Dans l'état du Mississipi, une vieille famille du Sud, hautaine et autrefois prospère, chute inexorablement dans la misère et l'abjection. A côté d'elle, une famille d'anciens esclaves subsiste comme elle peut. Dans chaque famille, trois générations s'y déchirent.
J'ai eu beau m'accrocher à ce livre, pensez-donc : mon premier William Faulkner, j'ai eu beau relire certains passages pour mieux en saisir l'insaisissable, j'ai eu beau y mettre tout mon coeur de grand lecteur, j'ai eu beau, soir après soir, me remettre courageusement à la tâche avec une nouvelle hargne, rien n'y a fait, ce livre m'est définitivement tombé des mains ! Et pourtant, je ne suis pas de ce genre de lecteur à abandonner facilement, pensez donc, Boussole de Matthias Enard, livre hautement difficile à terminer, est passé comme une lettre à la poste ! Mais là, je suis tomber sur un os littéraire. Un os comme on en rencontre rarement !
Honnêtement, qui a pu venir à bout de cet obscur objet littéraire ? Un esprit supérieur, sans aucun doute. Un lecteur digne de ce nom, un homme d'une sagesse infinie, un bouddha quoi ! N'étant rien de tout cela, je me fais tout petit et passe mon tour humblement.
Mais pourquoi William Faulkner s'est-il amusé à embrouiller avec excès, une histoire qui n'en avait pas besoin ? Pourquoi pousser le vice de l'hermétisme au point d'écrire un livre de presque 400 pages d'une façon si confuse, si abstraite, qu'il figure, à n'en point douter, parmi les livres les moins lus du globe ? Tout écrivain n'a-t-il pas le souhait d'être lu par le plus grand nombre ? Apparemment non !
L'histoire est composée en quatre parties, chacune narrée à travers un monologue intérieur par un personnage différent. La première se déroule le 7 avril 1928, la deuxième le 2 juin 1910, la troisième le 6 avril 1928 et la dernière le 8 avril 1928, pour ce qui est de la chronologie, on est déjà dans les choux ! Pour expliquer la pénibilité intrinsèque de la lecture, voici juste un exemple : Le narrateur de la première section se nomme Maury et/ou Benjamin et/ou Benjy, c'est un homme de 33 ans au cerveau atrophié, tel l'idiot du village. Dans sa longue narration il passe d'une idée à une autre au hasard de ses sensations. Tout s'enchaîne par association d'idées naissant d'un mot, d'un geste, d'un bruit ou d'un parfum. Ce papillonnage incessant m'a étourdi au point de perdre pied dans ce puzzle océanique.
Outre le fait que les protagonistes sont pléthores, deux prénoms identiques, sont attribués à deux personnes différentes ! De plus chaque narrateur oriente les faits suivant sa sensibilité, les omissions ne sont pas rares et les mensonges encore moins ! Puis souvent le temps dérape sur une même page, passant allègrement de 1910 à 1928 et vice versa ! Une maman n'y retrouverait pas ses petits !
Le pire dans tout cela, c'est que l'intrigue, abordant des thèmes universels, était porteur de grandes espérances. En effet, ordonné de façon classique, cette bouillie informe pouvait se muer en chef-d'oeuvre intemporel ! Quel dommage !
Trop énervé par tant de gâchis, alors qu'il y avait matière à tant de choses, j'ai peur d'avoir été un peu sévère dans ma notation !!!
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