18 sept. 2025


 " Le Comte de Monte-Cristo " d'Alexandre Dumas

      Est-il utile de faire un résumé de ce célébrissime roman ? Je dirai simplement qu'en 1815, Edmond Dantès est un jeune homme honnête à qui tout sourit : l'amour (il va épouser la ravissante Mercédès), comme le travail (il va être promu au grade de Capitaine). Malheureusement, le jour même de ses noces, il se voit victime d'une machination et est aussitôt emprisonné, sans jugement, dans les geôles du chateau d'If.

      Ce roman dantesque est une bible, d'abord par son nombre de pages (1200) et par la multiplicité des sentiments humains qui s'y développent, allant des plus vils aux plus dignes. De surcroît, ce qui octroie au roman sa dimension mythique et inoubliable est le parcours psychologique du personnage principal : débutant par une existence idyllique, suivit d'une chute allant jusqu'aux apparences de la mort, pour enfin connaître une résurrection inespérée, en passant d'Edmond Dantès au Comte de Monte-Cristo, symbolisant le châtiment donné par le fils et ordonné par Dieu. La racine commune entre Cristo et Christ ne doit rien au hasard.

      Ce récit est aussi l'art de dénoncer la corruption des puissants, qu'ils soient banquiers, juges ou ministres. Se servir du pouvoir pour protéger ses propres intérêts sillonne le monde depuis la nuit des temps, et à la vitesse où il cavale ce n'est pas demain qu'on le stoppera ; serait-il intrinsèque à l'humanité ?

      Cette histoire est aussi une réflexion sur le temps perdu, notamment celui de sa jeunesse, souvent sacrifiée sur l'autel du travail et de l'obéissance à un système. On se dit que la jeunesse est éternelle ; les années défilent ; enfin on peut souffler un peu grâce à une situation financière plus stable, avec toutefois beaucoup moins d'années à vivre en bonne santé ; trop tard pour changer d'aiguillage, la jeunesse s'est enfuie ailleurs, définitivement trop loin pour lui remettre la main dessus. Alors Carpe Diem.

      Cet opus de Dumas comprend également toute une dimension orientaliste ; en effet, dans ce roman de moeurs contemporaines (écrit en 1843/1844), l'auteur y insuffle le charme et le danger d'aventures exotiques. Eléments très importants pour l'intrigue centrale mais que bizarrement on ne retrouve quasiment jamais dans les différentes adaptations cinématographiques. D'ailleurs, le roman jouit d'un tel foisonnement de richesses à tous les niveaux, que le cinéma est bien impuissant à pouvoir mettre des images sur tous les mots de Dumas. Une série serait bien plus adaptée pour rendre toute la dimension généreuse voire gargantuesque de cette oeuvre, à l'image de son auteur.

      Par contre, j'ai noter quelques invraisemblances, par exemple : Des marins rescapés du trois mâts Le Pharaon racontent son naufrage, cependant quelques pages plus loin, il entre à nouveau dans le port de Marseille, à la plus grande joie de son armateur ?!? La jeune et belle Valentine de Villefort est empoisonnée, son cœur ne bat plus, pourtant elle surgira toute pleine de vie dans les dernières pages ?!?

   A noter qu'Alexandre Dumas s'est partiellement inspiré d'une histoire vraie pour élaborer son roman et que l'abbé Faria a réellement existé.

      Contrairement à beaucoup de films s'achevant dans la noirceur d'une vengeance enfin assouvie, mais qui laisse Dantès dans une ténébreuse insatisfaction, le roman se termine à Marseille avec une remémoration de tout son passé, Dantès s'auto-analyse, ce qui lui autorise le droit se regarder à nouveau en face et d'affronter l'avenir. Et puis, après toutes ces années gâchées par la cupidité des hommes, n'a-t-il pas le droit de profiter enfin de toutes les joies de l'amour dans les bras de Haydée, la jeune femme qu'il a sauvé de l'esclavage ?

      Et que dire de la plume aérienne de Dumas, de cette faconde enfiévrée qui coule page après page tel un torrent fougueux ou un cheval indompté ? Un seul mot : Bravo !


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