18 févr. 2020

" Je, François Villon "   de Jean Teulé   12/20



      Le même jour, Jeanne d'Arc est brûlée,  François de Montcorbier/Villon naît et son père est pendu, c'était le 30 mai 1431. Six ans après, sa mère sera atrocement suppliciée. Elle aura le temps de confier son fils au chanoine Guillaume de Villon juste avant son exécution. En ce compréhensible et intelligent homme de foi, François trouvera un nom, un père et un protecteur inconditionnel. Guillaume tentera de lui inculquer la droiture, l'honnêteté et la foi. Cependant, même s'il fréquente l'université de Paris, où il apprendra le grec et le latin, il existera toujours en lui une âme d'insurgé. Ainsi, il côtoiera les miséreux, les prostituées et les assassins les plus retors. Durant sa courte vie, 30 ans, il accomplira tous les actes qu'un homme puisse commettre. Il écrira, raison pour laquelle on le connaît aujourd'hui, des poésies où sa liberté d'écrire sur tous les sujets semble absolue. Ce chantre inextinguible de toutes sortes de libertés disparaîtra un jour de 1463 sur la route menant à Orléans. Personne ne sait ce qu'il est devenu.

      Comme tout le monde, je connaissais François Villon et sa poésie de nom, en dehors de cela, strictement rien ! D'où mon fervent intérêt pour cette biographie. La claque que j'ai pris fut d'une folle violence.
      D'abord pour le rendu d'une époque où la vie humaine ne valait pas un sou. La plume de Jean Teulé nous régale d'un Paris moyenâgeux où le sordide le dispute à la souillure et à la condamnation rapide par l'église.
      Et ensuite pour la folie existentielle du poète, passant du vol au meurtre, puis à l'écriture, sans ciller le moins du monde, et vise-versa.

      Néanmoins, les faits narrés de la vie de François Villon sont tellement immondes qu'une question se pose rapidement : sont-ils conforment à la réalité historique ? Jean Teulé nous fait-il prendre nos vessies pour des lanternes ? Apparemment, il a pris beaucoup de liberté avec ce que savent de façon formelle les historiens. A partir d'éléments indiscutables, l'auteur nous brosse, grâce à une plume joyeuse, grandiloquente et paillarde, toute une littérature d'inspiration personnelle. Il échafaude ainsi des hypothèses (la mère de François aurait été enterrée vivante), invente à son gré bien des situations glauques et criminelles (François égorge une prostituée ou offre sa belle dulcinée à des assassins et violeurs), faisant de François Villon un être immoral, cynique, sans la moindre compassion. Dès lors, le brillant poète ne peut que choir de son piédestal ! La vérité, ou du moins ce que l'on sait n'autorise personne à affirmer comme réaliste cette vie d'anarchiste sanguinaire. Dès lors, ce roman n'est qu’hypothèse bien hypothétique ou d'élucubrations bien fanfaronnes et présomptueuses sorties du cerveau surchauffé d'un auteur qui veut choquer. Fallait-il aller jusqu'à ces extrêmes ? Pour Jean Teulé, la quête de la liberté absolue ne doit souffrir d'aucune condition. Mais alors, s'il veut raconter une histoire d'inspiration villonienne, pourquoi ne pas changer le nom de son protagoniste et ainsi écarter toute possibilité de prendre ses mots au pied de la lettre par n'importe quel lecteur un brin candide ?

      Néanmoins, toute la partie ambiance moyenâgeuse, avec le vocabulaire qui lui sied, est appréciable et audacieuse, malheureusement, quand l'auteur part dans l'outrance sur Villon, mes réserves m'obligent à décliner l'invitation à ce lynchage littéraire d'un homme dont au final on sait peu de choses.




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