La Provence vers 1930. Angelo est un jeune aristocrate italien, idéaliste et noble de coeur. Malgré un attachement passionné pour son pays natal, il est contraint de le fuir afin d'échapper à une justice qui le condamnerait au pire pour avoir causé la mort d'un officier autrichien lors d'un duel. Passant sur l'autre versant des Alpes à cheval, il débarque en Provence où une dimension apocalyptique le saisit : la région est en lutte contre une épouvantable épidémie de choléra. Afin de rejoindre Manosque, où vit son frère de lait, Angelo devra se frayer un passage parmi des tombereaux de cadavres dans un pays en pleine désolation.
Le hussard sur le toit est un beau et long roman qui nous plonge dans une société en perte de repères. Que reste-il quand tout s'effondre autour de nous ? Quelle ligne de conduite faut-il adopter quand le chaos règne ? L'altruisme et la morale ont-ils encore lieu d'être ?
En dépit de ses grandes qualités, ce roman me laisse mitigé. Certes, Jean Giono excelle dans les descriptions de la nature, il n'a pas son pareil pour écrire sur la chaleur écrasante et éblouissante de l'été, toutes ses représentations des pauvres victimes du choléra sont dantesques de vérité et d'épouvante, les portraits des différents interlocuteurs apparaissant tout le long de la route d’Angelo sont révélateurs de sensibilités complexes, toutefois, tous ces éléments admirablement traités sous la plume disserte de l'écrivain, le sont justement un peu trop. Trop est d'ailleurs le mot qui m'est revenu souvent en mémoire, en effet, tel le choléra quasi présent à chaque page, tout est en excès, tout est en outrance, cela déborde de partout, comme-ci la nature trop généreuse - de l'auteur - en remettait constamment une couche. Car assurément, l'histoire contée mérite narration. Ce road-movie provençal est pertinent par bien des côtés, notamment la multitude de réaction d'une population confrontée à l'indicible. Par toutes ses surenchères, j'ai eu le sentiment, de la part de Jean Giono, d'une recherche de perfection digne des plus grands, digne d'un chef-d'oeuvre. Pêché d'orgueil d'un homme qui veut laisser une trace dans l'histoire de la littérature ? C'est du moins la perception que j'en retire. A côté de cela, le film que Jean-Paul Rappeneau en a tiré est d'une fluidité et d'une lecture remarquable. Pourquoi ? Parce qu'il a su extraire du roman la substantifique moelle, celle qui parle au coeur de façon universelle, sans fioriture plombante et sans érudition assommante.
Cependant, revenons au roman qui s'ouvre et se poursuit tout du long comme une enchanteresse ode à la nature, celle que plus personne ne voit, celle qui est à notre origine, celle dont nous faisons intrinsèquement partie. Cet intérêt est tel, de la part de l'auteur, qu'elle semble être le personnage principal de l'oeuvre, les autres protagonistes n'étant là uniquement dans le dessein de la mettre en valeur, tels des figurants.
Pendant cette lecture, certains passages se sont révélés particulièrement abscons, j'en veux pour preuve l'avant dernier chapitre, où un vieux médecin, du haut de son vécu nous fait tout un laïus sur la vraie origine du choléra et des raisons de sa propagation foudroyante. Sa logorrhée, pour partiellement incompréhensible qu'elle soit, possède néanmoins un fil conducteur : la condition humaine où plus exactement les sentiments sibyllins qui traverse l'Homme quand une apocalypse le frappe. Ainsi, dans Le hussard sur le toit, l'épidémie de choléra n'est qu'un prétexte pour mettre en avant toute cette cohorte de jalousies, d'envies, de détestations, d'indifférences, de répulsions, d’égoïsmes et de couardises qui habitent si souvent le coeur des hommes, et qui au final serait la véritable source de ce fléau et de notre vulnérabilité. Par conséquent, et par le truchement de la maladie, Jean Giono nous confronte à nos peurs, à nous-mêmes, aux misérables que nous sommes, à notre hypocrisie, afin de tenter de faire renaître au coeur de chacun la flamme d'un humaniste respectueux et vertueux envers l'autre et envers un élément essentiel pour Jean Giono : Mère Nature !
Le hussard sur le toit est un beau et long roman qui nous plonge dans une société en perte de repères. Que reste-il quand tout s'effondre autour de nous ? Quelle ligne de conduite faut-il adopter quand le chaos règne ? L'altruisme et la morale ont-ils encore lieu d'être ?
En dépit de ses grandes qualités, ce roman me laisse mitigé. Certes, Jean Giono excelle dans les descriptions de la nature, il n'a pas son pareil pour écrire sur la chaleur écrasante et éblouissante de l'été, toutes ses représentations des pauvres victimes du choléra sont dantesques de vérité et d'épouvante, les portraits des différents interlocuteurs apparaissant tout le long de la route d’Angelo sont révélateurs de sensibilités complexes, toutefois, tous ces éléments admirablement traités sous la plume disserte de l'écrivain, le sont justement un peu trop. Trop est d'ailleurs le mot qui m'est revenu souvent en mémoire, en effet, tel le choléra quasi présent à chaque page, tout est en excès, tout est en outrance, cela déborde de partout, comme-ci la nature trop généreuse - de l'auteur - en remettait constamment une couche. Car assurément, l'histoire contée mérite narration. Ce road-movie provençal est pertinent par bien des côtés, notamment la multitude de réaction d'une population confrontée à l'indicible. Par toutes ses surenchères, j'ai eu le sentiment, de la part de Jean Giono, d'une recherche de perfection digne des plus grands, digne d'un chef-d'oeuvre. Pêché d'orgueil d'un homme qui veut laisser une trace dans l'histoire de la littérature ? C'est du moins la perception que j'en retire. A côté de cela, le film que Jean-Paul Rappeneau en a tiré est d'une fluidité et d'une lecture remarquable. Pourquoi ? Parce qu'il a su extraire du roman la substantifique moelle, celle qui parle au coeur de façon universelle, sans fioriture plombante et sans érudition assommante.
Cependant, revenons au roman qui s'ouvre et se poursuit tout du long comme une enchanteresse ode à la nature, celle que plus personne ne voit, celle qui est à notre origine, celle dont nous faisons intrinsèquement partie. Cet intérêt est tel, de la part de l'auteur, qu'elle semble être le personnage principal de l'oeuvre, les autres protagonistes n'étant là uniquement dans le dessein de la mettre en valeur, tels des figurants.
Pendant cette lecture, certains passages se sont révélés particulièrement abscons, j'en veux pour preuve l'avant dernier chapitre, où un vieux médecin, du haut de son vécu nous fait tout un laïus sur la vraie origine du choléra et des raisons de sa propagation foudroyante. Sa logorrhée, pour partiellement incompréhensible qu'elle soit, possède néanmoins un fil conducteur : la condition humaine où plus exactement les sentiments sibyllins qui traverse l'Homme quand une apocalypse le frappe. Ainsi, dans Le hussard sur le toit, l'épidémie de choléra n'est qu'un prétexte pour mettre en avant toute cette cohorte de jalousies, d'envies, de détestations, d'indifférences, de répulsions, d’égoïsmes et de couardises qui habitent si souvent le coeur des hommes, et qui au final serait la véritable source de ce fléau et de notre vulnérabilité. Par conséquent, et par le truchement de la maladie, Jean Giono nous confronte à nos peurs, à nous-mêmes, aux misérables que nous sommes, à notre hypocrisie, afin de tenter de faire renaître au coeur de chacun la flamme d'un humaniste respectueux et vertueux envers l'autre et envers un élément essentiel pour Jean Giono : Mère Nature !
Dans toute cette noirceur cholérique, l'apparition du personnage de Pauline de Théus, même si elle est relativement peu présente, sonne comme une épiphanie. En effet, cette jeune aristocrate enlumine le récit d'un halo bienfaiteur. Animée d'une singulière volonté, elle possède ce qui chacun aimerait avoir : une âme noble.
Certains parallèles peuvent être tirés entre ce roman et La peste d'Albert Camus, s'ils ne dénoncent pas exactement les mêmes travers, les deux oeuvres se servent d'une terrible maladie pour mettre en évidence les aberrations du comportement humain, à deux pas d'un égocentrisme archaïque et déshumanisant.
A la fois passionnant et ardu, Le hussard sur le toit mérite naturellement d'être lu aujourd'hui pour l’universalité de ses thèmes centraux même si la langue volubile de Jean Giono peut, par son amplitude, agacer parfois.
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