22 août 2021


 " La vie secrète des écrivains "  de Guillaume Musso  8/20


      Après le succès populaire et critique de ses trois premiers romans, le célèbre écrivain Nathan Fawles décide de poser définitivement sa plume et de partir vivre, en retrait du monde médiatique, caché sur une île sauvage de la Méditerranée.

      Deux décennies plus tard, ses romans n'ayant jamais cessé de captiver un lectorat grandissant, Mathilde Monney, une jeune journaliste, débarque sur l'île avec la ferme intension d'éclaircir ce mystère.

      D'emblée, avec cette intrigue, deux noms viennent instantanément en mémoire : Philip Roth et S.D. Salinger. Question implicite : le roman est-il dûment digne des oeuvres de ces deux écrivains de renom ?

      Apparemment là n'est pas le souci de Guillaume Musso, ce qui l'intéresse juste : glisser une trame genre thriller derrière le mystère que peut représenter la vie de certains grands hommes de lettres. Sans vouloir déflorer le suspens, force est de reconnaître l'imprévisibilité de la résolution de l'intrigue aux rebondissements multiples et effroyables, malgré une bonne pelletée d'invraisemblances. Par moment, je ne savais plus si je lisais du Musso ou du Bussi, tant le jeu de miroir m'a fait osciller entre l'un et l'autre. Au tout début, j'ai même cru avoir retrouver mes 12 ans et lire un nouveau livre de la collection verte : Les six compagnons.

      Il peut être amusant de voir comment l'auteur imbrique dans son récit des noms d'écrivains ou de leurs oeuvres ; comment il se glisse derrière le rideau opaque de l'écriture et de la vie d'un écrivain ; comment celui-ci entremêle le vrai et le faux dans une danse faustienne; ou comment il encadre son récit dans un écrin bien personnel avec une mise en abîme séduisante. Cependant, tout ceci en fait certes, un honorable roman de plage, mais mon exigence de vieux lecteur chafouin y trouve trop peu de pitance pour me rassasier véritablement. Il eut fallu enjamber la rambarde de la bienveillance, pour chuter dans des eaux plus troubles et hisser son niveau d'écriture loin d'une simplicité si affligeante, digne d'un collégien.

      Après réflexion, avec ce roman faisant appel à de grandes références, je me demande si Guillaume Musso ne fait pas un complexe, après avoir été un auteur à succès auprès d'un très (trop) large public, ne loucherait-il pas du côté d'une reconnaissance critique, mordu par le vif désir de pouvoir enfin patauger dans les mêmes eaux que ceux qu'il cite si allègrement.

      Quand on sait que Guillaume Musso fut invité à La grande librairie de François Bunel pour ce livre, je me demande si ce n'est pas tout simplement pour des questions d'audience.

      Sous le glacis d'un thriller sanglant aux incohérences abyssales et à une fin insoupçonnable, Guillaume Musso rend un hommage modéré et simpliste à la littérature. Du Musso quoi !?!


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