20 mars 2015


" Rebecca " de Daphné du Maurier 16/20


Nous sommes au printemps 1939, dans une somptueuse propriété nichée dans les Cornouailles anglaises, où une jeune mariée, très intimidée vient s'y installer chez son mari : Maxime de Winter un ancien veuf. Cet emménagement se déroule sous l'oeil acerbe de Mrs Anderson, la gouvernante du domaine toujours vêtue de noir, qui conserve pour son ancienne maîtresse décédée une vénération sans borne. Entre ces trois personnages  maints sentiments vont évoluer dans un huis clos étouffant

Ecrit vers 1938, certains lecteurs trouveront ce récit suranné ou archaïque, certes ils n'auront pas forcément tort, mais pour ma part c'est justement ce côté désuet, rococo qui fait tout l'intérêt de l'oeuvre. J'y vois comme le doux parfum d'un plaisir démodé, qui prend son temps, telle une madeleine de Proust des lectures d'antan, où notre mémoire nous caresse de l'évocation de moments définitivement envolés.

Dans mon succinct résumé j'évoque les trois protagonistes du roman, mais là est l'erreur, les seuls deux personnages principaux sont tout autre : d'abord honneur à celui qui est fait de pierres, je veux parler de la grande bâtisse appelée Manderley, entouré d'un jardin à la fois grandiose et floral, tous deux mystérieux et ténébreux. Manderley, cette maison aux cents pièces qui tel un labyrinthe, angoissera la jeune mariée, car elle respire de partout la présence de son ancienne propriétaire, la fameuse Rebecca, retrouvée noyée un an auparavant. Et justement c'est elle " Rebecca " l'autre personnage essentiel, qui bien que morte, remplie le roman de sa sépulcrale aura, comme une force omnipotente et incontournable de l'oeuvre.

Oeuvre qui louvoie entre conte gothique et suspense psychologique, où les passions et les haines s'exacerbent dans une atmosphère oppressante, entrecoupées de longs silences menaçants, avec en guise de basse obstinée lointaine, le ressac de la mer sur les galets, comme un rappel en continu d'un malaise planant.

N'oublions pas l'originalité de l'oeuvre, racontée à la première personne par la jeune mariée : on ne connaît jamais son nom, certes elle devient madame De Winter, mais jamais son prénom ou son nom de famille n'est écrit, comme-ci, une fois de plus Daphné du Maurier voulait souligner par omission l'ancienne maîtresse des lieux : " Rebecca ".

Ce célèbre roman de Daphné du Maurier, adapté en 1940 pour le cinéma par Alfred Hitchcock, garde toujours ce charme vénéneux qui a fait son succès à sa sortie avec cet incipit envoûtant : " J'ai rêvé l'autre nuit que je retournais à Manderley ".

Bref, un roman au style classique, qui sait manipuler son lecteur, et qui interroge sur la vraie personnalité des individu(e)s, une fois que l'on retire le vernis. Une chose est sûre : une fois tourné la dernière page, le prénom de " Rebecca " restera gravé en vous ad vitam aeternam.




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