Ce roman apocalyptique reflète une parfaite illustration de la glaçante théorie de l'effondrement.
Un grain de sable, un rien, ou un presque rien dans la marche contemporaine du monde : un cyclone ; mais un cyclone d'une ampleur inédite ravage la côte ouest des Etats-Unis. Bon, me direz-vous, il n'y a plus qu'à reconstruire. Pas si simple, car dans l'incapacité de rembourser les faramineux dégâts, les compagnies d'assurance font faillites, les unes après les autres. Par voie de conséquence, tout le système bancaire américain, plombé par une multitude de nouvelles bulles financières prend l'eau, puis s'enraye, et enfin se disloque par effet domino : c'est la banqueroute américaine, qui, par ricochets de l'économie capitaliste, devient mondiale. Conséquence : aucune liquidité disponible. Les unes après les autres, toutes nos sociétés ultra-modernes s'écroulent. Plus d'énergie disponible, c'est plus d'internet, plus d'essence, le monde entier plonge alors dans un chaos inimaginable aujourd'hui. Enfin, cela dépend pour qui ? Car une infinité de sonnettes d'alarme ont déjà retenti par le truchement de la parole des collapsologues ; mais qui pour les entendre ? Qui pour les écouter attentivement et réagir ? Qui pour prendre des mesures radicales, naturellement non-populaires ? Qui ? Personne ! Mille fois personne ! L'Homme, dans sa plus grande suffisance ne croit pas ce qu'il voit, alors des hypothétiques hypothèses de fin du monde !?!
Même si le récit n'est peut-être pas à la hauteur de la tragédie narrée, notamment cette galerie de portraits insuffisamment creusés, où manquent des tombereaux de profondeur et de clarté, même si le déroulé de l'intrigue souffre d'une carence de rigueur, même si les chapitres abusent d'une pléthore de témoignages plus ou moins enchevêtrés, plus ou moins audibles, ce récit a l'énorme avantage d'exister et ainsi de pouvoir porter à la connaissance de plus d'individus la fragilité patente de nos douces et fallacieuses sociétés aux talons d'Achille insoupçonnés.
Avec un terrible réalisme, Antoinette Rychner décrit les privations, l'épuisement, les maladies oubliées qui refont surface. Notre effroyable accoutumance aux atrocités fait que nous abandonnons peu à peu toutes nos valeurs. Celles que nous avions cru gravées dans le marbre. Cependant, à partir de presque rien, ceux qui survivent aux conditions épouvantables sont condamnés à se réinventer pour que se perpétue la seule chose qui compte vraiment : la vie.
Venez faire un tour dans le monde d'après, vous n'en reviendrez pas !
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