" Yamabuki " de Aki Shimazaki 16/20
Lumineux comme une fleur de lotus.
Après 56 ans de mariage, Aïko Toda effeuille une à une les pétales dorées du souvenir de sa vie : un premier mari vite oublié, puis Tsuyoshi, rencontré de façon improbable dans le silence d'un compartiment de train, et qui, à sa plus grande surprise, la demandera en mariage une poignée de jours plus tard. Bien des années après, cet ancien cadre dévoué d'une importante compagnie, est aujourd'hui un retraité perclus de douleurs, mais toujours aussi amoureux d'Aïko. Leur vie est désormais faite de plaisirs simples, rythmée par le fil des jours, le fil de la pluie, le fil des saisons.
Aki Shimazaki possède un univers fort singulier : léger au premier regard, mais à fort pouvoir émotionnel. Son oeuvre se bâtit toujours autour d'un cycle de cinq romans, construits à partir d'une même histoire, mais vécue par des personnages différents, chacun pouvant se lire indépendamment les uns des autres. Tous ses romans sont courts : une bonne centaine de pages, chacun porte un titre qui évoque un végétal ou un petit animal. Ses petits récits évoquent l'amour, la famille et le contexte temporel. La plume est légère et simple mais non simpliste, avec délicatesse elle décortique nos tragédies intimes, nos espoirs éternels et nos désirs profonds. En compagnie d'Aki Shimazaki le lecteur est au plus près de l'intimité des protagonistes et de l'imperfection de leur vie. Il s'en dégage une sensation de douceur, de retenue et d'un temps retrouvé, d'une pause entre deux évènements, à l'image d'une histoire universelle et universaliste. Il s'agit sûrement d'une des raisons qui fait qu'elle adhère un lectorat de plus en plus conséquent ; d'autant que les dernières pages sont les plus émouvantes que j'ai lues depuis longtemps ; difficile d'y retenir une petite larme.
Yamabuki est un tout petit livre emprunt de sérénité. Il nous fait entrer dans un monde de nécessité et de douleur, mais aussi un monde de fleurs, de mots affectueux et de douceur de vivre, telle une parenthèse bienheureuse dans notre monde trop souvent sans indulgence.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire