, mais attention aux nuits blanches !

      Avec Le poète, certains parlent d'un roman culte, d'autres le hissent au niveau d'un Raymond Chandler ou d'un James Ellroy, ce qui est sûr c'est que Mickaël Connelly a concocté une intrigue redoutablement maligne qui vous trimbale où elle veut avec une efficacité redoutable.

      Au-delà des protagonistes du roman, s'immisce l'esquisse d'une réflexion sur tous ces êtres humains incapables de maîtriser leurs pulsions, qu'elles soient sexuelles, sadiques ou assassines. Bien souvent ces personnes ont été tourmentées dès leur jeunesse ou même leur enfance. Elles ont parfois été la victime et la suppliciée avant d'être le bourreau et l'assassin. Toute société, dans un souci de compréhension, d'honnêteté et de justice, doit s'interroger sur l'origine du mal profond, sur la faible poussée qui crée le basculement vers l'inacceptable et l'impardonnable.
      Au travers de la psychologie des personnages principaux, Michaël Connelly aborde ces abîmes intérieurs, ces traumatismes récurrents du passé qui vous plombent des parties entières de vie, si ce n'est plus. Cependant, et c'est mon premier seul bémol de ce polar, cette analyse aurait mérité un plus grand développement, offrant au livre une autre dimension intrinsèque de l'âme humaine - on était plus à quelques dizaines de pages près - à moins de voir cet enjambement comme une impossibilité réelle de pénétrer au coeur de l'inconscience de chacun de nous en vue d'une dissécation factuelle ?
      Mon deuxième bémol vient justement du titre, Le poète, qui se réfère au meurtrier, jalonnant ces soi-disant suicides de vers issus des poèmes noirs d'Edgar Allan Poe - Ah, difficile de ne pas divulgâcher ! - cette piste, par son originalité, était digne d'une explication approfondie, capable de justifier le choix de tel ou tel vers. D'autant qu'Edgar Allan Poe est considéré par beaucoup comme le premier écrivain de roman policier. On le pressent, la passerelle était belle et ambitieuse, mais l'exploitation n'est pas à la hauteur de l'espoir engendré. Tant pis !
      Après réflexion, j'ai un troisième bémol sur le feu, je vous le mets aussi pour le même prix : N'y a-t-il pas un rebondissement de trop ? Avec l'avant-dernier, toutes les explications rentraient dans les cases, la boucle était bellement bouclée. Cependant, avec ce tout dernier coup d'éclat totalement inattendu, les différents éléments s'ajustent moins bien, ça déborde un peu des casiers de rangement ! Sous prétexte d'un ultime et surprenant rebondissement fallait-il créer un décalage qui se voit un peu trop au regard du manque d'explications qu'il génère ?
     Néanmoins, mis à part ces petits pinaillements dignes de ma rationalité parfois envahissante, je le concède, ce roman tient ses promesses, d'autant que fidèle à ses autres polars, l'écriture est au cordeau, tout est important, la moindre nuance fait sens. Michaël Connelly habite son oeuvre.

      A noter le plaisir de nous décortiquer tous les jeux d’influences et de notoriété qui se jouent au sein de la rédaction entre journalistes d'une part et avec le rédacteur en chef d'autre part, d'aucuns étant plus avides de sensationnel que d'une réelle enquête d'investigation. Il y a comme du vécu là-dedans, pas surprenant quand on connaît les débuts de carrière journalistique de l'auteur.

     Michaël Connelly s'avère être une plume qui sait jouer avec nos nerfs, sachant nous délivrer, avec Le Poète, un combat au sommet entre l'innocence et la perversité.




10 juil. 2019

" Couleurs de l'incendie "   de Pierre Lemaitre 16/20


      Février 1927, suite au décès de Marcel Péricourt, sa fille, Madeleine, devient l'héritière de l'empire financier qu’avait créé son père. Cependant, lorsque son fils Paul fait une chute tragique, elle a bien autre chose à penser qu'à perdre son temps dans des considérations gestionnaires et boursières. Fallacieusement manipulée par les hommes ivres de pouvoir, Madeleine connaîtra le déclassement et la ruine. Puis, pour l'amour de son fils elle mettra tout en oeuvre pour rebondir face à une société rimant avec phallocratie.

      Oubliant vite le temps du deuil, mais pas celui des affaires, l'auteur nous dresse une série de portraits affligeants d'arrivisme : il y a Charles, le frère de Marcel Péricourt, un politicien sans scrupule ayant réussi sa carrière de député grâce aux appuis de son aîné ; puis Joubert le fondé de pouvoir, rêvant d'une reconnaissance qui ne vient pas, il profite de sa situation privilégiée pour se servir allègrement ; sans oublier Delcourt, le précepteur de Paul à la pédagogie atypique et qui ambitionne une carrière de chroniqueur dans la grande presse, enfin Léonce, la gouvernante, si belle et si influençable. Un vrai panier de crabes !

      Avec en toile de fond les braises des futurs incendies nazis et fascistes qui ne tarderont pas à ravager l'Europe, Pierre Lemaître nous décrit une société viscéralement misogyne où les femmes n'ont toujours pas le droit de vote - contrairement au Royaume-Uni - et où gouverner rime avec ambitions personnelles et corruptions à tout va. Les choses ont-elles vraiment changées depuis ? D'autant que les résonances, pour ne pas dire les équivalences, se croisent dans chaque chapitre entre les années 1930 et aujourd'hui ; il n'est pas rare de mettre tel ou tel nom actuel sur l'un des protagonistes du roman. Tel un jeu où l'auteur semble follement s'amuser.

      La plume de Pierre Lemaître tout en étant élégante et émouvante sait devenir provocante et espiègle, voire même cynique et révoltée. Par l'écriture et par l'intrigue me sont revenues des résurgences de romans anciens tels ceux d'Alexandre Dumas avec parfois une légère pointe de Tolstoï.

      L'ensemble est plaisant à lire, j'en conviens assurément, cependant, j'émets un léger bémol qui m'a perturbé dans les premiers chapitres : dans le tome précédent, puisque celui-ci vient à la suite d'Au revoir là-haut, prix Goncourt 2013, le personnage de Madeleine était une femme volontaire et mordante qui ne se laissait pas abuser, ici, du moins au début, l'état d'esprit de Madeleine n'a rien à voir, il semble bien terne, pâlot, ayant perdu toute velléité, comme l'ombre de lui-même. Bien sûr, par la suite Madeleine se réveillera et reprendra des couleurs à l'aune de sa redoutable vengeance, mais ce décalage m'a néanmoins surpris.

      Au travers de la vengeance d'une femme, c'est toute une société qui défile sous la plume acerbe de Pierre Lemaitre. Le rythme est soutenu, les protagonistes corrompus à souhait, les sentiments exacerbés, que demander de plus ?


Rappelez-vous l'histoire
du petit chaperon rouge !













A bientôt pour un autre conte !

8 juil. 2019

Visions fugitives du jardin estival.
Partie 2



Des boules de neige à foison.
 L'hydrangea Annabelle.




Je ne m'en lasse pas !




Pas la forme d'une rose,
pour cette trémière est bien rose !




Ne fleurit que le soir et pour toute la nuit,
la fleur d'Onagre.

   


Syrphe se gobergeant de pollen
sur la Véronique en épi. 




Un peu de fraîcheur,
à l'ombre des topinambours !




D'un rose lumineux,
la fragile Lavatère !




Barnabé à moitié caché,
entre les pieds de maïs, de choux,
de courgette, de blette, etc. 




Interlude crépusculaire.




Pas de souci au jardin,
 et pourtant !




Passage bien sage,
de Monsieur scarabée !




Entre fleurs blanches et violettes,
le pied de bleuets !




Fleurs de Fuchsia pendouillantes !




Feu d'artifice de Coréopsis !




Bouquet final de fleurs d'Hortensias !


5 juil. 2019


" Shibumi "   de Trevanian   18/20


      Nicholaï Hel est né à Shanghai d'une aristocrate russe. Les vicissitudes de la vie feront de lui un apatride. Tout jeune, il quitte la Chine avec sa mère pour vivre au Japon. Passionné, puis subjugué par l'art subtil du jeu de go, Nicholaï en fera une doctrine de vie qui résonnera en lui tout au long de son existence.
      Après une carrière très aventureuse, il se retire dans sa propriété du Pays Basque en compagnie d'Hana, son exquise compagne. Un jour, une jeune femme d'origine israélienne, traquée par une organisation internationale, vient solliciter son aide. 

      Ne comptez pas sur moi pour vous en dire plus, ce serait divulgâcher bêtement un futur beau et grand plaisir de lecture. D'ailleurs, pour chaque roman, moins on en sait au départ, plus la joie de la découverte est magnifiée. Et je ne dénoncerai jamais assez ces quatrièmes de couverture si bavardes qu'elles arrivent à résumer entièrement le livre, à quoi bon se lancer dans sa lecture après cela, il ne reste plus qu'à s'accrocher au style, mais quand il n'y en a pas !?!

      Shibumi fait partie de ces romans atypiques et protéiformes dont on ne sait pas à la lecture des premières pages où l'auteur veut réellement nous emmener. Comme le dit si bien Stéphanie Banon, propriétaire de la librairie Charlemagne à La Seyne-sur-mer : On croit partir sur un roman d'espionnage, mais cela va bien au-delà de ça. On croit partir sur un roman historique, et cela va bien au-delà de ça. On croit partir sur un roman philosophique et cela va bien au-delà de ça. De toute façon, la qualité de l'écriture et la finesse de la plume de l'auteur nous entraînent sans effort sur un chemin baroque où bouillonnent à la fois une puissance absolue et la sérénité des jardins japonais.

      En vérité, Shibumi est le portrait d'un homme bousculé puis façonné par les soubresauts de l'histoire d'un monde en pleine guerre mondiale, au point de ne plus vouloir en faire réellement partie, cherchant sa vie, sa vérité, sa raison de vivre ailleurs... et notamment dans les valeurs traditionnelles du Japon : pureté, fidélité, dignité, héroïsme et un amour inconsidéré pour la nature, celle d'où nous venons, celle qui se déploie toujours avec harmonie et sagesse. De plus, le personnage de Nicholaï Hel tutoie la perfection, cette sorte de samouraï moderne est incroyablement beau, particulièrement intelligent, redoutablement polyglotte et de plus, c'est un sportif de haut niveau, que demander de mieux ? Il tient le rôle du chevalier idéal, celui qui saura pourfendre la cynique idéologie de l'ouest axée autour de deux pôles : le profit et le matérialisme. Sa force intrinsèque réside dans le secret de la philosophie existentielle qu'est le shibumi : art hédoniste mettant l'accent sur la retenue et la mesure. Nicolaï fédère également par son rejet viscéral de la médiocrité, en tout point il vise l'excellence, aspirant à l'élévation sous toutes ses formes, qu'elle soit physique intellectuelle ou spirituelle.

      Avec ces dialogues, pour le moins savoureux, l'auteur se livre à une critique acerbe de l'Occident et particulièrement de l'Amérique, état marchand par excellence, prêt-à-tout pour déployer un peu plus son hégémonie sur les peuples du monde, axant principalement ses actions autour de la captation des ressources énergétiques de la planète.

      De par sa nature atypique, Shibumi se distingue des habituels romans d'espionnage. Il transcende le genre en le hissant à un niveau d'exception, grâce à des références, à un humour décapant, à une misanthropie jubilatoire et à une poésie indéniable. Grâce à toutes ces particularités, si bien agencées, on pourrait anoblir ce roman en le qualifiant de chef-d'oeuvre.

      L'ensemble est divisé en six chapitres d'inégales longueurs, chacun d'eux porte le nom d'une phase du Shibumi, cet art japonais frôlant l'épicurisme et le bonheur de ressentir toute la beauté naturelle du monde jusqu'au plus profond de soi-même. Tel un idéal de vie, où une forme harmonieuse de simplicité rime avec un accomplissement du moi intime.

      Volontairement, j'ai voulu rester très évasif sur le contenu du roman, j'aurais pu vous parler d'une certaine Volvo, d'un jardinier météorologue, de la dangerosité d'une simple paille, de spéléologie, d'un gnome époustouflant de puissance, d'une rare variété de fleurs poussant uniquement sur la montagne basque, etc, mais vous découvrirez tout cela par vous-même, car Shibumi, par son extravagance hors-normes et son originalité quasi anthologique, est un divertissement haut de gamme qui ne saurait être autrement que votre prochaine et incontournable lecture !

      A noter la grande qualité des poches de l'édition Gallmeister, une imprimerie ignorant la moindre bavure, un papier délicat, un parfum envoûtant et une iconographie remarquable. Que demander de plus ?