" Pas pleurer " de Lydie Salvayre 12/20
Prix Goncourt 2014
Dans cette terrible Espagne de l'été 1936, où les forces nationalistes de Franco s'opposent dans le sang à la jeune république, l'auteure, fille d'exilés républicains, nous raconte les années clef de la jeunesse de sa mère Montse. Période de guerre civile, qui se gravera à jamais dans la mémoire de sa maman, grâce à l'histoire d'amour qu'elle vécut à Barcelone durant l'été 1936 avec un jeune homme s'appelant André Malraux. Le tout : le feu de l'amour naissant et le climat de guerre, créeront une joie et une blessure si profondes qu'elles annihileront tout souvenir futur. Lydie Salvayre aura dû patienter jusqu'au 8 février 2011, pour qu'enfin sa mère se décide à lui dire sa vérité.
L'ensemble du roman est entrecoupé par des extraits du livre de Bernanos " Les grands cimetière sous la lune ", témoignage déchirant de ce qu'il a vu sur l'île de Majorque où les troupes franquistes assassinèrent plusieurs milliers de personnes simplement soupçonnées d'être des sympathisants du parti républicain. Tout ceci avec la bénédiction des autorités religieuses catholiques espagnoles. Qui en parle encore aujourd'hui ?
C'est donc, l'été radieux de sa mère et l'année lugubre de Bernanos que l'auteure mettra sur papier après une longue période d'infusion.
Comme une double mémoire, une double expérience, une double vison des choses convergeant vers cette Espagne éperdue de liberté, qui tentera vainement de se maintenir debout, vite assommée sous le joug d'une dictature, qui ne sera que les prémices de la seconde guerre mondiale.
J'aurais tant aimé aimer ce livre, ce Goncourt 2014, ce récit de résistance face à l'innommable, mais hélas, ce texte m'est indigeste. Trop de mélange, trop de hachage de l'histoire, du texte, des phrases, des mots et de la langue, m'empêche de descendre aisément le cours de la lecture.
Certes, c'est assurément par souci d'originalité que Lydie Salvayre s'est permis d'exploser l'histoire et le texte pour les reconstituer, c'est son choix, pas de problème, mais je ne peux raisonnablement pas y adhérer. Dommage, car la puissance de ce qu'elle a à nous dire se suffit à lui-même, pas besoin de fioritures superfétatoires. D'autant que parmi notre jeunesse cette période historique est plus ou moins ignorée, voire totalement.
Alors, pourquoi truffer le roman de phrases ou de mots en espagnol non traduits ? Pourquoi supprimer les points sur certains i ? Pourquoi couper les phrases en plein milieu et sans aucun point final ? Pourquoi nous balancer une dizaine de lignes vierges en plein milieu d'une phrase ? Pourquoi supprimer tous les tirets annonçant un dialogue ? Pourquoi tant de détricotage de la langue française ? Est-ce un exemple pour notre jeunesse qui écrit si mal, au point qu'une grande majorité des profs lancent régulièrement des cris d'alarme !
Certes, à votre décharge, chère Lydie Salvayre, je reconnais que l’absence totale de chapitres ne me porte pas ombrage, mais votre volonté d'écrire du " Fragnol ", comme le parle votre mère, peut à la longue gêner puis lasser le lecteur ? Non ? Cependant dans ma grande candeur je dois avoir grand tort, car c'est avec une oeuvre comportant toutes ces aberrations que le jury du Goncourt vous a apprécié en vous remettant le Prix Suprême Français !
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