" Avenue des Géants " de Marc Dugain 17/20.
Al Kenner serait un adolescent ordinaire s'il ne mesurait pas 2,20 mètres, et si son QI n'était pas supérieur à celui d'Einstein.
Sa vie bascule le 22 novembre 1963, le jour de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy.
Plus jamais il ne sera le même, désormais il n'aura cesse de lutter contre ses mauvaises pensées.
Observateur intransigeant d'une époque qui lui échappe, il mène seul un combat inégal et désespéré contre le mal qui l'habite.
Exercice littéraire périlleux et effrayant, mais finement intelligent ; en se basant sur l'histoire vraie du tueur en série Edmund Kemper, Marc Dugain nous fait pénétrer dans le cerveau du sinistre individu.
Rebaptisé "Al Kenner" pour le roman, il ose le pari de nous immerger dans le tréfonds de l'âme noircit d'un jeune homme, au risque d'avoir de l'empathie pour ce multi-assassin.
Le contexte familial, peut expliquer bien des choses, avec cette mère castratrice et punitive, n'ayant pas le moindre sentiment d'amour pour son fils, qu'elle relègue au sous-sol, pour le voir le moins possible.
Cette enfance bafouée, avec cette mère humiliante, un père qui finira par fuir le noyau familial, une grand-mère insupportable de reproches, aggravent les mauvaises ondes qui chahutent son esprit.
Il en a conscience, il lutte fortement, mais parfois une vague de haine passe le mur de sa résistance, et l'impensable se produit.
Marc Dugain marque l'essai de ce défi hautement risqué, qui est également un hymne à la route, n'oublions pas que nous sommes dans les années 60, où les mouvements hippies se concrétisent un peu partout aux States, amenant un tsunami de pacifisme dans cette Amérique disloquée par la guerre du Vietnam.
Attention, il ne s'agit surtout pas de glorifier un homme meurtri par une existence méchamment difficile, mais de ressentir, de mieux comprendre, ce qu'un homme perdu dans ses pensées ténébreuses peut faire à un monde qui l'ignore superbement, à quelques exceptions près.
Tout y est en nuance, l'abject n'y est que succinctement décrit, certes, une telle histoire pourrait rebuter un lectorat trop sensible, mais ne vous y trompez-pas, ici pas de description de massacre sordide et sanguinolente, comme dans le célèbre livre de Bret Easton Ellis : " American psycho ", oh que non, l'auteur prend bien soin d'éviter tout abus nauséabond et glauque, loin de tout sensationnalisme.
D'ailleurs avec une efficacité recherchée, l'auteur se joue de ses lecteurs en nous cachant matoisement les capacités homicides d'Al, détournant habilement notre attention pour mieux nous saisir dans le final.
Un conseil : Lisez entre les lignes pour éloigner toute duperie future.
Tout y est en nuance, l'abject n'y est que succinctement décrit, certes, une telle histoire pourrait rebuter un lectorat trop sensible, mais ne vous y trompez-pas, ici pas de description de massacre sordide et sanguinolente, comme dans le célèbre livre de Bret Easton Ellis : " American psycho ", oh que non, l'auteur prend bien soin d'éviter tout abus nauséabond et glauque, loin de tout sensationnalisme.
D'ailleurs avec une efficacité recherchée, l'auteur se joue de ses lecteurs en nous cachant matoisement les capacités homicides d'Al, détournant habilement notre attention pour mieux nous saisir dans le final.
Un conseil : Lisez entre les lignes pour éloigner toute duperie future.
Très souvent , à l'origine de tous tueurs en série, il y a une enfance fortement traumatisée, peu importe comment, mais une enfance, qui n'en est pas une, scandaleusement douloureuse, physiquement et psychiquement.
Comment gérer cette souffrance inique ?Chacun construit des barrières, mais quand l'ébranlement s'ajoute à une grande instabilité intrinsèque, tout est possible, dangereusement possible, tragiquement possible.
Un roman qui fait un pas vers une tentative de compréhension de l'immonde, aucun doute que les avis des lecteurs seront très partagés.
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