29 oct. 2022


" Underground railroad "   de Colson Whitehead   15/20


      En Géorgie, dans une période antérieure à la guerre de Sécession, Cora est une jeune fille noire de 16 ans, esclave, qui survit comme elle peut, sur une vaste plantation de coton, à la violence de sa condition. Quand elle eut 10 ans, sa mère Mabel, esclave aussi, n'avait pas hésité à l'abandonner pour s'évader. Jamais reprise, aurait-elle réussi à recouvrer le chemin d'une certaine liberté ? Un jour, Caesar, un esclave récemment arrivé sur la plantation, propose à Cora de s'enfuir pour gagner les états libres du Nord, elle accepte. Dès lors, traqués comme des bêtes, une incroyable et terrible odyssée se met en branle avec une seule idée en tête pour chaque individu : conquérir sa liberté.

      Au début du XIXème siècle, un mouvement anti-esclavagiste prend forme dans les Etats du nord. Dès 1820, c'est une véritable organisation qui se met en place pour venir aider les fuyards, prenant le nom de "Chemin de fer clandestin". Par symbolisme, Colson Whitehead, prend l'expression au premier degré et fait fuir ainsi Cora sous terre. L'image est belle, la fin de la souffrance et le début de la liberté ne peut se vivre qu'à plusieurs pieds sous terre, soit par une fuite éperdue, soit par le décès, car en surface règne les démons haineux d'une Amérique esclavagiste. Tous ces abolitionnistes blancs prennent des risques importants pour faire accepter leurs convictions à un pays très divisé. Ils mènent le combat d'une vie pour sauver l'honneur d'une nation.

      A travers son récit où prend place une populace collaborationniste et des chasseurs d'esclaves opportunistes, Colson Whitehead nous dessine une société fasciste aux lourds relents d'eugénisme, à vous glacer le sang. Description qui peut se voir comme le terreau de l'Amérique actuelle où un puritanisme outrancier continue de déverser sa bile encore de nos jours.

      Néanmoins, malgré un fond historique captivant, le déroulé de l'histoire de la jeune Cora prend d'innombrables chemins de traverses, à coups de flash-back et d'ellipses qui perturbent la lecture et tend à diminuer l'empathie que l'on aurait pu ressentir pour les principaux protagonistes. Il faut une attention de tous les instants pour ne pas se laisser déstabiliser par le foisonnement des personnages secondaires et le découpage déconcertant des chapitres.

      Même si ce roman a obtenu le Prix Pulitzer et le National Book Award, sans pour autant jeter le bébé avec l'eau du bain, je n'ai pas eu l'enthousiasme équivalent aux honneurs décernés à ce livre. Dommage.


22 oct. 2022


 " Colère "   de Eric la Blanche   20/20


      Face aux conséquences inéluctables du dérèglement climatique avec la destruction définitive de nos conditions de vie, face aux comportements inqualifiables des dirigeants des multinationales, face aux comportements irresponsables et criminels des hommes politiques, Eric la Blanche nous écrit cet essai consternant et très documenté d'une main tremblant de colère. En effet, depuis la naissance de sa fille et voyant ce monde en déliquescence totale (climat déglingué, pollutions multiples, biodiversité en récession, raréfaction des ressources, océans de plastique, etc) il ne peut que crier sa révolte. Ainsi, sans la moindre indulgence, il analyse la situation précise de la planète, il explique comment et pourquoi on en est arrivé là, et il fait un tableau édifiant du partage des responsabilités. Sans tabou, sans la volonté de ménager qui que ce soit (journalistes, politiques, médias), il expose clairement les données du problème. Le point fort de cet essai est de décrypter, de dessiller nos yeux avec une belle simplicité, tout semble crédible et logique sous sa plume colérique.

      Désormais, le compte à rebours a commencé avant l'extinction non seulement de notre civilisation, mais également de l'humanité entière. Eric la Blanche nous le dit clairement : Réagissez, mettez-vous en colère, ou mourrez !!!


20 oct. 2022


 " Courriers de nuit "   d'Olivier et Patrick Poivre D'Arvor   16/20


      Que de noms plus évocateurs de liberté : Saint-Exupéry, Mermoz, Guillaumet, Roland Garros et tant d'autres ? Tous donnent l'assaut au ciel, tous sont jeunes et intrépides, tous gravent leur nom dans la tête de ceux qui rêvent d'aventures ailées, tous seront fauchés dans leur élan inextinguible de vivre au-dessus du champ de la vie, tous, pas un pour vieillir et mourir bêtement au fond de son lit.

      En effet, tels des Icare animés d'un désir fiévreux, ils se brûleront l'âme dans les nues, incapables de réfréner leur besoin de se sentir oiseau. Ils partageaient la nécessité irrépressible de voir des côtes argentées par la luminosité lunaire, d'être émus jusqu'aux larmes par la beauté inégalable d'aurores de feu après une nuit sans sommeil, enfin de s'emplir le corps et l'esprit quand seuls, ils apprivoisaient avec sérénité un sentiment de solitude enchanté. Ainsi, en tant que pionniers, ils écriront les grandes heures et lignes de l'Aéropostale.

      Les frères d'Arvor, dont leur grand-père, lui-même pilote, leur a donné très vite le virus de l'aviation, nous font partager à quatre mains la vie bouillonnante de ces êtres d'exception, comme un bel hommage à ceux qui furent les tout premiers héros et héroïnes, car il y eut bien des femmes, à s'envoyer en l'air !


17 oct. 2022


 " La maison de terre "   de Woody Guthrie   6/20

      Dans les années 1930, au Texas, Tike et Ella sont un jeune couple de métayers. Vivant sur une terre austère, ils ont d'énormes difficultés à parvenir à vivre normalement. Quand Ella tombe enceinte, elle a le désir de ne plus vivre dans leur cabane dont le bois pourri est envahi par les insectes. Bien que Tike pourrait se bâtir une maison économique en pisé (construction en terre crue), malheureusement, il n'a pas de quoi s'acheter un maigre lopin de terre pour l'édifier. Mais les banques sont là pour que les pauvres s'endettent à vie.

      Par son résumé, ce roman avait tout pour être une oeuvre poignante et remarquable, à l'instar Des raisins de la colère, sur cette période terrible de la Grande Dépression où la misère sévit en Amérique suite au crack boursier de 1929. Cependant, choisissant de traité son sujet avec une extrême originalité, soit le lecteur adore, soit il est désarçonné. Vous avez deviné où je me situe ?

      Pendant les trois quarts du roman, Tike et Ella discutent, font l'amour, puis rediscutent, avant de... mais vous m'avez compris. Leur discussion infinie tourne en rond, puisque, même le lecteur le moins attentif aura saisi les problèmes générés par la météo, par la terre aride, par le manque cruel d'argent et par la rapacité atavique des banques. Quand Tyke et Ella songent à se révolter, j'y ai enfin vu l'occasion d'ouvrir de nouvelles perspectives romancières, mais non, cela retombe comme un ballon de baudruche crevé, décidément, rien ne se passe sous le soleil et la poussière texane, que le temps semble long, dès lors une lassitude s'installe, les paupières semblent lourdes...

      Ce livre est typique des romans que l'on aurait aimé adorer, mais dont la forme stérilise sévèrement notre envie de lecture. Par contre, dans une postface signée Douglas Brinkley et Johnny Depp, oui celui du cinéma, nous apprenons la vie atypique de l'auteur, Woody Gutherie (entre autres auteur-compositeur de 3000 chansons), une vie bâtie à l'aune des grandes épreuves du destin, une vie qui aurait pu devenir une autobiographie extraordinaire, mais les choix de l'auteur l'ont conduit sur d'autres rails plus hasardeux.

      Au final, l'auteur n'aurait-il pas souhaité construire son roman en fonction de l'aridité des terres texanes, rendre ainsi sa lecture épuisante en adéquation totale avec la vie des ces protagonistes, ainsi le lecteur éprouve ce qu'éprouvent Ella et tyke ? Ce n'est qu'une simple hypothèse, mais qui peut se défendre.

      Bon courage aux courageux qui voudront tenter l'expérience, ils en auront un grand besoin !


10 oct. 2022

 Petit aperçu du jardin automnale 2022

Partie 1



Quand l'automne prend ses couleurs.


Quand la fleur d'artichaud joue aussi sa partition colorée.


Restons dans les couleurs avec cette fleur d'hydrangea au soleil couchant.


De son nom latin : Ipomoea Lobota, d'aucuns préféreront son nom passe-partout : Plumes d'indien !


L'argiope frelon, que je préfère laisser tranquille.



Ma toute première production d'aubergines, avec cette version zébrée.



Toujours belles en automne, les fleurs de dipladénia.



Un air de feuilles de palmiers ?
Non, juste celles de l'albizia.



Des cosmos bien terre à terre !



Déjà plus haut, des fleurs de Dalhia.



Grimpant vers l'azur des fleurs de rosier.



A propos de remontant, cette grappe de framboises.



A la mi-ombre, car elle est très sensible au soleil : la fleur d'Onagre.



Côté potager, même en octobre la production de courgette jaune se poursuit.



Toujours bien rempli de légumes divers et d'hiver : poireaux, blettes, salades et endives.


Bien alignées, pour une fois, les feuilles de chêne.



Naissance inespérée de fleurs de muflier.



Généreuse grappe de fleurs d'alysse en guise d'au revoir.


3 oct. 2022



HAÏKU   Partie CLXVIII


°°°°°°°°°


balade en forêt

levant les yeux vers l'azur

le ciel est vert



bain de forêt

partout l'âme des arbres

cathédrale végétale



vieux châtaignier

à l'aplomb de ses branches

mille bébés hérissons



vent des forêts

hurlant dans les espaces 

des arbres morts



hêtre remarquable

amoureusement sculpté

les morsures du temps