29 juin 2025



 " Le jardin de cendres " de Françoise Chandernagor   18/20

      Séléné, fille de Cléopâtre et reine de Maurétanie, se demande, après le décès de ses trois premiers enfants, si la grande Isis l'honorera d'un nouvel enfant qui pourra régner à la suite de son mari : le roi Juba II. Pour mettre toute les chances de son côté elle entame un voyage sur la route des sanctuaires propices à la fécondité : Grèce, Asie Mineure, Syrie, etc. A la même époque, non seulement Rome domine le bassin méditerranéen mais il asservit, il écrase, il tyrannise toute personne n'allant pas dans le sens de la volonté de l'empereur, surtout quand il s'appelle Caligula.

      Avec ce quatrième tome de La reine oubliée, Françoise Chandernagor clôt admirablement sa saga antique autour de la vie de Séléné Cléopâtre. Elle est une historienne passionnée et une talentueuse romancière. Car logiquement l'antiquité est pleine de vides, peu de traces sont là pour nous faire saisir les passions, les destinées, les psychologies multiples de tous ces hommes et femmes, connus ou peu connus, qui ont vécu et fait l'histoire de l'Empire romain. Ainsi, douée d'une plume hors du commun et d'un sens de la narration vertigineux, l'autrice nous dresse et nous tresse un canevas le plus fidèle possible en reconstituant un monde depuis si longtemps disparu. Certes, pour arriver à ses fins,  elle invente, elle laisse courir les chevaux d'une imagination débridée, elle contorsionne l'Histoire, néanmoins, si cela a pour dessein de lui faire de très beaux enfants, qui va s'en plaindre, à part les vieux grincheux ?

      De surcroît, elle nous démontre que les phases d'expansions de toute société, que ce soit d'un point de vue culturel, politique ou économique, se voit condamné, à plus ou moins long terme, inexorablement, à sa propre perte. La montée en puissance est immuablement suivi d'une dislocation et d'un retour au chaos.

      Séléné est épatante et exceptionnelle en femme vaincue par Rome, en proie au deuil, au chagrin, mais qui ne renonce jamais. Elle garde constamment au fond d'elle la volonté farouche de prendre sa revanche sur Rome, et de faire régner un nouveau Ptolémée, et pourquoi pas en Egypte ?

      Malgré tout, comme dans les tomes précédents la multiplicité des protagonistes, leurs innombrables mariages, leurs aussi nombreux divorces contraints ou pas, et leurs progénitures, font, qu'à un moment ou un autre, chaque lecteur finit par perdre pieds, moi le premier. Il suffit juste de se laisser porter par la vague tumultueuse de la narration ou de se référer à l'index final pour les plus pointilleux.

      Entre splendeur et cruauté, Françoise Chandernagor nous passionne avec les mœurs sanguinaires sous trois empereurs romains : Octave, Tibère et Caligula.

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