7 févr. 2024


 " L'ancien calendrier d'un amour "  de Andreï Makine   13/20

      Cette saga est d'une concision exemplaire : presque un siècle d'amour, de cruauté et de sang, en moins de 190 pages, et je compte les pages toutes blanches ! Un exploit ! Certes, réussi, néanmoins, l'enjambage est si grand qu'il torpille le récit d'une manière singulièrement lapidaire. A peine a-t-on le temps d'éprouver un zeste d'empathie pour son personnage principal, que déjà le mot fin surgit, clôturant le sujet de façon abruptement péremptoire.

      Valdas Bataeff, puisqu'il s'agit de lui, connaît, peu de temps avant l'emballement de la révolution russe, l'enthousiasme inextinguible d'un premier amour, lors d'une rencontre aussi rocambolesque que fantasque avec la belle et jeune Taïa sur les bords de la mer Noire en Crimée. Puis Valdas est emporté par les vents tourbillonnants de l'histoire russe, lui faisant connaître d'autres femmes, mais aucune ne pourra lui faire oublier son amour de jeunesse.

      Effectivement, la plume d'Andreï Makine brille par la magie de ses mots, par le côté ramassé de ses phrases et par un sens de l'ellipse qui l'honore. A propos de sens, Makine interroge sur le sens de la vie et son déroulé : est-ce que celle-ci peut-être considérée comme accomplie si seulement le souvenir d'un amour pur et entier suffit à l'éclairer infiniment, sans faillir, jusqu'au dernier jour ? N'est-ce point finalement la jouissance illimitée d'un exceptionnel souvenir qui permet à l'homme de supporter toutes les damnations de la terre ? Vous avez deux heures !

      En peu de mots et à hauteur d'homme, Andreï Makine nous parle de la force du destin, des drames effroyables de l'Histoire et de l'âme russe.


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