Moscou 1948. Le célèbre soliste Ilia Grenko vient d'interpréter le concerto pour violon de Tchaïkovski, salué par une salve d'applaudissements, il sort de scène quand des agents du KGB l'arrête ! Incarcération, interrogatoires, il finira condamné à 20 ans dans un goulag stalinien de Sibérie. Sa femme et ses enfants seront envoyés en exil au Kazakhstan. Son violon : un fameux stradivarius, disparaîtra dans la mêlée !
Deux générations plus tard, et depuis l'Allemagne où il vit désormais, Sacha, le petit-fils du violoniste se mettra en quête pour connaître enfin la terrible vérité sur l'histoire de sa famille. L'auteur évoque dès lors, une époque sombre où l'état tout puissant avait tous les droits, la moindre requête de la part de n'importe quel soviet pouvait être considérée comme suspicieuse, sinon synonyme de haute trahison !
La narration se fait à trois voix successives : celle d'Ilia le musicien, de Galina sa femme et de Sacha son petit-fils. Créant ainsi trois histoires en parallèle, donnant une perspective singulière.
Bien qu'il s'agisse d'un thriller, ce n'est pas ce que l'on retient à priori, en effet l'infinie puissance de nuisance du régime dictatorial stalinien prime sur le reste. Autant on se passionne pour les malheurs sans nom du violoniste et de sa famille, (prisonnier du goulag glacière de Vorkouta pour le musicien, et l'exil dans les plaines désertiques du Kazakhstan pour sa famille) autant les tribulations du petit-fils lassent et ennuient par leur insignifiance, sinon leur manque de crédibilité. Notamment quand Sacha retrouve sa soeur après plusieurs longues années de séparation, dans l'instant, elle se fait assassiner sous ses yeux, (quelle coïncidence !) malgré tout, il n'a pas l'air plus chagriné que cela ! C'est la vie quoi ! Enfin plutôt la mort... quoi ! Sinon tout va bien, merci, et vous ?
Et puis l'intrigue finale semble emberlificotée de manière excessive, et je m'y suis noyé, j'avoue ne pas avoir tout saisi ! Non, à trop vouloir tirer des fils entre le passé et le présent des nœuds apparaissent, qui vite deviennent indénouables. Tout cela dessert un propos, qui, par ses bases narratives de 1948, suffit grandement à instaurer un climat de tension et de terreur omniprésentes. Pas la peine de tout ramener à un présent implicitement bâclé.
Et enfin dois-je le dire ici ? Bref dès le début, j'ai deviné qui avait dénoncé le violoniste auprès des autorités russes, ce qui retirait déjà tout un pan du suspens. Dommage !
Disons que tout le récit historique oscillant autour du funeste passé de l'URSS est captivante, au point de toujours faire froid dans le dos, mais dès que la narration bascule dans le contemporain, la qualité du récit dégringole de plusieurs crans, à mon plus grand déplaisir. Par contre l'écriture, par sa fluidité et son humanité, se consomme avec délectation. Elle donne ardemment envie de réécouter l'admirable concerto pour violon de Tchaïkovski, et de lire ou relire L'archipel du goulag de Soljenitsyne. Comme quoi tout n'est pas perdu !