26 févr. 2024


 " La dame du Palatin "   de Patrick de Carolis   15/20

      Fille d'un riche négociant gallo-romain établi en Arles, Paulina, après être tombée veuve d'un arriviste romain, se remariera avec l'un des hommes les plus célèbre de l'antiquité : Sénèque. Celui qui fut écrivain et philosophe, puis précepteur du jeune Néron avec de devenir son conseiller principal quand celui-ci, grâce aux manigances de sa mère Agrippine, fut promulgué Empereur. 

      Avec une érudition jamais mis en défaut, Patrick de Carolis dresse le portrait d'une jeune femme écartelée entre ses convictions et les règles strictes de sa condition sociale. Puis, dès son arrivée à Rome, elle sera le témoin des sanglants jeux de pouvoir qui régissent la ville de Romulus et Rémus. Ambitions, trahisons, despotismes, bataille des idées, Paulina naviguera dans les eaux troubles d'une société où tout est permis.

      Ce roman, bien qu'un chouïa trop long en première partie, se révèle comme une plongée très instructive dans un fragment de l'antiquité (de 14 à 69 après J-C). Cette période si mouvementée de l'histoire romaine où l'Empereur Néron, à l'humeur fort capricieuse, fit assassiner à peu près tout son entourage, même sa mère, avant de mettre lui-même fin à sa sinistre vie.

      Même si on peu avoir parfois l'impression d'être devant un professeur d'histoire, ce roman décrit un monde où règnent l'ambition humaine, la concupiscence et la folie. Comme une malédiction éternelle, ces vices sillonnent inlassablement le monde depuis... l'antiquité !


7 févr. 2024


 " L'ancien calendrier d'un amour "  de Andreï Makine   13/20

      Cette saga est d'une concision exemplaire : presque un siècle d'amour, de cruauté et de sang, en moins de 190 pages, et je compte les pages toutes blanches ! Un exploit ! Certes, réussi, néanmoins, l'enjambage est si grand qu'il torpille le récit d'une manière singulièrement lapidaire. A peine a-t-on le temps d'éprouver un zeste d'empathie pour son personnage principal, que déjà le mot fin surgit, clôturant le sujet de façon abruptement péremptoire.

      Valdas Bataeff, puisqu'il s'agit de lui, connaît, peu de temps avant l'emballement de la révolution russe, l'enthousiasme inextinguible d'un premier amour, lors d'une rencontre aussi rocambolesque que fantasque avec la belle et jeune Taïa sur les bords de la mer Noire en Crimée. Puis Valdas est emporté par les vents tourbillonnants de l'histoire russe, lui faisant connaître d'autres femmes, mais aucune ne pourra lui faire oublier son amour de jeunesse.

      Effectivement, la plume d'Andreï Makine brille par la magie de ses mots, par le côté ramassé de ses phrases et par un sens de l'ellipse qui l'honore. A propos de sens, Makine interroge sur le sens de la vie et son déroulé : est-ce que celle-ci peut-être considérée comme accomplie si seulement le souvenir d'un amour pur et entier suffit à l'éclairer infiniment, sans faillir, jusqu'au dernier jour ? N'est-ce point finalement la jouissance illimitée d'un exceptionnel souvenir qui permet à l'homme de supporter toutes les damnations de la terre ? Vous avez deux heures !

      En peu de mots et à hauteur d'homme, Andreï Makine nous parle de la force du destin, des drames effroyables de l'Histoire et de l'âme russe.