5 sept. 2020


" Le confident " de Hélène Grémillon   15/20



      Paris 1975. Peu de temps après avoir annoncé à sa mère sa grossesse, Camille, une éditrice trentenaire, voit celle-ci décéder dans un accident de la route. Dans la flopée de lettres de condoléances, une, plus épaisse que les autres, attire son regard. Écrite par un certain Louis, ce courrier atypique lui raconte la jeunesse de deux enfants nés dans les années 1920. Camille est-elle la vraie destinatrice de cette lettre ? 

      Ne comptez pas sur moi pour déflorer plus l'histoire, moins vous en saurez, plus votre plaisir de lecture sera grand.

      Sur fond de seconde guerre mondiale et sous une intrigue retorse, Le confident est un de ces romans que l'on a envie de relire aussitôt pour vérifier la véracité du final. En effet, tous les éléments nécessaire à la compréhension, sont là, sous nos yeux, depuis le départ, leurs enchevêtrements et les flash-back les ont dissous dans l'histoire, les rendant invisibles au lecteur, et pourtant...

      Pour résumer le roman en deux questions, je dirai : Comment peut-on fusiller sa vie sur l'autel d'un instant de compassion et de générosité ? Ou comment, sous la pression d'une société poussiéreuse et conservatrice, une jeune femme jusque-là parfaitement équilibrée, peut-elle devenir psychologiquement instable et manipulatrice, au point de se muer en un être machiavélique, sans le moindre remord ?

      Sous une forme principalement épistolaire, Hélène Grémillon nous propose un roman articulé autour de différents points de vue. Chacun d'entre eux possède une certaine légitimité et s'harmonise autour d'une singulière intégrité, néanmoins, aucun d'entre eux ne suffit pour saisir l’entièreté du propos. Cela n'a pas été sans me remémorer ce film d'Akira Kurosawa intitulé : Rashômon, pour les plus cinéphiles d'entre vous.

      Sous une plume fluide et espiègle, l'auteur s'amuse à soumettre ses protagonistes à une forte tension psychologique. Peu lui importe, les descriptions des paysages et des personnages, ou d'approfondir le décor historique du roman. Non, un seul objectif : gonfler une intrigue alambiquée autour de non-dits. Il faut lui reconnaître un certain talent pour parvenir à orchestrer une telle partition où l'alternance des pensées peut étourdir plus d'un lecteur !

      Après avoir lu la dernière ligne, et son ultime rebondissement, vous n'oserez plus faire la moindre promesse à la légère !

      

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