" La perfection du tir " de Mathias Enard 13/20
Tout au long du roman, nous ne connaîtrons pas le nom du personnage central, juste qu'il est un soldat tireur d'élite ; nous ignorerons également dans quelle armée il se bat ; nous ne saurons pas non plus où se déroule l'action, néanmoins, tout porte à croire que nous sommes à Beyrouth, au Liban, dans les terribles années de guerre civile débutée en 1975. Aux yeux de Mathias Enard, l'important n'est pas là, car il se focalise en priorité sur l'état psychologique de son héros.
Ainsi, dès l'incipit, le lecteur se retrouve dans la tête de ce soldat tireur d'élite, dont le seul plaisir, en ce monde où le diable a élu domicile, est de tuer, peu importe que sa cible soit un homme, une femme, un enfant ou un animal ; sans le moindre état d'âme il tue et tue encore. Son meilleur ami, Zak, est un soldat lui aussi peu recommandable : en plus du tueur qu'il est lui aussi, il torture et viole sans vergogne. On tremble encore pour la jeune fille, Myrna, que notre tireur d'élite embauche pour venir s'occuper de sa mère dont l'état frôle la folie.
Tout le roman se déroule dans un monde abandonné aux fouches du mal. Toutes raisons d'espérer sont jetées au néant. La loi du chaos règne sur ce pays en déreliction, là encore, se roman pourrait porter allègrement le titre d'un livre de Donald Ray Pollock : Le diable, tout le temps.
L'idée de Mathias Enard est d'élaborer le processus démoniaque qui transforme un jeune homme équilibré en bête féroce sans conscience, dont le seul plaisir, la seule jouissance est d'exécuter l'acte de tuer, comme un acte solennel. Certes, je comprends bien la perversion de la guerre sur les hommes, cependant certains passages sont en dehors de ma compréhension : comment accepter que l'on s'oppose à un viol, tout en ne voyant rien de répréhensible à assassiner la personne violée ?
Roman noir sans espoir, et encore, c'est un euphémisme.
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