20 août 2025

 " Les yeux de Mona "   de Thomas Schlesser   18/20

      Quand brusquement, Mona, une petite fille de 10 ans perd momentanément la vue, ses parents et le monde médical s'inquiète : que lui ait-il réellement arrivé, d'autant que les examens ne révèlent absolument rien de suspect ?

      Son grand-père maternel décide de lui faire profiter du temps indéterminé qui lui reste, sait-on jamais. Ainsi, pendant une année, il va l'entraîner dans les musées pour lui permettre de découvrir les merveilles incroyables du partrimoine artistique de l'humanité ; tout cela en 52 rendez-vous hebdomadaires.

      Ensemble, ils vont sillonner le Louvres, Orsay et Beaubourg. Botticelli, Vermeer, Goya, Courbet, Manet, Monet, Turner, et tant d'autres artistes vont les émerveiller, les émouvoir, les interroger. Ainsi, à travers ces oeuvres, Mona va apprendre la notion de doute, la mélancolie, la révolte ou l'introspection. De cette manière, si un jour la cécité la menace à nouveau, elle pourra se remémorer toute la beauté du monde.

      Heureusement, ce roman n'est pas que cela, même si il y a déjà de quoi nourir notre curiosité ; en effet, les liens familiaux tressés entre les différents membres de la famille sont là pour faire naître une véritable empathie. Même si le roman approche les 500 pages, on aimerait vivre plus longtemps la passion qui anime Mona pour son grand-père Dadé, un homme comme tout le monde rêverait d'en connaître un dans sa vie et pouvoir en profiter longtemps. Par effet miroir, moi aussi j'ai eu un grand-père remarquable, malheureusement je n'ai pas eu la chance d'en bénéficier longtemps. Les jours sombres ou les nuits blanches, je me dis que j'ai eu la chance de le connaître... et c'est déjà beaucoup. Mais revenons à nos moutons.

      Ces 52 oeuvres, dont certaines sont incompréhensibles au premier abord sont expliquées simplement, même si parfois la tension narrative se met en retrait sous la puissance absolue de l'Art, l'ensemble est harmonieux et équilibré. 

      L'érudition du grand-père est époustouflante, certainement un peu trop pour être crédible, on dirait une I.A. Néanmoins, je peux comprendre qu'il fallait un tel personnage pour que Mona se révèle à elle-même, qu'elle nous éblouisse à son tour par ses analyses pertinantes au fil des oeuvres, et puis les chats ne font pas des chiens.

      Comment ne pas se laisser séduire par le charme de ce roman gorgé de tolérance, de compréhension et d'érudition ? Comment ne pas tomber sous le magnétisme du grand-père et sous l'enchantement de Mona ? un terreau si fertile sur lequel les graines de la connaissance n'ont aucune difficulté à pousser. Comment refuser de ce laisser emporter par le courant de la culture, pleine de sagesse et d'intelligence ?

   En 1995, Le monde de Sophie, de Jostein Gaarder permettait de s'initier au monde de la philosophie, de la même façon Les yeux de Mona permet une initiation au monde de l'art.

      Bref, il s'agit avant tout d'une douce invitation à mettre un pied, ou même les deux, dans un univers artistique qui pour certains est abscons. Sans en avoir l'air, ce roman nous invite à la tolérance, à nous apprendre à regarder, à observer patiemment avant tout jugement, et à penser par nous-même sans se laisser influencer par quiconque. En peu de mots : une belle invitation à l'ouverture d'esprit. 


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