27 mai 2025



" Le volume du temps "   Volume 1 et 2, de  Solvej Balle   6/20

      Au départ, l'idée est excellente : une jeune femme vit indéfiniment la même journée : le 18 novembre. Elle est la seule à en avoir conscience, le reste de son entourage fait comme un reset en pleine nuit, pour revivre un nouveau 18 novembre. Et cela dure plus de mille jours. Et encore, je n'ai lu que deux volumes sur l'ensemble des sept.

      Naturellement, on peut y entrevoir une réflexion philosophique sur le train-train aliénable de nos vies. A quoi bon vivre toujours le même quotidien jour après jour ou année après année. Bien... cependant, une fois cela exprimé on tombe dans une flânerie plombante autour de ce thème. Des variations sont au rendez-vous, telles celles de Jean-Sébastien Bach d'après Goldberg. Néanmoins, les variations de Solvej Balle sont beaucoup plus modestes, cela ronronne, tourne en rond et se répète encore et encore, tel un disque rayé, jusqu'au bout du premier tome. Et le deuxième ? Nouvelle variation, mais dans l'Europe entière cette fois-ci, celle bien sûr du 18 novembre, cependant, là non plus, rien de transcendant, on élargit nos horizons pour en revenir au même point, malheureusement pas final.

      Bref, deux romans ennuyeux et indigestes à l'extrême. Idéal pour trouver le sommeil, ce ne sont pas les rebondissements qui vont vous maintenir éveillé, il n'y en a pas un seul ! 

      Est-il nécessaire de préciser que je ne lirais pas les autres volume ?

      

21 mai 2025

  Petit aperçu du jardin printanier 2025

Partie 3

 


La glycine devient la star du jardin, on ne peut que s'incliner devant sa magnificence.



Gros plan sur quelques unes de ses inflorescences.



Le lilas, ne voulant rester à la traîne, nous offre lui aussi, non pas un mauve violacé, mais une blancheur écarlate.



Plus loin, le jaune éclatant d'une rose attire mon regard, surtout quand l'ombre joue à part égale avec la lumière sur ses pétales.



Et que dire du rouge de ces benoîtes, mettant en valeur un azur immaculé ?


Au lever du jour, deux épis de muflier se réveillent sous les premiers rayons du soleil printanier.


Pendant ce temps-là, au potager, les alignements s'organisent entre pommes de terre, batavias, blettes et haricots.



Bien sûr, à la fin mai, ma fraiseraie est en pleine production ; rien de mieux que des tartelettes aux fraises pour se régaler ?


On se quitte avec ce bouquet de pivoines et d'arums mêlés. A suivre !

15 mai 2025

 


" Le déluge "   de Stephen Markley   19/20


      Indéniablement, voici le livre bible que j'attendais, naviguant autour de nos consciences face au réchauffement climatique. Certes, beaucoup d'écrits concernent ce sujet d'actualité brûlante, mais jamais avec autant de pertinence et de réalisme. Stephen Marckley est un écrivain prophète. Dans cette incroyable fresque, tout y est plausible : les catastrophes comme les réactions humaines. J'ai franchement eu l'impression de lire notre futur immédiat jusqu'à l'année 2040. Pour écrire ces plus de mille pages, très documentées, Stephen Markley a mis plusieurs année, et cela se ressent, tant la précision chirurgicale, le talent narratif et l'intelligence scientifique du récit ne peuvent s'épanouir que dans le temps long. Le résultat est époustouflant.

      Et que dire de l'analyse extra-fine du comportement humain, de ses errances, de ses engagements, de ses contradictions, de ses renoncements et de ses sacrifices ? Nous sommes décortiqués sur l'autel du profit et de nos égoïsmes. Peu aurons le courage d'aller au bout de leurs idées, peu seront prêts à risquer leur peau pour que le monde ait une possibilité d'avenir, sérieusement détériorée, certes, mais un lendemain peut encore exister.

      L'histoire débute en 2013 en Californie, quand un scientique écrit un livre sur le dérèglement climatique et qu'il reçoit des menaces de mort. De surcroît, il se heurte à un puissant déni des politiques, de ses congénères et du monde entier. Néanmoins, des supers ouragans et des méga-feux lui donneront vite raison, mais rien ne bougera politiquement pour autant. 

      Ce roman fleuve brasse le destin de pléthore de personnages, notamment Kate, une militante écologiste, intrépide et charismatique, qui, à force de défie l'échiquier politique devient, au gré de ses actions pacifiques, l'icône d'une génération ; Ashir, un génie de l'analyse prédictive ; Shane, elle aussi une militante écologiste qui n'hésite pas à s'attaquer aux infrastructures gazières et pétrolières, face à un pouvoir qui ne veut rien céder ; Keeper, un junkie capable du pire comme du meilleur ; ou encore le Pasteur, un ancien acteur hollywoodien recyclé en leader politique de la l'extrême droite. Tous seront amenés à faire des choix devant l'effrondement d'un monde révolu.

      Seul petit bémol, le foisonnement des protagonistes qui complique la lecture, cependant, dans le dessein de multiplier les points de vue pour accéder à toutes les sensibilités de la citoyenneté américaine, il faut brasser large, quitte à écrire un roman à la fois choral et monde.

      Ce roman est un verre d'eau glacée en pleine gueule. Il nous attrape par le colback et met de mots et des maux effroyables sur ce processus de destruction irréversible uniquement dû à l'Homme. Que tout ceux qui explosent leur bilan carbone, se penchent sur ces pages  hyperréalistes. L'apocalyspe est à nos portes, l'humanité entière est concernée, que chacun agisse en sa conscience en remettant en question son individualisme et ses mesquins profits. Qui est prêt à condamner tous nos enfants à mourir en suffocant ? Qui est prêt à payer les conséquences d'une guerre civile ? Qui peut accepter de se prendre le mur de la réalité climatique en pleine face sans bouger le petit doigt ? Qui ? On ne pourra pas dire que l'on ne savait pas. 

      

8 mai 2025

 " La cour des mirages "   de Benjamin Dierstein 13/20

      Avec l'élection de François Hollande en mai 2012 et le triomphe de la gauche, ce sont les purges anti-sarkozystes qui ébranlent les différents ministères, en particulier au sien du ministère de l'intérieur. Ainsi, la commandante Laurence Verhaeghen quitte la DCRI pour la brigade criminelle de Paris, au fameux 36 quai des orfèvres. Elle est rejointe par un ancien collègue Gabriel Prigent, toujours sérieusement hanté par la disparition de sa fille, six ans plus tôt.

      Dès leur retour au 36, ils sont confrontés à une scène de crime effroyable : un cadre politique a massacré sa femme et son fils avant de se pendre. L'enquête débouchera sur des réseaux criminels et pédophiles, sur la prostitution de luxe et sur l'évasion fiscale.

      D'emblée, ce qui me frappe est l'écriture de Benjamin Dierstein. Il copie celle de James Ellroy : des phrases courtes, un rythme saccadé, un style immersif. D'ailleurs l'auteur ne s'en cache pas, sa vocation d'écrivain lui est venue après avoir lu Ellroy. Très bien. Malheureusement, ce foisonnement incessant et hystérique m'agace un peu ; et que dire de ces anaphores présentes une page sur deux et qui ne servent strictement à rien, si ce n'est à irriter son lectorat et à rallonger un roman déjà assurément volumineux ?

      Néanmoins, le fond s'avère effroyablement passionnant. Benjamin Dierstein réussit le tour de force de mêler des politiques de premier plan aux crimes les plus sordides lorgnant vers une immonde pédophilie très lucrative pour individus désespéremment immoraux, tout cela couronné par le pouvoir suprême, celui de l'Argent Roi, capable de toutes les corruptions et de toutes les permissivités.

      Ce roman est un vaste opéra basé sur la cruauté et sur l'horreur. Certes, l'Homme n'en sortira pas grandi, bien au contraire, cependant Benjamin Dierstein met le doigt sur l'un des travers les plus odieux de l'humanité : la pédophilie dans toute son abjection la plus sordide, d'ailleurs le dessin de couverture avec ce nounours, baignant dans une flaque d'eau ou de sang, est là pour nous mettre en garde d'un texte naviguant sur un bouillon de culture glauque et innommable ; surtout à ne pas mettre entre toutes les mains ; d'autant que dès l'incipit, le ton est donné : l'indicible sera au rendez-vous.

      Mon autre bémol porte sur le foisonnement des personnages, des démêlées de l'enquête et des considérations politiques, j'ai parfois perdu le fil de l'histoire avant de retrouver un point d'appui, puis de me voir déboussolé derechef et d'enfin raccrocher mes wagons dans les dernières pages. J'oubliais les longs passages qui font écho à l'actualité politiques, mais qui ne sont que des copiés collés de nouvelles distillées par la radio. Bref, lecture éprouvante et inoubliable à tous les points de vue. Suis-je prêt à renouveler l'expérience avec Benjamin Dierstein aux manettes ? La question se pose.