12 mars 2021




 " Dépôt de bilan "   de Annie Lebaillif   17/20


      Tout au long de dix histoires entremêlant souvenirs personnels et digressions romantiques, Annie Lebaillif nous balade des années 60 jusqu'à aujourd'hui. De tous ses éclats de vie, il en ressort les moments forts qui ont construit sa personnalité, passant de la naïve dactylo ignorante des codes de la société, à la bienfaitrice œuvrant dans l'humanitaire et découvrant un pays de corruption. Le livre s'avère comme une forme originale de récits initiatiques. Grâce à une plume affirmée, on discerne, sous les coups de buttoirs d'une jeunesse impulsive, une société en phase de mutation qui peine à sortir d'un patriarcat omniprésent et prétendu omniscient.

      Parmi la dizaine d'histoires, La grande île aurait pu s'orienter vers une rédaction plus longue et même donner lieu à un roman. Cette narration possède une telle richesse de paysages, de parfums, de sentiments, d'anecdotes et de condition humaine, qu'elle ne demande qu'à s'émanciper de son carcan, qu'à élargir ses ailes pour atteindre l'envergure de son ambition.

      Ayant relu récemment La pitié dangereuse de Stephen Zweig, j'ai décelé maintes similitudes dans le style de la plume ; au premier abord, l'écriture semble simple, mais il s'agit d'un facilité fallacieuse. En effet, rapidement on ressent la nécessité du mot juste et du parfait ordonnancement de la phrase ; tout le reflet d'un honnête travail de ciselage. Cette sensation, je l'avais précédemment perçu, de façon vive, lors de la lecture de son premier roman : La vie sans ailes (critiqué dans ces mêmes pages).

      Mon seul regret vise l'ampleur de l'exercice, une dizaine de récits supplémentaires, du même acabit, aurait permis de renouveler le plaisir et de mieux appréhender la structuration exhaustive d'une vie.

      Derrière la danse des mots transparaît une profonde humanité, et cela est peut-être le message essentiel de ces dix récits : essayer d'être là pour l'autre.


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