" Juste après la vague " de Sandrine Collette 12/20
Une famille au cœur du chaos.
Un accident volcanique vient de provoquer un gigantesque raz-de-marée, dévastant tout sur son passage. Comme l'eau continue de monter, une famille nombreuse décide alors de fuir cette terre inexorablement inondée. Mais la barque prévue pour partir est trop petite pour emmener les onze membres de la famille. Trois devront rester, ils seront récupérés lors d'un second voyage. Qui partira ? Qui devra rester ? Pourront-ils survivre à la montée des eaux ? Et ceux qui partent trouveront-t-ils rapidement une terre non-inondée avant que le manque de nourriture se fasse sentir ou qu'une tempête trop forte ne coule la barque ?
Dans cette terrible et anxiogène robinsonnade le suspens est partout, à l'instar des autres romans de l'auteure. Cependant, cela suffit-il pour en faire un livre inoubliable ?
Bâti pour être extrêmement émouvant, ce récit évoque des choix impossibles, des choix qui déchirent à jamais le cœur : choisir qui sacrifier parmi ses enfants pour sauver les autres. On est dans l'obligation de choisir si on ne veut pas tout perdre. Néanmoins, comme choisir c'est perdre, il n'y a aucune bonne solution. Le dilemme est effroyable, comme William Styron dans " Le choix de Sophie ", Sandrine Collette le pose. Malheureusement, la comparaison s'arrête là. Car l'auteure utilise, pour arriver à ses fins, des invraisemblances incroyables : un raz-de-marée avançant à 500 kilomètres heure, bizarrement un niveau de l'eau qui monte sans cesse, sans la moindre explication, les tempêtes succèdent pratiquement aux tempêtes et une dernière page tellement improbable, qu'elle ferait sourire si la situation n'était pas si dramatique. Si on veut écrire sur le cruel et l'accablant, il faut aller jusqu'au bout, et ne pas laisser une once d'espoir à ses protagonistes, tant pis pour les lecteurs avides d'une fin heureuse, car là, on n'y croit pas une seconde, dommage !
Alors bien sûr, on pourra me contredire en argumentant qu'il s'agit d'une fable aux accents mythologiques assumant ses références bibliques, d'ailleurs l'un des jeunes garçons ne s'appelle-t-il pas Noé ? Et cette montée des eaux inexplicables ne fait-t-elle pas songer au déluge ? Et ces animaux sur le bateau, et le monstre marin, et les poissons disséminés ici ou là comme symboles du christianisme. Trop facile, rétorquerais-je. Trop évident. Trop allégorique. J'aurais franchement préférer que Sandrine Collette aille vers un récit dystopique, où l'inéluctable montée des eaux, due au réchauffement climatique, amenait à une même situation sans pour autant loucher du côté de l'improbabilité ? L'occasion était parfaite dans le climat actuel, re-dommage !
De surcroit, il m'a manqué un sentiment d'empathie. Le roman attaque très fort sans que le lecteur ait le temps de sentir l'existence des personnages, de mesurer la force des liens invisibles qui les lie. Je ne dirais pas que l'on se fout de ce qui leur arrive, mais presque. Pas de compassion ou si peu. Heureusement, le sentiment de culpabilité de la mère vient bousculer tout cela pour en faire le moteur du roman. Faut-il ajouter que les scènes avec les enfants seuls s'éternisent un peu trop, que l'ensemble est un rien bavard et répétitif, et que lire ce roman en zigzag n'est pas une mauvaise idée ? Et pourtant, avec cette famille en lutte contre les forces de la nature, beaucoup d'éléments étaient là pour en faire un récit passionnant et réaliste. Dommage, mince, je l'ai déjà dit !
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