26 mai 2020

Visite du jardin printanier.


Partie 5



Feu d'artifice de céanothe.



Pivoines dispersées !



Pivoines resserrées !



Puis rosies au soleil !



Toute la beauté des jeunes femmes...
euh... des jeunes feuilles de rosier.



Maman et papa artichaut,
avec leur deux enfants
au centre !



Quand le jardinier est un peu artiste, et
décide d'une pelouse en deux couleurs !



Gouttelettes de rosée sur la belle !



Nuances de vert
sur bébés feuilles de châtaignier
mouillées par la pluie.



Lupins seuls avec eux-mêmes !



Ou avec effet graphique !



Ou encore avec bébête cachée ! 



En alpiniste du ciel
ou en grimpeuse effrénée :
la cardamine.



Nouvelle expérience du printemps :
la culture sur butte.



Avec, jusqu'à aujourd'hui,
un résultat plutôt probant.



Vue du ciel...



... puis vue de la terre !



Sur mon tas de foin,
cherchez bien,
la bébête est encore là !


Sous protection de forçage,
quelques plants de tomate Coeur de boeuf.



Tels des ballons qui s'envolent,
une graminée appelée Ovatus !



Ça tombe bien, j'avais un petit creux !



Bah... je prends aussi !



Une belle centaurée ou bleuet
en pleine légèreté.


Photo de famille florale,
allez, on sourit !




Quelqu'un qui vous dit au revoir.
Regardez-bien sur Bouddha.


23 mai 2020


" Danser les ombres "   de Laurent Gaudé   18/20



      Début Janvier 2010, la jeune Lucine fait le voyage de Jacmel à Port-au-Prince pour annoncer le décès de sa soeur Nine. La ville réveille chez Lucine la réminiscence des heures affectives, jubilatoires et sinistres des manifestations d'étudiants contre le pouvoir en place 5 ans plus tôt. En reprenant contact avec Port-au-Prince, Lucine sait qu'elle n'en repartira plus, elle doit rebâtir, ici, l'avenir qu'elle s'était promis à l'époque.

      Laurent Gaudé est un écrivain voyageur jonglant entre douceur poétique et réalisme tranchant. Il le prouve une fois de plus en orchestrant un ballet apocalyptique entre les vivants et les morts dans une effroyable tragédie sismique.

      D'emblée, Danser avec les ombres se vit comme une plongée dans le coeur d'une ville bouillonnante où le vacarme de la circulation, les parfums des marchés, le grouillement d'une population et les croyances vaudoues composent toute l'âme d'un pays, d'une nation. Parmi cette effervescence, quelques existences s'entremêlent : il y a Lucine, souhaitant reprendre sa vie d’antan ; Firmin, ancien tonton macoute recyclé en chauffeur de taxi, qui tue son ennui avec des combats de coqs ; Saul, médecin sans diplôme, offrant ses connaissances aux plus pauvres ; Jasmin, un géant obnubilé par les femmes mariées ; Lily, une jeune femme atteinte d'une maladie incurable ou encore le vieux Tess, n'aspirant qu'à la convivialité dans son ancien... bordel ; sans oublier, planant sur la ville, l'ombre de Nine, Nine la voluptueuse, Nine la mangeuse d'hommes.

      L'oeuvre se scinde en deux parties équilibrées, la première décrivant, après des années de combat contre la dictature des Duvalier (père et fils) et celle d'Aristide, un retour à une existence plus douce où la vie reprend enfin un cours relativement normal, l'autre partie raconte l'horreur d'une terre qui s'ouvre pour manger ses enfants (plus de 230 000 morts et autant de blessés le 12 janvier 2010), puis, passé le désastre, comment les individualismes s'allient en un effort pragmatique pour extirper des mâchoires de la terre les vies qui peuvent encore être sauvées, ou les corps sans vie. Enfin, Laurent Gaudé convoque Camille Saint Saëns et sa Danse macabre pour faire bouger ensemble, dans une ronde frénétique et une communion solennelle, l'ombre des morts et les corps des survivants. 

      Une nouvelle fois, comme il l'avait déjà fait dans Les portes des enfers, Laurent Gaudé, réinitialise le thème de la mort, cette fois-ci sous l'angle vaudou, c'est-à-dire entouré de toute la panoplie liée à cette superstition : esprits en vadrouille, signes mystérieux, présences suspectes et phénomènes inexplicables. A partir de là l'auteur jongle avec la frontière, parfois ténue, séparant la vie de la mort. Au point de ne plus être surpris de voir des morts se mêlant, s'associant, s'imbriquant à la vie quotidienne d'une population que rien ne surprend, trop habituée à voir la mort déambuler partout. Dès lors, avec cet énoncé découle une interrogation : quels personnages sont déjà morts, sans le savoir ?

      Aidé d'une plume lyrique, Laurent Gaudé nous dessine, malgré le poids écrasant des épreuves que le peuple haïtien, peuple maudit, a subi depuis la nuit des temps (esclavage, ouragans, dictatures, tortures, séismes), une solidarité et une fraternité indispensables à tout peuple digne de ce nom, traçant ainsi la route à une belle résurrection, inhérente à l'existence d'un demain.
      A la fois célébration de l'amitié, danse macabre et hymne à la renaissance, Danser avec les ombres dresse également un vibrant hommage au courage du peuple haïtien. De surcroît et en miroir, il conceptualise un devoir de mémoire à la cohorte de tous ceux qui nous ont quitté. Ce roman, s'il était musique, porterait simplement le nom de... Requiem, d'un magnifique Requiem à l'image de celui de Mozart, ou encore mieux... de Brahms. Quand la littérature s'osmose avec la musique dans un fantastique universalisme.



18 mai 2020

" Eldorado "   de Laurent Gaudé   18/20


      Le commandant Salvatore Piracci navigue au large des côtes italiennes dans le dessein d'appréhender les bateaux des émigrants clandestins. Il est le gardien, depuis 20 ans, de la vieille forteresse Europe. Cependant, suite à diverses expériences profondément humaines, sa foi en sa mission traverse une sérieuse zone de turbulence. Très vite, il fait le constat que sa vie n'a plus de sens, et ne songe plus qu'à s'évanouir au monde.
      Simultanément, au Soudan, deux frères, rêvant d'un monde meilleur, entreprennent le long et périlleux voyage vers l'Europe.

      Tout homme a le droit à l'espérance d'un monde plus humain. A chacun d'abolir les frontières, à chacun de se réaliser, à chacun de faire résonner sa voix, d'exister. Pour cela, pour atteindre sa terre promise, il faut accepter de suivre un chemin tortueux et miné. Cependant, peut-on donner un sens à sa vie sans souffrir ? Sans contrainte, peut-on accéder à l’antichambre du bonheur ? L’accès à une sorte de plénitude, de félicité a un prix. C'est une quête vers une douce chimère que nous raconte Laurent Gaudé.
      L'eldorado est un sublime hommage à tous ces hommes et femmes condamnés à l'errance sur des chemins de poussière ou des mers tempétueuses. Confiant leurs vies à des individus sans morale, ils sont iniquement confrontés à des états politiques frileux bien trop réalistes et pragmatiques pour leurs utopies idéalisées.

      Laurent Gaudé nous séduit inlassablement, livre après livre, grâce à sa plume oscillant entre poésie et sensibilité. Tous ses textes regorgent d'une profonde humanité. C'est l'écrivain des gens du malheur, de ceux qui sont écrasés par les forces tyranniques du destin. Les évoquer aussi simplement, aussi humainement, c'est reconnaître ceux que tant de gens ignorent, c'est dire la souffrance inextinguible des peuples quand certains se gavent impunément des richesses du monde.

      A la fois, trajectoires tragiques et quête d'un Eden, Eldorado est une ode aux hommes et femmes pleins d'un espoir intarissable.

      

8 mai 2020

Visite du jardin printanier.


Partie 4



Pois de senteurs en pleine escalade !



Au lever du jour,
panique chez les marguerites,
le soleil est déjà là !



Plante au nom improbable et pourtant vrai :
l'Ailante glanduleux !
Originaire de Chine... tiens teins !
Ça a plus de gueule que le covid 19 !
Mais tout aussi envahissant !



Une envolée de cardamine !



Puis une envolée d’Artichauts !



Et enfin, une envolée de trèfle incarnat.



Toutes premières feuilles de chêne vertes.
Pardonnez, à gauche, les petits pois,
toujours prêt-à-tout pour se faire voir !



Tiens, revoilà la bêbête du jardin !



Perdus sous la verdure du chèvre-feuille,
deux timides clématites.



Grande rareté au jardin,
elle a concédée à m’honorer de sa présence : l'Alysse jaune !



Autre rareté : l'Ancolie violette !
Cadeau de la Dame-Nature.



C'est pas vrai... encore elle !



Sûrement une double Amanite porphyre.
Enfin... faudrait goûter pour savoir.
Des volontaires ?



T'as beau te cacher,
on ne voit que toi !



Quand l'angélique explose en fleurs !



Grand destructeur de paillis : 
le saligaud de merle !



Jeux de lumière.


  
Plagions encore Monet :
Impression soleil levant.


A très vite !

5 mai 2020

" Alexis Vassilkov ou la vie tumultueuse du fils de Maupassant "   de Bernard Prou 9/20


      Une épopée qui s'essouffle, épuisée par les contorsions historiques.

      Deux ans avant sa mort en 1891, Guy de Maupassant connaît une idylle avec une jeune modèle et peintre russe : Lioubov Vassilkova, de leur unique étreinte naît Alexis. A l'âge de 13 ans, celui-ci repart avec sa mère pour Saint Pétersbourg où la révolution gronde. On le retrouve en 1936 à Moscou, où Alexis, devenu psychiatre, fait partie de l'entourage très proche de Staline. Celui-ci, voyant sa personnalité de névrosé et de paranoïaque découverte par Alexis, l'envoie au goulag sibérien de Mirny. Notre Alexis s'initie alors à la franc-maçonnerie avant de s'évader promptement... etc, etc, etc. Infini est la route !

      Pauvre Maupassant ! Que vient faire son nom dans cette galère ? Que n'ait-il fallu qu'il serve juste de caution ? Ravir Guy au nez et à la barbe de ses admirateurs pour un coup de pub mercantile afin de vendre un roman... quelconque !
      Peut-être suis-je sévère et injuste, mais ces péripéties, que tant de gens ont encensés, y compris le respectable et atypique Gérard Collard, m'est apparu comme un foutage de gueule ou l'arnaque littéraire de l'année. Je m'explique : Alexis Vassilkov est un homme impavide, nul sentiment ne le traverse, ou si peu. Sa vie pendant les purges staliniennes, puis son arrestation et sa déportation dans un goulag au milieu d'assassins qui s'étriquent allègrement, laissent notre homme de marbre, tout ceci le laisse froid, comme-ci les millions de morts inhérentes à la politique sanglante de Staline, ne le concernaient pas !?! 
      En outre, devant l'empilement de situations qui ne doivent rien au hasard d'une vie, j'ai franchement eu l’impression que Bernard Prou s'est emparé de son débonnaire Alexis pour aller le balader partout où il se passait quelque chose d'historique. Ainsi, d'innombrables éléments clés de l'Histoire et d'événements anecdotiques comme cette ascension en ballon du 24 juillet 1904, ont été vécus, en chair et en os, par notre "reporter tintinesque " : Alexis l'omniprésent, Alexis l'invulnérable, Alexis l'éternel placide, Alexis le guérisseur, Alexis le saint ou plutôt : Saint Alexis, prenez soin de nous... Amen !!!
      De plus, pendant sa sévère détention au goulag, il connaît à son tour une idylle, avec la belle et tendre yakoute prénommée Ayami, celle-ci tombe enceinte en 1937 pour accoucher le 4 avril 1939 !?!
      De surcroît, sa mère qui tient un rôle très important dans la toute première partie du roman, disparaît corps et âme par la suite ! Cette même mère vit à Leningrad pendant le siège nazi qui dura plus de 1000 jours : aucun mot là-dessus, comme-ci cette partie là de l'histoire n'avait pas inspiré notre Bernard Prou !?!

      Et enfin, notre Guy Maupassant national, lui aussi passé rapidement aux oubliettes. A quoi bon s'encombrer avec les morts !?! Se servir d'un tel personnage littéraire pour faire si peu, quel dommage.

      Avec sa rapidité de progression échevelée, bondissant d'une strate historique à l'autre, l'auteur se refuse de faire exister ses protagonistes, tous sacrifiés sur l'autel des rebondissements ininterrompus, certainement pour ne pas laisser aux lecteurs une once d'ennui. Mais parcourir 90 ans de l'histoire de la France et de la Russie, avec tous ces drames, en moins de 400 pages, relève de la gageure, de l’idiotie et de l'absurdité.

      Néanmoins, malgré ce déferlement de critiques, je dois reconnaître l'agréable plaisir de quelques traits humoristiques. De même, certains passages m'ont séduit comme Le repas autour du plat d'écrevisses, ou certaines phrases notamment : Ce pays n'est qu'un assemblage de prisons emboîtées comme des matriochkas. Quand on en ouvre une, on y découvre une autre à l'intérieur?  encore les déclamations d'une bonne soeur devant une situation ingérable : Par la bite du Christ ! Que Dieu vous encule tous ! Cependant, ces petites pépites ne peuvent oublier cette course effrénée à travers le temps. Si l'auteur, avec un peu de recul s'était aperçu que son roman en contenait 1000, il aurait pu alors donner toute la dimension historique à chacun des événements bouleversant qu'il bâcle en quelques pages.

      Devant tous ces "mots passants", ce roman incontournable pour une majorité du lectorat, que je peux comprendre : c'est facile à lire et plutôt plein d'espoir, pour ces gens là, c'est un roman qui fait du bien. Cependant, à mes yeux ce livre indubitablement contournable. Lisez plutôt, sur l'effroyable histoire de la Russie, l'intelligent roman de Robert Littell : Requiem pour une révolution. Là, vous en aurez pour votre argent, et pour votre plaisir de lecture. A bon entendeur, salut !