" Mon désir le plus ardent " de Pete Fromm 12/20
Si Maddy avait deux résolutions, c'était bien de ne jamais tomber amoureuse d'un jeune homme de son âge et encore moins s'il était guide de rivière ; seulement le destin, avec l'excentricité qui le caractérise, lui fait rencontrer Dalt, et toutes ses résolutions volent en éclats. Dès lors, armés de leurs vingt années chacun, ils s'engagent dans une histoire d'amour atypique et absolue, d'abord en se mariant sur les berges de la Buffalo Fork, dans le Wyoming, puis en décidant de fonder une famille. Seulement le destin, encore lui, décide de plomber sévèrement cette vie harmonieuse de petits bonheurs. Le couple résistera-t-il à ce bouleversement de leur existence ?
Déroulée avec tendresse, servie par une écriture expressive et tendue, la narration trouble et effraie souvent, nous renvoyant à nos propres responsabilités. Chaque phrase gratte la surface de leur relation de couple, chaque chapitre ouvre un aspect différent de l'épreuve à affronter, telle une bombe à fragmentation. Malgré leur optimisme affiché, on a l'impression qu'un rien pourrait faire basculer leur union dans les affres d'un déchirement irréversible. Néanmoins, derrière la souffrance et la crainte, derrière l'ironie et le sarcasme se dissimule une époustouflante ode à la vie.
Cependant, il faut quelque temps pour saisir et démêler les tenants et les aboutissants de l'histoire, tant les premières pages semblent un peu brouillonnes. Ensuite, il faut s'habituer aux ellipses du temps : chaque chapitre peut être séparé du suivant par plusieurs mois, voire plusieurs années. Il faut aussi assimiler les abréviations successives et aléatoires de tous les prénoms : Dalton devient Dalt, puis Da ! La déstabilisation est récurrente, peut-être faut-il la mettre en parallèle avec l'épreuve subie par Maddy et Dalt. Pour finir mes réprobations, j'ai étouffé sous l'omniprésence des dialogues, ils sont trop prégnants et ne laissent qu'une place infinitésimale à la nature. Pourtant, entre les rivières, les prairies, les arbres, les animaux sauvages, et que-sais-je encore, il y avait de quoi gonfler le roman d'une ampleur environnementale qui aurait pu alléger la lourdeur du propos. Et la collection Gallmeister n'est-t-elle pas réputée pour sa nature writing ?
Malgré la force intrinsèque du thème, le traitement qu'en fait Pete Fromm m'a singulièrement décontenancé, néanmoins, les critiques dithyrambiques sont si nombreuses que je dois avoir tort. Je suis en quelque sorte déçu de ce sentiment de déception. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de songer à ce que d'autres auteurs, tels David Vann ou Jean Hegland auraient pu écrire sur le même sujet.
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