" Watership down " de Richard Adams 9/20
Véritable expérience de courage, d'abnégation et de survie... chez les lapins !!!
Sortie en 1972, et vendu à plus de 50 000 000 d'exemplaires, ce roman surprend énormément, avant de séduire... ou pas !?!
Dans les fourrés de la campagne verdoyante du Sud de l'Angleterre vit, sous un régime autoritaire, une communauté de lapin dit de Garenne. Un jour, présentant une grande menace sur leur société, Fyveer, un lapin chétif et de piètre naissance, décide de partir à la recherche d'une terre nouvelle. Une poignée de ses congénères vont l'accompagner dans sa recherche d'un monde meilleur. Bravant mille dangers, leur quête prend l'allure d'une incroyable odyssée.
Il faut vraiment aimer les lapins et se passionner, sans limite, pour leurs aventures pour avaler les 540 pages du roman ! D'autant que le style manque sensiblement de relief et que les péripéties de ces lapins traînent, un tantinet, en longueur. Certes, quelques rebondissements ont lieu (pour une histoire de lapins c'est normal), certains personnages deviennent attachants, mais la trame narrative s'alanguit à un tel point que le livre m'est souvent tombé des mains, ne voulant pas céder trop vite aux sirènes de l'abdication, je l'ai ramassé, mais quand le cœur n'y est plus, j'ai fini par poser un lapin à mes rendez-vous de lecture après la 250ème page, non sans avoir été lire un résumé sur Wikipédia, ce qui était tout aussi bien !
Malgré ces péripéties de lecteur déçu, cela ne m'empêche pas d'avoir un avis sur le fond. Bien que l'auteur s'en défende, que d'allégories ou de symbolismes ou encore d'anthropomorphismes se glissent derrière cette histoire de lapins ! Et en premier lieu : l'exil. Comment ne pas faire le rapprochement avec le peuple hébreu à la recherche de la Terre promise ? La colline de Watership down, tient naturellement lieu de paradis où enfin les lapins pourront mener une vie paisible. D'autant que, de la garenne totalitariste d'où ils viennent, certains d'entre eux étaient considérés comme des lapins de seconde catégorie, des moins que rien. Dans cette quête vers l'inaccessible étoile, comment ne pas songer au célébrissime Seigneur des anneaux de Tolkien ? De même, n'y-a-t-il pas des similitudes avec l'Odyssée d'Homère en regard de la figure du héros (Hazel) qui s'affirme tout seul grâce à son courage et à son altruisme. Et que dire de celle de Cassandre (Fyveer), dont les dons de voyance sont enfin crus par ses congénères ? D'ailleurs, cette chevauchée en milieu hostile empreinte beaucoup à la Bible, et principalement à l'ancien testament. Il n'y a qu'à lire les nombreuses références au dieu Krik, sans oublier un final digne d'une montée au ciel.
A la décharge de Richard Adams, il faut reconnaître qu'il prône de belles valeurs : le courage, la solidarité, la compassion. Cette histoire de lapins touche par son message universaliste. Les passages mythologiques d'un aïeul particulièrement rusé, ont quelques choses du fameux goupil dans le Roman de Renart. Ce livre souligne également la destruction de la Nature avec ses petits animaux par l'Homme et son désir inassouvi de s'approprier la terre sans se préoccuper du petit peuple qui y vit déjà depuis une éternité.
Avec du style, avec un élagage conséquent, ce roman aurait pu gravir les marches vers une reconnaissance universelle. Néanmoins, je dois être dans l'erreur, car pour dépasser les 50 millions d'exemplaires vendus cela doit relever du chef-d'oeuvre... enfin... je connais un livre vendu à 2 500 000 000 d'exemplaires dans le monde depuis sa parution : la Bible, pour ne pas le citer, et dont l'écriture est d'une platitude folle, d'un style inexistant et qui raconte une histoire sanglante et abracadabrantesque ou se mêlent exterminations et sacrifices. En effet, sa lecture m'a demandé un puits d'abnégation, mais comment passer à côté d'un tel succès mondial ? Tout cela pour dire que des chiffres colossaux de vente n'attestent en aucune façon les qualités intrinsèques du texte. Et puis, franchement, qui l'a réellement lu jusqu'au bout ? Cette question est valable également pour la Bible.
Pour conclure, ce roman est avant tout une belle et intelligente lecture pour la jeunesse, et étant un vieux briscard, il était impossible de m'y enthousiasmer.
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