" Churchill " de Andrew Roberts 19/20
Grâce à des archives nouvellement accessibles accouplées à un gigantesque travail de recherche, Andrew Roberts nous donne à lire une biographie bouillonnante sur un personnage hors-norme : Winston Leonard Spencer Churchill. Cette somme de travail nous révèle la mesure du destin incroyable de cet homme surnommé aussi : le Vieux Lion.
La vie de Winston Churchill est d'une richesse si exceptionnelle qu'il serait vain d'en faire sur cette page une liste exhaustive. Cependant, en voici les soubresauts. Sa vie débute sous les affres de l'abandon parental : sa mère, d'origine américaine, préférait courir les réceptions mondaine ; son père, un aristocrate victorien, jouait le mari volage et intriguait comme député conservateur en fomentant des cabales politiciennes. Ainsi, l'enfance du jeune Winston fut malheureuse, seule sa nourrice lui prodigua une véritable affection ; il la remercia en veillant à ce qu'elle ne manque de rien le restant de sa vie. L'auteur comptabilisa 66 lettres d'amour de Winston pour ses parents, contre 6 missives parentales toutes pleines de reproches comme : Tu ne seras qu'un raté de la société. Ou encore : Ton existence finira par dégénérer dans le malheur, la bassesse, la futilité. Son père ne vécut pas assez longtemps pour voir ses prédictions désavouées, et de quelle manière ! Sont-ce ces négligence et férocité affectives qui donnèrent à Winston, ébloui par le parcours de Napoléon, un désir et une foi inextinguibles de réussite ? Il est permis d'y croire.
Né en 1874, Winston Churchill devint, entre autre, Premier Lord de l'Amirauté de 1911 à 1915, locataire du 10 Downing Street de mai 1940 à juillet 1945, puis à nouveau premier ministre d'octobre 1951 à avril 1955, sans oublier qu'il reçut le Nobel de littérature en 1953. Et ceci n'est que la face visible de l'iceberg...
Grâce à la plume légère et précise d'Andrew Roberts, le lecteur s'imprègne sans effort de la vie d'un homme qui aurait pu mourir de nombreuses fois, mais qu'un destin ou qu'une sorte d'ange gardien avait réussi à protéger pour qu'il devienne un jour celui qui se dressa, seul, face au nazisme, quand toute l'Europe avait capitulé. Sa volonté de fer, sa foi insatiable en la démocratie, sa faconde inégalable, sa longue expérience politique et militaire, sa confiance indéfectible dans le peuple anglais, lui avait permis de proclamer un NON catégorique à Hitler, quand, même dans son propre parti politique, l'immense majorité prônait une capitulation immédiate aux retombées incalculables pour le restant du monde libre.
Loin d'être une hagiographie, cette biographie n'édulcore aucunement les erreurs de Churchill. Elle les pose à plat, les soupèse, et les compare aux prises de décisions judicieuses, leur donnant ainsi le poids d'une plume face à l'enclume des bénéfices engrangés.
S'il est une qualité particulière du grand homme, il faut souligner son étonnante force de prédiction, sa capacité à anticiper l'avenir, à pressentir un danger qui ne se concrétiserait que des années plus tard, comme avec le nazisme ou le stalinisme.
Parmi ses aptitudes, il possédait une excellente mémoire qui lui permettait de réciter des textes entiers de poésies, même des années après. Il avait aussi le don, en cas de victoire incontestable, de ne pas écraser ses adversaires politiques même si la lutte qui les avait opposés fut acharnée. Noblesse oblige. Même si ses opinions sur la politique colonialiste de l'Empire britannique vont à l'encontre de l'idéologie actuelle, ses points de vues, notamment au sujet de l'Inde, sont d'une pertinence intéressante, portant une vision qui dénote une responsabilité digne des plus grands. Et que dire de ses avertissements face à l'islamisme agressif et invasif, et cela dès la fin du XIXème siècle ! Grand visionnaire vous dis-je !
Winston Churchill réunit tant de qualités en une seule personne, qu'il se positionne définitivement comme un homme extraordinaire au destin incomparable. Il avait rendu tant de services inestimables à son pays, que lors de sa cérémonie funèbre, la Reine Elisabeth II créa un précédent en prenant la décision d'y assister en personne - marque toute particulière de faveur royale - car les souverains n'allaient uniquement qu'aux obsèques des membres de leur famille.
Incontestablement ce livre est une somme à la démesure de l'Homme qui marqua de son empreinte indélébile le Royaume britannique.
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